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La peur d'un Brexit et l'or

"Un bank run si le Brexit l'emporte" ?

A un mois du référendum qui mènera les britanniques aux urnes pour voter le In ou le Out de l'Union Européenne, le journal The Mail on Sunday écrit qu'il y aurait un bank run si le Brexit l'emportait.

Une panique bancaire généralisée ou bank run "pourrait" toucher le Royaume-Uni dans un mois, quasiment jour pour jour.

Brexit, gouvernement britannique

 

"Le Brexit pourrait voir les investisseurs mettre leurs billets sous le matelas", a imprimé le Mail on Sunday.

C'est le second plus grand tabloïd publié le dimanche en termes de vente… et un des grands promoteurs du Brexit dans le pays. Il indique à ses lecteurs qu'un bank run menacerait la 5ème plus grande économie du monde, si la Grande-Bretagne votait le 23 juin prochain l'abandon de son adhésion à l'Union européenne.

C'est dur !

Mais non. Ce matelas n'est qu'une métaphore. Tout comme les billets.

"Si le Royaume-Uni vote le Out le mois prochain, je peux envisager un monde où tout le monde s'enterre et met son argent sous le matelas, pour ainsi dire", a indiqué un promoteur immobilier au Mail.

S'enterrer ? Pour ainsi dire ? Il veut dire que les gens vont en fait laisser leur argent à la banque ?

On est très loin de "sous le matelas". Assez loin pour que ces investisseurs regrettent leur apathie si le Brexit engendre vraiment des troubles, d'une façon ou d'une autre.

La monnaie physique est l'ultime actif liquide. Vous pouvez le dépenser directement avec le commerçant à qui vous parlez pour régler un paiement.

Retirer son argent de la banque et le conserver à la maison indique que vous craignez d'énormes bouleversements, un changement tellement dramatique que les banques feront faillite, que les paiements seront retardés, que les contrats seront rompus, et que votre compte bancaire de dépôt sera limité ou gelés, comme à Chypre.

Je ne pense pas qu'un Brexit entraînera des coupures de courant ou une invasion de sauterelles.

Mais les conséquences inconnues du vote de juin, d'une façon comme une autre, représentent clairement un risque de pertes, de perturbations potentiellement sérieuses.

Peut-être que l'alarmisme du gouvernement risque de devenir une prophétie auto-réalisatrice pour le camp du In, et ce quel que soit l'issue du vote.

On apprend aussi que le stress sur Brexit est aussi bien présent en Europe. Que deviendra l'Union si le Royaume-Uni renie les traités signés ?

Quel que soit le risque de pertes qu'il vous faudra éviter, maintenant ou dans le futur, le cash est une option. Mais c'est difficile à retirer, à porter sur soi pour ensuite enterrer des billets de banque... Surtout si vous allez très probablement vouloir les déterrer et les redéposer en banque quelques jours plus tard.

La propriété physique est une autre option, à partir du moment où vous pouvez vous positionner puis liquider vos positions avec très peu de friction ou de coûts.

Il vous faudra bien sûr subir un risque des prix au même moment. Quelque chose qui n'existe pas avec les espèces. Mais rien n'est sans risque. Sinon on garderait tous nos économies à la maison et nous promènerions avec des liasses de billets dans les poches.

Donc il semble judicieux de choisir un actif qui pourrait augmenter en prix, ou au moins augmenter plus lors des périodes de bouleversements que ce qu'il ne baisse en période calme.

C'est ce que nous pensons voir ici à BullionVault depuis que le débat sur le Brexit a vraiment commencé en début d'année.

Le nombre de nouveaux utilisateurs britanniques qui transfèrent des fonds pour la première fois pour acheter de l'or ou de l'argent a augmenté de 80% depuis le Nouvel an, si l'on compare avec la moyenne quotidienne de 2015. 

C'est bien supérieur à la hausse des nouveaux utilisateurs américains (45%) et européens (35%).

Les nouveaux clients anglais indiquent un sentiment d'urgence plus poussé aussi, approvisionnant leur compte plus vite que l'an passé. Les fonds alloués pour l'achat de métaux précieux sont plus importants aussi, près d'un tiers en moyenne de plus qu'en 2015.

Les craintes liées au Brexit ont engendré la hausse des achats d'or le premier trimestre 2016.

Vu sous l'angle du cours de l'or, le référendum du Brexit semble être une vraie crise pour le Royaume-Uni.

Les prix de l'or en livres sterling ont augmenté de 20% depuis que le débat a vraiment commencé au Nouvel an, atteignant en mars des pics de deux ans et demi à 903 livres l'once. Ce taux de croissance est plus important que lors de la crise de la dette et des émeutes de Londres en été 2011, marqués par le pic historique des cours de l'or à 1 195 livres.

1/5ème des gains de 2016 jusqu'ici proviennent de la baisse de la livre. Le FTSE 100 a reculé sous le niveau de clôture de l'an dernier.

Quel que soit le résultat du vote ici, un petit groupe de particuliers n'attend pas de voir que la devise, la bourse ou l'économie se plantent davantage avec le dépouillement du scrutin.

Ce qui est plus remarquable (et un modèle pour les autres investisseurs privés craignant les mêmes événements perturbateurs dans leur propre zone bancaire ou politique), ces résidents britanniques achètent de l'or ou de l'argent physiques stockés en dehors de leur pays, prêts à être vendus avec un règlement instantané.

C'est sans risque pour les contrôles des changes, et sans risques pour les défauts de règlement. Le risque des prix, on ne peut pas l'éviter comme mentionné précédemment. Mais les bank run et fuites de devises, peuvent se produire, se produisent et vont se produire. L'effondrement des marchés des actions aussi.

"Avant le vote et pour protéger les actifs le mieux possible, nous avons réduits les investissement dans la livre en faveur du dollar US et des devises des pays émergents, mais continuons d'investir dans le FTSE 100 qui a vu 75% de ses revenus provenir de l'extérieur du Royaume-Uni et nous avons acheté un position de 3% dans l'or dans nos portefeuilles équilibrés", a indiqué le gestionnaires d'actif Seven Investments dans une note.

Trois pourcent semblent bien peu. Ce n'est pas de l'or non plus, mais en fait des ETF or, plutôt que du métal non soumis au défaut. Mais la décision de Seven Investments, dont le porte-parole en chef considère que l'or n'est qu'un "nounours financier" auquel les gens s'agrippent quand ils ont peur, en dit long.

Même les pom-pom girls les plus joyeuses prennent des précautions. Le Trésor britannique prend sans aucun doute ses propres prévisions pessimistes très au sérieux aussi.

Il va préparer sûrement une série de contrôle des changes pour protéger la livre, et les banques, au prix des libertés des épargnants individuels, si le public ignore son appel à voter le 23 juin pour rester dans l'Union européenne.

 

Adrian Ash dirige le bureau de recherches de BullionVault, un des moyens les plus simples et les plus économiques au monde d'acheter et d'investir dans l'or. Après avoir été responsable éditorial pour Fleet Street Publications -- l'homologue britannique des Publications Agora -- il a été correspondant du Daily Reckoning à la City de Londres pendant quatre ans. Il intervient désormais régulièrement dans les publications de 321gold.com, FinancialSense, GoldSeek, Prudent Bear, SafeHaven et Whiskey & Gunpowder ainsi que sur plusieurs sites internet d'investissement. Les points de vue d'Adrian sur le marché de l'or sont régulièrement repris par le Financial Times et AFX Thomson.
 
 

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