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Subprime : Une Crise Cachée Menace Les Obligations Et Le Dollar

Le pétrole augmente plus rapidement que l'or.

Les deux laissent le dollar loin derrière. Le pétrole a atteint son neuvième record sur les dix dernières séances boursières.


Pourquoi le pétrole
dépasse-t-il l'or à une telle vitesse ? Les deux peuvent servir de couverture contre l'inflation et la faiblesse du dollar US. En termes plus simples, il est plus facile pour les grands joueurs d'être à l'achat sur le pétrole que sur l'or. Les futures sur le brut sont en ce moment les contrats les plus actifs sur les marchés des matières premières. Si vous voulez faire une opération rapide, c'est de ce côté-là qu'il faut vous tourner, écrit Dan Denning pour La Chronique Agora et le Daily Reckoning.

Nécessité fait loi, comme dit le proverbe. Le pétrole et l'or sont une nécessité. Mais surveillez ces secteurs de près, ceci dit. Il y a foule maintenant. Un marché haussier se fait toujours en trois phases. La première, c'est la sous-estimation, quand une catégorie d'actions atteint un plancher et que personne ne le remarque. C'est le meilleur moment pour acheter. Et cette étape est déjà passée depuis un bon moment.

Pendant la deuxième phase, le prix augmente jusqu'à ce que les bénéfices à venir soient pleinement pris en compte dans le cours actuel. L'action n'est alors ni trop chère, ni pas assez. Cette phase a dû avoir lieu en 2004-2006.

Puis vient la folie, quand une valeur ne cesse d'augmenter. Les gens l'achètent simplement parce qu'elle augmente. Nous sommes proches de cette phase en ce qui concerne le pétrole et l'or. Un des facteurs décisifs pour déterminer ce qui va se passer maintenant, c'est la baisse du dollar : jusqu'où peut-il chuter ? Entre aujourd'hui et mardi prochain, il peut tomber encore plus bas qu'il ne l'est déjà.

La Fed se réunit mardi prochain pour prendre une décision concernant les taux. D'après les marchés des futures, les investisseurs s'attendent à ce que la Fed baisse les taux de 50 ou 70 points de base. Vous voyez sûrement déjà le marché du pétrole en tenir compte. Nous nous attendons à ce que le prix du pétrole redescende un peu lorsque la Fed baissera les taux. Cependant, les phases d'envolées dans les marchés haussiers peuvent aller bien au-delà de ce que l'on prévoit. Ce qui mettrait le pétrole à... eh bien... nous dirions quelque chose comme 150 $, mais vous allez rire.

Il n'y a pourtant pas de quoi rire, surtout si l'on s'appelle Ben Bernanke. Rien ne prouve qu'une autre baisse des taux ralentirait la détérioration du secteur bancaire. La valeur du principal nantissement -- l'immobilier -- ne fait que chuter. Les banques veulent récupérer leur argent. Les spéculateurs faisant jouer l'effet de levier doivent vendre pour récupérer des capitaux.

Un événement extrêmement inquiétant pourrait secouer les fondations des marchés financiers mondiaux. Oui, ce n'était déjà pas terrible jusqu'à aujourd'hui. Mais les entreprises soutenues par le gouvernement américain (les GSE), Fannie Mae et Freddie Mac, garantissent à eux deux plus de 4,2 milliers de milliards de dollars d'hypothèques.

C'est incroyable -- et par là nous voulons dire "pas croyable" -- mais les GSE n'ont pas subi le même niveau de pertes que les banques dans leurs portefeuilles de prêts. Fannie a perdu 3,6 milliards de dollars US au cours du quatrième trimestre, et Freddie 2,5 milliards. Ils ont tous deux dû lever plus de capitaux. Comparées à celles des banques, cependant, ces pertes restent minimes.

Mais voilà... la première vague de mauvaises dettes subprime provenait d'hypothèques accordées en 2004. Les défauts et cessations de paiement sur ces prêts ont suffi à coûter près de 150 milliards de dollars au secteur financier. Cela a mis le marché à genoux.

Une nouvelle terrible pour les investisseurs, c'est que les emprunts faits en 2005 et en 2006 ont déjà atteint des taux de défauts de paiement bien supérieurs. Les taux de cessation seront également plus élevés. Les derniers arrivés dans le boom seront les premiers à en sortir.

Plus de 600 milliards de dollars US de crédits à bas prix ont été accordés en 2005 et 2006. Près de 5% des prêts accordés en 2006 atteignent déjà les 90 jours de retard de paiement. Ce n'est pas surprenant quand on y réfléchit. A l'apogée du boom, n'importe qui pouvait obtenir une hypothèque. Mais cela signifie que les prêts accordés en 2005 et 2006, au plus fort du boom immobilier, pourraient être les pires dans le lot des subprimes.

La performance pathétique de ces prêts de 2005 et 2006 n'a pas encore été prise en compte dans le prix des actions. Nous pensons également que personne ne sait comment le portefeuille d'hypothèques des GSE va tenir le coup cette année. Et l'idée que la qualité des capitaux des GSE puisse poser problème cette année est simplement trop effrayante pour que les investisseurs acceptent d'y réfléchir.

Les GSE vendent des obligations pour financer l'achat d'hypothèques sur le marché secondaire. Pendant un temps, le marché des obligations GSE a été plus important celui des T-Bonds. Les banques centrales, les fonds de pension, les banques... tout le monde possède ces obligations. Si elles continuent à perdre de la valeur, le chaos atteindra une phase encore plus inquiétante.

Où allons-nous ? La Fed va peut-être arrêter de vendre de l'argent à bas prix et commencer à acheter des hypothèques. Nous pensons que la Fed va devoir racheter directement les dettes des GSE dans un avenir proche. Les problèmes de liquidités dans le secteur financier ne seront résolus que lorsque toutes les dettes hypothécaires suspectes, infectées et putrides seront enfin effacées, ou qu'elles auront enfin trouvé une résidence définitive. La Fed pourrait bien être cette résidence, et remplir sa mission d'acheteur (et de prêteur) de dernier recours.

Bien entendu, alourdir le bilan national des Etats-Unis avec l'accumulation des mauvais investissements de la bulle immobilière n'apportera rien de positif au dollar US. Le prix du pétrole semble un peu léger tout seul, mais prenez aussi en compte les dégâts potentiels que la "nationalisation" du marché des hypothèques pourrait infliger au dollar... et vous comprendrez que vous n'avez encore rien vu.

Prédédemment rédacteur du Strategic Investment conjointement avec Lord William Rees-Mogg, Dan Denning est un analyste en investissement indépendant basé à Melbourne, d'où il rédige l'édition australienne du Daily Reckoning. Il est aussi l'auteur du best-seller The Bull Hunter (Wiley & Sons) et correspondant pour les Publications Agora à Paris.

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