Perdu dans une forêt de billets gratuits
Les marchés ne distinguent plus l’arbre du reste de la forêt.
La Grande dépression a vu les taux d’intérêt britanniques chuter en 1931 vers ce qui était alors un niveau bas record de 2% par an.
Les taux sont restés ainsi pendant les 25 années suivantes.
Donc même après 81 mois de dollars US (la première devise du monde) n’offrant aucun intérêt sur les dépôts de court terme, demain nous pourrions être loin d’une hausse. Toute sorte de taux de rendement significatif pourrait alors bien être retardée à nouveau.
Les banquiers centraux sont bien sûr aussi perdus que le reste d’entre nous.
L’assouplissement quantitatif fonctionne et est efficace dans bien des aspects, a indiqué le vice-président de la Banque centrale européenne, Vítor Constâncio. Sans aucun doute, pourrais-je répondre avec un peu de conviction et beaucoup de cynisme.
La hausse des prix des actions [grâce au QE et aux taux à zéro] a un effet positif économique, a ajouté Ewald Nowotny, un autre dirigeant de la BCE.
Quoi qu’il en soit, ils sont tous les deux d’accord avec Peter Praet à la BCE concernant l’inflation qui s’est empirée, ce qui veut dire pour eux qu’elle est trop basse. Ceci augmente la valeur de la dette plutôt que de l’éroder, comme le disent les banquiers centraux qui pensent que ce serait le mieux.
Au Royaume-Uni, l’inflation est devenue plate à 0% en août, apprenons-nous mardi. Les révisions des chiffres de la zone euro indiquent aujourd’hui que l’inflation a ralenti le mois dernier pour atteindre les 0,1% par an. Les chiffres US seront publiés plus tard, mais personne ne s’attend à un énorme bond.
La monnaie bon marché ou gratuite est ici pour longtemps. Pourquoi l’or et l’argent ne bondissent pas en réponse à cet état de fait. Voir l’arbre qui se cache derrière la forêt est devenu trop difficile pour les marchés financiers.
Attiré par la forêt noire et dense où l’argent (mais pas la croissance) pousse sur les arbres, les marchés suivent un sentier où les billets sont semés par les banquiers centraux depuis 2007. Maintenant ils ne sont que plus confus par tous ces cris et échos s’ils vont ou pas augmenter les taux, d’un quart de pourcent, si ce n’est d’un huitième.
Et si les marchés réalisaient que les banques centrales les ont non seulement menés là où ils sont, mais aussi ne savent pas comment s’en sortir ?
Au même titre qu’une hausse des taux, cependant, cette réalisation pourrait bien prendre un bon moment. Le Japon a maintenu ses taux nuls et a imprimé pendant presque deux décennies une forêt amazonienne de billets de banque dans le cadre de son QE. Jusqu’ici, les investisseurs et les épargnants font toujours confiance en la Banque du Japon et en la devise nationale, le yen.