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L'or passe des poches de l'Occident à celles de l'Orient

Ca alors ! La Chine s'est fait coiffer au poteau

par l'Inde, qui est repartie avec 200 tonnes d'or du FMI. Je vous l'accorde, l'Inde a dû payer 6,8 milliards de dollars en échange du métal jaune. Mais comme la Chine accumule l'or en tant qu'actif de réserve (dans chaque ménage ET à la banque centrale), tout le monde pensait que c'était dans la poche pour la Chine. Eh bien non !

Il se passe plus de choses qu'il n'y paraît dans cette histoire. La vente d'or du FMI faisait partie d'un plan visant à se décharger de 403,3 tonnes d'or. Ils en sont à la moitié, et vont utiliser l'argent récolté pour se financer et prêter aux pays en voie de développement (et peut-être au Royaume-Uni et aux Etats-Unis s'ils se retrouvent à sec). Mais que se passe-t-il d'autre ?

Par le passé, les grosses ventes d'or – principalement faites par les banques centrales européennes – noyaient le prix de l'or et le maîtrisaient. Pourquoi ont-ils vendu ?

Les dirigeants des banques centrales ont pensé qu'ils avaient trop d'or sur leurs bilans qui ne travaillait pas assez. En d'autres termes, ces banquiers modernes vous disaient : "L'or ne rapporte pas". Ils ont donc pensé qu'il était "prudent" d'échanger leurs réserves d'or contre des actifs qui rapportent des intérêts, comme les bons du Trésor. Jusqu'à maintenant, cela s'est révélé être une très mauvaise opération…et cela devient encore pire puisque l'or atteint des plafonds de plus en plus élevés.

Néanmoins, les dirigeants des banques centrales des pays occidentaux continuent à se débarrasser de leurs réserves d'or en les vendant aux dirigeants de banques centrales des pays orientaux…

La Banque centrale indienne est désormais l'heureuse propriétaire de 557 tonnes d'or. Ce qui en fait le dixième plus gros détenteur d'or parmi les banques centrales. Mais ce n'est sûrement pas terminé. L'or ne représente que six pour cent des réserves de change de l'Inde. Cela peut encore augmenter sans problème.

Mais n'oubliez pas la Chine. La Chine est à la tête de 2 300 milliards de dollars de réserves de change. Dont 70% – soit 1 600 milliards de dollars – sont en dollars américains. Elle possède un peu plus de 1 000 tonnes d'or. Cela représente moins de 2% de ses réserves de change et fait de ce pays le septième plus gros détenteur d'or. En réalité, le fonds indiciel de l'or négociable en Bourse (NYSE : GLD) possède plus d'or que la Chine. La France, l'Italie, le FMI, l'Allemagne et les Etats-Unis composent le top cinq.

Ce que cela implique, c'est que la Chine pourrait doubler (et doubler encore) ses réserves d'or il ne représenterait encore que moins de 10% de ses réserves de change. Comparez donc ça aux 66% de l'Italie, 69% de l'Allemagne, 70% de la France et 77% des Etats-Unis, d'après les chiffres officiels. Alors, quel est le problème ?

La menace de voir les banques centrales européennes remettre de l'or sur le marché sera toujours présente. Les banques centrales européennes viennent même de renouveler un accord sur cinq ans (qui implique le FMI) qui consiste à vendre, par an, un maximum de 400 tonnes de l'or qu'elles détiennent. Elles ont accepté de le faire pour se décharger de leur or de façon méthodique.

Mais nous ne serions pas surpris de voir les Européens ne pas réussir à vouloir vendre leur or. Notre bon vieux collègue de Londres, Adrian Ash (maintenant chez Bullion Vault) est à la réunion annuelle de la London Bullion Market Association à Edimbourg. John Reade, analyste chez UBS et également présent à cette réunion, a dit que le représentant de la Banque centrale européenne, Paul Mercier, avait admis que les détenteurs d'or officiels ne seront plus des "vendeurs nets d'or".

Comme nous l'avions prédit plus tôt cette année, les banques centrales européennes préfèreraient stocker leur or plutôt que de le vendre sur un marché en hausse. Il y a peut-être un prix auquel elles accepteront de vendre, pour rembourser les dettes gouvernementales. Mais psychologiquement, le fait que les banques centrales veulent conserver l'or et non le vendre est assez important.

Cela montre également comment la balance du pouvoir économique mondial penche de plus en plus vers l'Orient. C'est vrai, les banques européennes peuvent encore déverser de l'or dans le marché pour noyer le prix. Mais entre les ETF, les banques centrales acheteuses en Inde et en Chine, et le citoyen lambda dans les rues de Pékin, de Bombay et d'ailleurs, il y a désormais plus d'acheteurs d'or que de vendeurs.

Et si nous ne nous sommes pas trompé quand nous avons dit que le Crise Financière Mondiale se transformait en Crise de la Dette Gouvernementale, alors les arguments en faveur de l'or sont d'autant plus solides. Cela explique pourquoi les futures aurifères ont pris 3% du jour au lendemain et l'or a atteint un nouveau plafond à 1 084,90 $ mercredi.

La seule inquiétude ? Il y a tant de gestionnaires de fonds de couverture et d'experts qui chantent la même chanson : long sur l'or et court sur les bons du Trésor américain. Cela fait penser à un "marché encombré". En tant que contrarien, vous avez de bonnes raisons de craindre de devenir rapidement une victime.

Néanmoins, à long terme, la fin du Super Cycle de la monnaie fiduciaire pourrait aboutir à la remonétisation de l'or. C'est ce à quoi on assiste en ce moment. Et c'est sûrement ce que l'on va voir pendant encore quelques années. Cela devrait également bénéficier aux autres métaux précieux, et évidemment, aux actions sur les métaux précieux.

Prédédemment rédacteur du Strategic Investment conjointement avec Lord William Rees-Mogg, Dan Denning est un analyste en investissement indépendant basé à Melbourne, d'où il rédige l'édition australienne du Daily Reckoning. Il est aussi l'auteur du best-seller The Bull Hunter (Wiley & Sons) et correspondant pour les Publications Agora à Paris.

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