« Maltraité », le prix de l’or chute sous les 1700 dollars, « coup sévère » pour les positions spéculatives des US
La politique monétaire agressive devrait profiter aux cours de l’or et de l’argent
Le cours de l’or a dégringolé en dessous des 1700 dollars l’once lors de l’ouverture des marchés américains lundi, continuant à glisser après que les marchés asiatiques avaient ouvert plusieurs heures auparavant.
Le cours de l’argent-métal a baissé à 33,63 dollars de l’once, soit une chute de 2,0% par rapport au cours à la fermeture de la semaine dernière, et ceci pendant que les actions et les commodités ont diminué et les prix des obligations du Trésor US sont en hausse.
Lundi à l’heure du déjeuner, à Londres, le cours de l’or était 1,2% en-dessous du niveau de clôture de vendredi.
Le raffineur suisse de métaux précieux MKS affirme dans un commentaire récent que « le comportement de l’or a été plutôt volatile au cours de la semaine dernière », et d’ajouter que l’or la semaine passée était « maltraité par les nouvelles économiques ».
MKS ajoute que les cours de l’or « continuent de sembler vulnérables sur les graphiques ».
Un commentaire de ANZ Ban publiée lundi souligne que « l’or semble avoir récupérer de la baisse technique de la semaine dernière, mais reste vulnérable aux corrections au sein d’une tendance généralement positive sur le long terme ».
Les derniers chiffres de la US Commodity Futures Trading Commission montrent que sur les marchés des Futures et des options sur l’or, la longue différence nette entre les contrats haussiers et baissiers détenus pas les soi-disant traders en or spéculatifs a baissé de 22% durant la semaine du 28/02 au 06/03.
Marc Ground, stratège de commodités à la Standard Bank, a dit : « comme prévu, la longueur spéculative nette a subit un coup sévère ».
« C’était principalement la liquidation qui s’est produite après que les espoirs de croissance de liquidité du marché aient été minés par la président de la Fed, Bernanke, qui a manqué de mentionner, la semaine d’avant, des assouplissements quantitatifs additionnels lors de son discours devant les législateurs américains.
Le comité du marché ouvert de la Réserve fédérale (Federal Reserve Open Market Committee) doit annoncer sa récente décision concernant la politique monétaire, avec une partie du marché se demandant s’il y aura un troisième tour d’assouplissements quantitatifs (AQ).
« S’il n’y a pas de AQ3 [de troisième tour], alors les ventes seront encore décevantes » pense Ronald Leung, directeur à la Lee Cheong Gold Dealers basée à Hong Kong.
Selon des chiffres publiés samedi et concernant la Chine, le second plus gros consommateur d’or au monde en 2011, les exportations de février ont diminué de 23,6% par rapport à janvier, avec une croissance d’une année sur l’autre ralentissant de 18,4%. La chute des exportations a contribué au déficit commercial de 31,5 milliards de dollars, « son plus grand déficit commercial [mensuel] depuis 1989 » selon le Sydney Morning Herald.
L’économiste de BNP Paribas Ken Peng pense « qu’il est vraiment nécessaire que les décideurs à Pékin fournissent un soutien suffisant pour financer les investissements pour la période à venir ».
Ces trois derniers mois, la Banque populaire de Chine a réduit deux fois le taux de réserves obligatoires pour les banques, ce taux impose la quantité de monnaies que les banques doivent détenir en réserves comme proportions d’avoirs totaux.
Lundi, le dirigeant de la Banque populaire de Chine, Zhou Xiaochuan, déclarait : « il y a théoriquement une bonne marge de manœuvre pour les réductions du taux de réserves obligatoires ».
« Mais il y a des restrictions, et nous faisons particulièrement attention à l’impact possible sur le flux de capitaux, surtout en temps de globalisation économique. »
Zhou affirmait la semaine dernière qu’on devrait permettre au yuan chinois de fluctuer avec plus d’ampleur contre les autres devises, un geste vu par certains analystes comme une façon d’encourager les firmes chinoises à s’habituer à gérer les risques de taux de change.
Cependant, lundi, après la publication des données sur les exportations, la Banque populaire de Chine a fixé une valeur médiane du yuan contre le dollar plus basse, à 0,33%. Cette manœuvre représente la seconde plus grosse chute pour le yuan en un jour depuis que la Chine a mis en place son marché des changes en 1994, avec la plus grosse chute du yuan étant de 0,36% en août 2010, selon l’agence de presse Reuters.
L’an dernier, les législateurs des Etats-Unis ont proposé un projet de loi qui permettra d’imposer des droits de douanes sur les importations chinoises vers les USA, si la Chine continuait ce que des politiciens américains ont appelé « la manipulation de taux de change ».
Au même moment, toujours en Asie, mais au Japon, le premier ministre Yoshihiko Noda a dit qu’aujourd’hui le yen japonais restait « en quelque sorte surévalué » malgré une chute d’environ 8% contre le dollar depuis le début février.
Les autorités japonaises sont intervenues à plusieurs reprises l’an passé sur les marchés des devises pour tenter d’interrompre l’appréciation du yen.
Aujourd’hui, le ministre japonais des finances Jun Azumi a ajouté que les autorités « agiraient de manière ferme contre les mouvements excessifs et spéculatifs » des traders de devises.
Ici en Europe, l’International Swaps and Derivatives Association confirmait vendredi soir que l’utilisation des clauses d’action collective par le gouvernement grecque pour forcer des investisseurs à accepter l’échange des obligations constituer un événement de crédit. Une enchère est prévue le 19 mars pour déterminer la valeur de recouvrement de la dette grecque impayée, et donc déterminer combien les contrats d'échange sur le risque de défaillance (credit default swaps) devraient engendrer.
Entre-temps, lors de leur rencontre d’aujourd’hui, les ministres des finances de la zone euro devraient signer et confirmer le deuxième plan de sauvetage de la Grèce (130 milliards d’euros), ce qui devrait permettre au pays de pouvoir payer les obligations atteignant leur maturité la semaine prochaine. Les ministres des finances devront aussi évoquer le cas de l’Espagne, qui disait la semaine dernière qu’elle ignorerait ses objectifs de déficit pour 2012 fixés par l’union européenne.
Aux Etats-Unis, lundi le prix moyen national pour un gallon (3,78 l) d’essence a dépassé les 3,80 dollars, ayant été à 3,77 dollars la semaine passée et 2,51 dollars le mois d’avant, selon l'organisation automobile AAA.
Vendredi, l’OPEC (Organization of the Petroleum Exporting Countries) affirmait qu’ils continuaient de dépasser ses objectifs de production malgré la baisse de la production de l’Iran, pays touché par les sanctions.
La valeur de toutes les matières premières gérées a rebondi en janvier à hauteur de 366,8 milliards de dollars, équivalent à plus de 2% du PIB américain, selon le rapport de la banque d’investissement française, Société Générale.