Les investisseurs se désintéressent de l’or
Conférence LBMA 2018 à Boston.
« Le monde est plus riche que jamais », a remarqué lundi matin le président de la LBMA (l'association des professionnels du marché de l'or de Londres) Paul Fisher lors de l’ouverture officielle à Boston de la conférence annuelle de l’association.
« Mais ce n’est pas comme cela que beaucoup de gens le ressentent et l’insatisfaction mène au populisme ». Ce populisme menace, en bien ou en mal, le consensus établi sur la dérégulation, les capitaux libres, les flux de main d'œuvre et la mondialisation qui nous ont tous conduit jusqu’ici.
Présentes depuis longtemps, ces vérités politiques ajoutent au contexte macroéconomique. Qui lui-même ajoute à la perspective des investisseurs pour revenir acheter de l’or en force. Ou pas.
Personne ne regarde les fondamentaux de l’or, a affirmé Shayne McGuire, un auteur sur l’or, lors d’un forum sur l’investissement à la conférence. Ce qui compte c’est les fondamentaux macro-économiques.
En tant que tel, seulement 0,15% des actifs des fonds de pension dans le monde détiennent de l’or, selon ses estimations. Donc toute croissance de cet intérêt institutionnel sera probablement « extrêmement positif » pour l’or.
Beaucoup de cabinets et de carrières sont allées et venues cependant sans endommager l’aversion envers l’or des industries des retraites et assurances. Le plus important et le plus urgent, après une chute des cours cet été vers les plus bas de 21 mois, est le sentiment plus stratégique des hedge funds envers le métal jaune.
L’or doit préserver les gains de ce mois [d’octobre] pour rassembler l’intérêt des investisseurs, a ajouté David Chang, directeur de portefeuille de matières premières chez Wellington, un groupe d’investissement. Car ayant rebondi comme il l’a fait suite à une forte baisse sur les marchés des actions ne changera rien si ces gains s’estompent.
Ceci dit, le sentiment ne pourrait pas être pire, si l’on en juge par les réserves des ETF or et surtout par les paris à découvert record d’octobre contre les cours de l’or sur les contrats à termes et les options sur le Comex.
En général, il règne une « apathie » parmi les investisseurs lorsqu’ils regardent à l’or en ce moment. Cela différe de l’or il y a dix ans pendant le marché haussier qui a pris fin en 2012, a précisé David Seif, un économiste de Point72 Asset Management. A l’époque, vous pouviez « raconter une bonne histoire » et offrir un argument fort et simple en faveur de l’achat d’or. Mais même avec tous les risques d’aujourd’hui, l’on dénote l’absence d’une « bonne histoire ».
C’est peut-être parce que ceux qui écoutent savent (et rêvent) de toutes les choses que vous pourriez dire, avec le forum de lundi qui n’avait pas préparé de bonnes histoires que vous pourriez raconter sur l’or : come la diversification, la sécurité ou la liquidité. En effet avec les investisseurs haussiers sur le dollar ou les actions US, qui aurait besoin de métal jaune ?, a commenté Edel Tully chez UBS.
Les membres du forum n’ont pas été fort excités lorsqu’on leur a demandé leurs prévisions pour 2019. Peu de gens prévoit un krach économique ou une crise financière.
Même avec une approche peu ambitieuse sur l’or, ils estiment que les cotations seront entre 0 et 10% supérieures l’an prochain, atteignant peut-être les 1 325 -1 350 dollars l’once, selon les anticipations de Tully.
Autre article sur la conférence 2018 de la LBMA :
Banque centrale : filière de demande unique pour l'or