Or : Causes de la Dégringolade, Perspectives et Opportunités (I)
trois questions : pourquoi l'or a-t-il plongé ? Où va-t-il ? Et est-ce le moment de se positionner ?
Depuis son pic, l'or consolide, écrit Isabelle Mouilleseaux pour L'Edito Matières Premières.
L' or, vous le savez, est dans un grand trend haussier commencé en 2002. Parti de 280 $, il a touché son point haut en mars dernier, à 1 032 $ l'once. Cette tendance de fond n'est pas terminée.
En revanche, il est normal de rencontrer des périodes de consolidation dans un grand trend haussier. La dernière a eu lieu entre mai 2006 et août 2007. Nous pourrions bien devoir en affronter une nouvelle.
Car depuis son record de mars dernier, l'or est entré dans une phase de consolidation. Il a plongé par trois fois vers des seuils toujours plus bas (910 $, 884 $ et 847 $ la semaine dernière), et il a rebondi entre chaque repli, sans jamais pourvoir franchir le seuil clé de 954 $ l'once.
Lors de son dernier repli, la semaine dernière, l'or a trouvé un appui sur le support des 840 $-845 $ qui a résisté et sur lequel l'once est venue rebondir fortement. L'or cote ce matin 880 $.
Pourquoi l'or a-t-il plongé la semaine dernière ? Voici le trio infernal qui est aux commandes...
Cause numéro 1 : l'humeur des marchés
Cela ne vous a pas échappé, les marchés actions ont rebondi, ce qui a drainé les capitaux du marché des matières vers les marchés actions. Les nouvelles en provenance des Etats-Unis la semaine dernière étaient moins mauvaises que prévues, l'ambiance était donc plutôt à l'optimisme : croissance de 0,6% au premier trimestre Outre-Atlantique à la place de la récession crainte, taux de chômage en recul...
Finalement, les choses ne sont pas si graves que cela, ce sont dit les investisseurs...
Du coup, voilà que le goût du risque revient aux investisseurs qui ont décidé de délaisser les "assurances tous risques" qu'offrent les matières premières, or en tête, pour miser sur les technologiques et les bancaires.
N'oubliez pas que l'or, outre ses fondamentaux, réagit aussi très fortement à l'émotionnel. Les investisseurs sont nerveux et voient la vie en noir ? L'or s'envole. Les investisseurs sont pris d'une bouffée optimisme ? L'or se repli...
Cause numéro 2 : le dollar rebondit
Alors que le dollar touchait les 1,60 pour 1 euro il y a quelques jours, beaucoup d'investisseurs estiment aujourd'hui que le processus de baisse des taux aux Etats-Unis touche à sa fin avec la dernière baisse du taux d'intérêt d'un quart de point (à 2%) accordé par la Fed mercredi dernier. C'est un fait, le potentiel de baisse des taux au stade actuel est très limité.
En revanche, le potentiel de baisse des taux en Europe reste entier. Et les investisseurs parient sur une mise en route par le BCE du processus de baisse des taux à partir de l'été ou l'automne prochain.
Voilà qui réduira le différentiel de taux entre les deux devises et favorisera le rebond du dollar. C'est pourquoi le dollar a rebondi de 1,60 à 1,5365 la semaine dernière.
Or comme vous le savez, le cours de l'or est inversement corrélé à celui du dollar, toute baisse du dollar étant mise à profit par les investisseurs hors zone dollar pour acheter de l'or à bon compte et surtout pour se protéger contre la baisse du dollar.
Cause numéro 3 : les fluctuations du cours du brut
Le cours du brut s'est fortement replié la semaine dernière, jusque vers les 111 $ le baril à New York ! Or l'or est fortement corrélé au cours du brut, toute hausse du prix de baril renforçant les pressions inflationnistes. Et comme vous le savez, l'inflation fait les choux gras de l'or. Par conséquent, quand le brut plonge, l'or suit. C'est exactement ce qui s'est produit la semaine passée.
Cela dit, le marché s'est depuis hier fortement retourné, le brut américain touchant ce matin les 120,93 $ et le Brent les 118,84 $. En cause : les attaques des militants du Mouvement pour l'émancipation du delta du Niger (MEND) contre les infrastructures pétrolières de Shell au Nigeria.
Pour mémoire, le Nigeria est le premier producteur africain d'or noir (huitième producteur mondial) et Shell produit 900 000 barils/jour sur une production nationale totale de deux millions de barils/jour. Or ces attaques entraînent de fortes chutes de production.
Inutile de vous dire que cette soudaine flambée a fait grimper l'or en flèche hier et aujourd'hui.
Dans mon prochain Edito, nous essayerons d'y voir plus clair sur les perspectives de l'or et de savoir s'il faut se positionner sur repli.