L’or dans le monde en 2017 et perspectives pour 2018 (1/2)
Rapport professionnel sur le monde du métal jaune.
Après une performance mitigée sur un an l’or offrait en avril, au moment de la publication du rapport, un gain annuel de 14% en dollars US.
Le lancement du rapport annuel Gold Focus 2018 par le cabinet-conseil spécialiste des métaux précieux Metals Focus s’est tenu le mardi 3 avril à Londres. Le document présente un résumé de l’année écoulée pour l’industrie, l’offre et la demande en or dans le monde et propose des prévisions pour 2018.
Les facteurs influençant le plus la variation des cours ont été identifiés comme étant la faiblesse du dollar américain et les taux d’intérêt négatifs continus. Les tensions géopolitiques telles que la situation avec la Corée du nord et la politique américaine ont contribué à la demande pour la valeur refuge.
L’actif tangible n’offrant pas de rendement ni d’intérêt qu’est l’or fait cependant face à des obstacles. Le plus évident étant les meilleures performances des actions, une catégorie d’actifs qui versent des dividendes et qui entrent en compétition avec le métal jaune, attirant plus les investisseurs et leurs capitaux.
Du côté de l’offre :
2017 a été l’année d’un nouveau record de la production minière aurifère, avec 3 300 tonnes extraites. Cela va dans la continuité d’une série de records annuels qui a débuté en 2009.
L’on a cependant observé un ralentissement de la croissance dans la production. Le premier pays extracteur d’or au monde, la Chine, a vu sa production minière reculer de 7%. Les participants professionnels invités lors du lancement du rapport début avril se sont interrogés sur le pic de la production aurifère mondial. A-t-il été atteint en 2017 ?
Metals Focus estime que le pic de la production serait attendu pour 2018 ou 2019. Cependant, des déclins futurs sont possibles, notamment à cause de la diminution ces dernières années des projets miniers d’exploration. La production en Afrique du sud (7ème producteur mondial) a diminué, mais l’on note une croissance importante en Russie et au Canada, respectivement au 3ème et 5ème rang mondial.
Une autre filière importante de l’offre est le recyclage, qui a affiché une forte baisse de 10% dans le monde, pour un volume total de 1 100 tonnes. Les lieux de recyclage les plus touchés sont en Turquie, en Egypte et en Indonésie.
Concernant la demande mondiale :
La joaillerie et la demande industrielle
La demande en provenance de la fabrication des bijoux, l’un des secteurs grand consommateur d’or dans le monde, s’est développée de 7% pour atteindre un niveau global de 2 143 tonnes. Il s’agit de la première croissance annuelle en quatre ans. Ceci dit, le niveau de la demande de fabrication est toujours à 600 tonnes sous le pic de 2013. La plus forte hausse de la demande a été notée en Inde, un pays qui a souffert l’année précédente de lourdes pertes sur son marché de l’or, imputées à de nouvelles réglementations, notamment en matière de taxations et d’importations. La demande chinoise s’est améliorée pour la première fois en plusieurs années.
A noter que 2017 marque la première hausse annuelle en dix ans pour la demande industrielle de l’or.
Quid de la demande d’investissement ?
La demande pour le métal jaune à des fins d’investissement a reculé de 3% dans le monde, avec une baisse de presque 60% en provenance des Etats-Unis. Les achats par les banques centrales sont devenus plus timides affichant des niveaux bas de sept ans. A noter que les investisseurs institutionnels étaient des acheteurs nets d’or en 2017. Les réserves physiques adossées aux parts des ETP or (Exchange Traded Products), ou produits indiciels or, se sont accrues de 200 tonnes. On observe par exemple que les investisseurs institutionnels en Allemagne ont eu un fort impact sur la croissance des réserves des produits indiciels majeurs.
A l’opposé, l’investissement de détail dans le monde, c’est-à-dire en pièces, lingots et lingotins, a chuté.
La situation en Europe en 2017 :
L’investissement dans l’or physique a reculé en Europe de 188 tonnes, soit 7%. La faiblesse de la demande ne semble pas cohérente au cours du temps. Après une hausse au quatrième trimestre 2016, l’investissement est resté solide les premières semaines de 2017. Cet engouement est attribué aux prix plus faibles et aux incertitudes macro-économiques continues. Les inquiétudes avant les élections importantes dans des marchés européens majeurs ont aussi stimulé la demande. L’appétit des investisseurs s’est cependant effrité, à cause d’un manque de clarté concernant la direction des cours, rendant l’or peut compétitif par rapport aux gains des actions robustes. Malgré une élection non décisive en Allemagne et la crise en Catalogne, une hausse substantielle de la demande en or ne s’est pas matérialisée et ce alors que la confiance des investisseurs envers l’économie de la région s’est renforcée. Il est cependant important de confirmer que les achats bruts en 2017 restent sains par rapport aux niveaux historiques.
Les re-ventes/ rachats sur les marchés secondaires demeurent plutôt limités, surtout en comparaison avec la situation en Amérique du nord. Les régions germanophones restent les territoires les plus importants en Europe en termes de transactions en or. Et elles étaient responsables pour la majorité des pertes l’an passé. Ceci dit, d’autres pays, comme l’Italie et l’Espagne ont affiché des croissances non négligeables, bien qu’à partir de niveaux bas.
Fin de la première partie.
Dans la seconde partie nous évoquerons le cas de la France et des perspectives pour 2018.