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Malgré ce qu’en dit Warren Buffett, l’or fait mieux que Berkshire Hathaway

" L’or est “un actif totalement improductif ”

selon Warren Buffett, P-DG de Berkshire Hathaway

"" Les gens civilisés n’achètent pas d’or”, renchérit son acolyte, Charlie Munger. Selon Munger, les gens civilisés “investissent dans des entreprises productives” ", écrit Eric J. Fry pour La Chronique Agora.

Voyons où nous mène ce raisonnement :

Si…

a) Berkshire Hathaway investit dans des entreprises productives et
b) investir dans des entreprises productives est civilisé et
c) Warren Buffett et Charlie Munger dirigent les investissements de Berkshire

Alors…

d) Buffett et Munger sont des gens civilisés.

Mince alors ! Quelle chance !

Mais pour être certains que le monde apprécie à sa juste valeur leur degré de civilisation, les deux hommes ne cessent de déprécier — à tout-va et publiquement — à la fois l’or et les masses non civilisées qui le considèrent comme une réserve de valeur.

“On extrait l’or de la terre”, observe Warren Buffett dans une phrase désormais célèbre, “puis on le fait fondre, on creuse un autre trou, on l’enterre à nouveau et on paie des gens pour le surveiller. Cela n’a aucun sens. Si un Martien nous observait, il serait consterné”.

Oui, c’est vrai, un Martien… ou un directeur de Berkshire Hathaway serait consterné. Mais la plupart des autres sept milliards d’êtres qui vivent sur Terre ou sur Mars comprennent que l’or a une certaine utilité. Au minimum, ils comprennent que l’or possède plus d’utilité que le dénigrement systématique de l’or qui sort de la bouche de Buffett et de Munger. L’or est peut-être inerte mais au moins il n’est pas toxique.

“Lorsqu’il s’agit de dénigrer l’or”, écrit Eric McWhinnie pour la lettre Wall St. Cheat Sheet, “rares sont ceux qui le font aussi publiquement et avec une telle force que les dirigeants de Berkshire Hathaway”…

▪ L’or en termes de terrains de basket
Buffett a consacré une bonne partie de sa dernière lettre aux actionnaires à critiquer l’or. Il a utilisé une image très parlante en comparant le stock d’or mondial à un cube inutile qui tiendrait entre les bases d’un terrain de base-ball. Il écrit :

“Aujourd’hui, le stock d’or mondial est de près de 170 000 tonnes. Si on le fondait, tout cet or formerait un cube d’environ vingt mètres de côté (tenant facilement entre les bases d’un terrain de base-ball)”. (Pour nos lecteurs européens, nous dirions plutôt qu’il occuperait ainsi tout un terrain de basket-ball.) “A 1 750 $ l’once — le prix de l’or au moment où j’écris ces lignes — sa valeur serait d’environ 9 600 milliards de dollars. Appelons ce cube le paquet A”.

“Créons maintenant un paquet B de la même valeur. A ce prix, on pourrait acheter toutes les terres cultivables des Etats-Unis (environ 160 millions d’hectares produisant environ 200 millions de dollars par an), plus 16 Exxon Mobil (l’entreprise la plus rentable au monde, rapportant plus de 40 milliards de dollars par an). Après ces achats, il nous resterait 1 000 milliards pour des dépenses courantes (ce serait stupide de se sentir à court d’argent après une telle frénésie d’achats). Pouvez-vous imaginer qu’un investisseur disposant de 9 600 milliards de dollars préférerait le paquet A au paquet B ?”

Hmmm… Peut-être… Cela dépend des circonstances dans lesquelles on se trouve.

Même Charlie Munger reconnaît que “l’or est une bonne chose à coudre dans vos vêtements si vous êtes une famille juive à Vienne en 1939″. Même si cette remarque de mauvais goût était une tentative de déprécier l’or, Munger a sans le vouloir fait un compliment au métal jaune. Il a reconnu que l’or est l’investissement vers lequel se diriger en temps de crise. C’est la chose à posséder dans des temps non civilisés.

▪ O tempora, o mores…
Clairement, l’or n’était pas la meilleure chose à posséder lorsque les jeunes Buffett et Munger lançaient leur carrière — une période qui s’est avérée coïncider avec le boom économique des Etats-Unis d’après-guerre, un boom qui n’a lieu qu’une fois dans la vie d’une civilisation. A la fin de la Seconde Guerre mondiale, les Etats-Unis possédaient de solides infrastructures de production ; ses concurrents possédaient des roubles. C’était la bonne époque pour investir dans les “entreprises productives” d’Amérique.

Mais tous les investisseurs n’ont pas la chance de se retrouver au milieu de l’une des plus puissantes expansions économiques mondiales de l’histoire humaine. Certains investisseurs pourraient même se trouver dans une sorte de “Vienne en 1939″. Dans de telles circonstances, l’investissement idéal pourrait bien ne pas être une action Coca-Cola… voire une action Apple. Cela pourrait bien être plutôt une once d’or.

Mais l’or n’est pas une bonne chose à posséder uniquement dans des circonstances extrêmes. Il peut également être une bonne chose à posséder dans des circonstances simplement marginales, comme, par exemple, si vous vivez la fin — plutôt que le début — de l’une des plus puissantes expansions économiques mondiales de l’histoire de l’humanité. En d’autres termes, l‘or peut être une bonne chose à posséder dans l’Occident de 2012 — que vous soyez juif, chrétien, athée ou dans une totale confusion spirituelle.

Comme nous l’écrivions il y a quelques jours, “lorsque les civilisations perdent leur civilité, investir dans des entreprises productives peut être une activité très improductive. Lorsque les civilisations perdent leur civilité, le prix des actions chute et l’or grimpe… c’est exactement ce qui s’est passé dans nos chers Etats-Unis d’Amérique au cours des dernières années”.

Par conséquent, comme nous n’avons cessé de l’observer, l’or a rapporté beaucoup plus au cours des quinze dernières années que Berkshire Hathaway, peut-être le plus civilisé des titres américains. Quelle que soit la mesure quantitative, l’or a donné un bon coup de pied dans l’arrière-train de Berkshire, pour le renvoyer à Omaha, dans le Nebraska.

 

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Rédacteur en chef d'Apogee Research, une publication en ligne réservée aux investisseurs professionnels et aux fonds de couvertures, Eric J. Fry est un spécialiste de l'analyse des actions internationales depuis le début des années 1980. Il a été pendant plus de 10 ans professionnel de la gestion de portefeuille. Il est l'auteur du premier guide sur les certificats de dépôt américains.

Eric apparaît régulièrement à la télévision américaine dans des émissions financières. Il contribue également à des travaux de recherche pour quelques publications spécialisées dans l'investissement. A La Chronique Agora, il donne quotidiennement son résumé des nouvelles de Wall Street.

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