Deux survivants : l'or. Et le dollar
La dette européenne fait plonger Wall Street
Telle une traînée de poudre qui s'enflamme, la défiance se propage tout autour de la planète finance, écrit Isabelle Mouilleseaux pour L'Edito Matières Premières et Devises.
Ce matin encore, alors que Paris vient d'ouvrir, le rouge sang s'affiche : -3% sur le CAC qui a ouvert en méga gap baissier.
Chaos sur les marchés. Les informations contradictoires s'entrecroisent, s'entrechoquent. Les investisseurs ont les nerfs à vif.
Le brouillard est total. La navigation à vue.
Explosion de la volatilité. Retour massif de l'aversion au risque.
Deux survivants : l'or. Et le dollar.
Pendant ce temps, les fonctionnaires grecs à la rue, redescendent dans la rue...
Hémoglobine en vue
Le spectre de la crise bancaire, symptomatique de la crise des subprime, resurgit en force.
Les banques grecques puis du Portugal, de l'Espagne, de l'Italie, de l'Irlande et même de la Grande-Bretagne vont se retrouver "piégées" ! Incapables de se refinancer sur le marché interbancaire. Coincées entre la hausse des taux et la défiance des consoeurs qui ne veulent plus prêter : l'effondrement des unes entraînant l'effondrement des autres... Un jeu de domino géant.
Et tout ça, alors même que les banques du Club Med font déjà face à une fuite massives des capitaux. Les gros clients quittent, pendant qu'il est encore temps, les navires qui s'ombrent... Hémorragie !
La crise de la dette publique des Etats s'aggrave
"Nous sommes entrés en phase II de la crise, phase de la déroute des Etats. La plus grande prudence s'impose", dit aujourd'hui Simone Wapler, rédactrice de l'Investisseur Or & Matières, à ses lecteurs.
L'un de nos plus fervents lecteurs (Jean L.) m'envoyait un email hier pour me dire. "Ce soir et depuis quelques jours, je distingue tous les signes d'un krach obligataire lequel fera plus couler de sang que le krach boursier qui démarre et le krach social qui n'est pas loin."
Nous en sommes là.
Très précisément.
On va se battre sur le marché de la dette
S'arracher les investisseurs imprudents. Investisseurs qui vont se faire de plus en plus rares à mesure que le degré de toxicité du marché de la dette souveraine grimpera.
Or la température monte. La défiance se propage.
Tous les Etats, surendettés, devront émettre des montagnes astronomiques de dettes pour survivre.
Face à l'offre pléthorique inexorable, le moindre défaut de la demande entraînera une hausse des taux. Hausse qui écrasera les Etats sous le poids de leurs propres dettes.
Krach obligataire.
Dos au mur, la BCE n'y échappera pas
Pour éviter l'implosion du système en cas de crise bancaire en Europe, elle devra :
- inonder les marchés d'argent gratuit ;
- et acheter les dettes souveraines des Etats toxiques.
Planche à billets et création monétaire maximale en vue.
Crise monétaire en prime
L'effondrement de l'euro (jusqu'à 1,2519 hier !) est d'une brutalité inouïe. La monnaie européenne, incapable de gérer ses démons, est lâchée, lynchée.
Le dollar sort grand vainqueur.
Eh oui... quand tout va mal on se réfugie dans le dollar. Curieux réflexe pavlovien...
Car les Etats-Unis ploient sous 8 800 milliards de dettes publiques et sont eux aussi candidats au krach. obligataire.
Notez que la situation de leur Californie me paraît tout aussi grave que celle de la Grèce.
L'or : l'outsider qui in fine pourrait bien rafler la mise
958 euros l'once... 1 210 $...
Je n'en démords pas. La tendance de fond haussière de l'or est inébranlable.
L'or, valeur refuge, assurance tous risques, s'en sort bien. Les capitaux à la recherche de protection fondent sur lui, alors même que le dollar rebondit.
La corrélation négative qui unit l'or au billet vert vole en éclats, tant le mouvement vers l'or est puissant.
L'once est en train de se remonétiser, de retrouver son statut de "monnaie alternative" inébranlable.
Il enregistre des records absolus en livre sterling, yen, franc suisse, euro et revient à son top, même en dollar.
Vous voulez un conseil ?
Préférez l'or au dollar comme valeur refuge.
L'or, c'est de la "valeur" à l'état brut, du tangible, du solide -- à condition d'acheter de l'or physique !
Le dollar, lui, n'est qu'un vulgaire bout de papier qu'on peut démultiplier à l'infini, auquel sont adossées des montagnes de dettes.
Papier dont la valeur ne tient que par la "grâce de la confiance des investisseurs..."
Le plus grave ?
Et le plus grave dans toute cette histoire, c'est que le chaos sur les marchés financiers et monétaires va replonger nos économies dans le rouge.
Ma théorie d'une crise en W s'avèrerait alors exacte. A mon grand désespoir...
Restez à l'écoute !