La Turquie, ses élections et son or
Les élections turques pour ce week-end se préparent.
Imaginons que le parti conservateur au pouvoir, de plus en plus à droite et autoritaire, ressemble au vainqueur, mais peut-être pas avec la majorité dont le président a besoin pour étendre ses pouvoir, et passer la constitution au bulldozer.
Les réfugiés arrivent de la frontière à l’est, fuyant les fanatiques islamiques tuant ou asservissant à peu près tout le monde sur leur chemin. L’inflation a augmenté au-dessus de 8% par an, mais le président et les dirigeants de son parti ont effectivement bloqué la hausse des taux d’intérêt, accusant le gouverneur de la banque centrale de trahison pour les petites hausses déjà faites.
Le marché boursier a chuté de 10% depuis le début de l’année, et la devise a coulé vers des niveaux bas record contre l’euro et le dollar US.
Ceci a aidé le cours de l’or, une petit proportion, toutefois notable, des finances quotidiennes dans le pays, augmentant dans un écart de 5% par rapport aux records de 2011.
Tout le monde devrait donc acheter de l’or, n’est-ce pas ? Mais pas en Turquie.
Le quatrième plus grand pays acheteur d’or au monde, la Turquie, a déjà reculé au premier trimestre 2015 vers la 9ème place pour la bijouterie et la 11ème place pour les lingots d’or et les pièces d’or selon le rapport du World Gold Council concernant la demande dans le monde des trois premiers mois de l’année.
Les chiffres de cette semaine concernant les importations et exportations montrent que la Turquie devient un fournisseur net sur le marché international, comme l’a indiqué le cabinet-conseil londonien Metals Focus dans sa note hebdomadaire.
Effectivement, la production de pièce d’or (anciennement numéro un au monde et devant la Chine) a reculé en 2015 de 60% jusqu’ici par rapport à la même période l’an passé, selon les chiffres officiels de l’Hôtel de la monnaie du pays ou la Darphane Mint.
Quel est en la raison ?
Malgré des changements structurels du marché domestique de l’or, le marché turc reste très fortement sensible aux cours, ont expliqué des analystes de chez Thomson Reuters GFMS.
Les gens achètent à la baisse, en d’autres termes, et vendent lors des pics. Ils ont aussi cessé d’acheter et commencent à vendre quand les choses vont mal.
Cette attitude de négoce intelligente marque ce que Frank Holmes de US Global Investors a qualifié de « négoce de l’amour » parmi les foyers du Moyen Orient et de l’Asie. Cela en fait un contrepoids utile contre le « négoce de la peur » qui a tendance à pousser la demande d’investissement chez les ménages occidentaux.
Cela sur-simplifie peut-être le flou entre la demande mondiale pour la joaillerie et l’investissement. Mais au final, et avec la demande en or dans le monde s’adoucissant maintenant pour entrer dans l’accalmie estivale habituelle dans toute l’Asie, surtout en Inde, le fait est que les cours de l’or se maintiennent assez bien en ce moment.
A cela s’ajoute la fuite continue du métal en dehors des ETF or sur les marchés boursiers occidentaux, et les ventes plus faibles en trois ans de l’Hôtel de la monnaie australienne, la Perth Mint, et l’on peut se demander qui achètent à ces niveaux bas de plusieurs mois en dollars US, en livres sterling et en euros.
La réponse est les utilisateurs de BullionVault, qu’ils soient petits ou grands investisseurs. En tant que groupe, les réserves des clients ont maintenant grossi au taux le plus important depuis 2012-2013. Avec de nouvelles livraisons arrivant aujourd’hui pour ajouter du stock aux coffres, l’Audit quotidien de lundi prochain (sur lequel figurent les avoirs de vendredi) montrera un nouveau total record de 34 tonnes d’or.
La peur, l’amour, et la chasse aux bonnes affaires… C’est ce qu’on a perçu en parlant aux clients cette semaine. Les cours sont bas. Les autres classes d’actif ont offert des gains importants. La peur est que ces deux faits pourraient bien ne pas rester vrais pour très longtemps.