L’industrie de l’or en Inde est divisée concernant la nouvelle réglementation
Est-elle nécessaire ou nuisible ?
Elle est nécessaire et non préjudiciable, a indiqué la IBJA. Mais elle pourrait diminuer les ventes d’or de 20-30% et contribuer au développement de la contrebande, a répondu la GJF.
L’industrie de l’or en Inde est partagée concernant une nouvelle réglementation qui cherche à restreindre l’argent sale et l’évasion fiscale dans le second pays le plus peuplé au monde. Certains bijoutiers pensent que celle-ci risquera d’endommager la demande et d’accroître la contrebande sur le premier marché de consommation d’or au monde.
Effective à compter du 1er janvier, la nouvelle réglementation force les consommateur à donner un numéro de compte permanent (ou PAN) pour des raisons fiscales lors de transactions de 200 000 roupies ou plus, ce qui correspond à un peu moins de 3 000 dollars US ou 2 700 euros. Ceci est valable aussi pour les achats de bijoux et de lingots.
Le niveau précédent était établi à 500 000 roupies, soit environ 7 400 dollars US ou 6 800 euros.
Ce seuil diminué s’applique aussi au nouveau programme de monétisation de l’or, qui vise à débloquer les 20 000 tonnes d’or privé en Inde en collectant les bijoux contre des taux d’intérêt, en les affinant pour des ventes dans le but de satisfaire la demande.
Ce programme fut lancé en novembre dernier juste avant le pic de la saison festive de Diwali. L’objectif est de réduire le besoin d’importations d’or vers l’Inde, qui s’orientent vers une hausse annuelle de 11% à plus de 1 000 tonnes d’or, selon une estimation.
Le plus grand pays consommateur d’or en monde en 2014, l’Inde n’a aucune production minière domestique aujourd’hui.
La Chine, numéro deux mondial, est le premier pays producteur au monde d’or depuis 2007.
Le seuil abaissé du PAN est une étape négative pour l’industrie, a indiqué un groupe de négociants, la fédération All India Gems & Jewellery Federation (GJF), car il neutralisera les bénéfices qu’apporterait le programme de monétisation, qui lui est positif.
De plus, seulement 30% des adultes indiens ont une carte PAN, a affirmé un communiqué de presse de la fédération GJF paru en décembre. Son président revoit le chiffre à 12% aujourd’hui, et prévoit une baisse de 20-30% des affaires pour 2016.
La plupart des acheteurs ruraux ne sont pas dans le filet fiscal et ne possèdent pas de carte PAN, a-t-il indiqué le mois passé au journal The Economic Times. La nouvelle règle risque de discriminer le marché le plus important de l’industrie de l’or. Il ajoute qu’il s’attend à ce que la contrebande d’or en Inde augmente, passant de 100 à 300 tonnes d’or par an en conséquence de ce changement.
Les salaires dans les trois quarts des zones rurales indiennes n’excèdent pas les 5 000 roupies par mois (75 dollars ou 67 euros), selon le dernier recensement socio-économique du pays.
Le président de la GJF indique que les détaillants d’or traditionnels ne sont pas une source d’attrait de l’argent sale car il ajoute de la valeur à hauteur de 15-20% en développant des produits alors que les lingots et barres sont les produits préférés pour l’investissement par les détenteurs d’argent sale.
De son côté, l’association Indian Bullion & Jewellers Association (IBJA) a indiqué lundi qu’elle soutenait le nouveau seuil du PAN, car une économie croissante sans argent sale est bonne pour les générations futures, a indiqué son président, Mohit Kamboj, ancien candidat affilié au parti actuellement au pouvoir, le BJP.
Le PAN est applicable même dans le service de santé et les consommateurs doivent l’accepter, a indiqué Kamboj au Business Standard, ajoutant que la demande en or en Inde n’avait pas souffert depuis la hausse en 2013 des tarifs d’importation vers 10% dans le but de réduire le déficit important du compte courant du pays.
Toujours est-il que la fédération et l’association demandent toujours au gouvernement de réduire la taxe d’importation actuelle de 10% pour les métaux précieux affinés. Cette demande fait partie d’une série d’autres requêtes pour le budget 2016.
La fédération a demandé la semaine passée à ce que le programme de monétisation de l’or soit administré par les bijouteries existantes, plutôt que par les usines d’affinage et de poinçonnage, toujours en train de finir les formalités administratives. Ce lundi, l’association a fait la même demande.
Le démarrage du programme a été accueilli tièdement par les ménages et les temples, avec seulement un 1/2 kg de bijoux collectés pendant le premier mois dans tout ce pays comprenant 880 millions d’adultes.
Si le gouvernement attire des bijoutiers certifiés pour les centres de collections et de test de pureté dans le cadre du programme de monétisation, cela pourrait aider à collecter plus de 100 tonnes d’or lors de la première années du programme, a indiqué la GJF s’adressant à Times of India.
De son côté, l’association affirme qu’elle souhaite mettre en place 1 000 centres pour la promotion, la collection et le test de l’or des ménages et des temples, en utilisant son propre réseau de bijoutiers.
« Ces centres dirigés par les bijoutiers testeront immédiatement la pureté de l’or que les consommateurs veulent déposer, et accepterons l’or [de suite] », a indiqué le président de l’association, qui attend l’approbation par le gouvernement de ses propositions.
L’association a aussi indiqué en fin décembre qu’elle lancerait une bourse de négoce des métaux précieux physiques pour aider à formaliser les flux non régulés de l’industrie de l’or et établir un nouveau Conseil mondial de l’argent dont le but est l’organisation du développement du marché offrant une direction à l’industrie tout en stimulant la demande pour les métaux précieux.
L’Inde dominait déjà le flux de négoce de l’argent en 2014, selon le cabinet conseil Thomson Reuters GFMS, avec les importations en croissance de 18% pour un record de 6 843 tonnes. C’est plus de 20% de la demande totale mondiale. Le pays devrait offrir une hausse supplémentaire de 13% en 2015, pour atteindre 7 760 tonnes d’argent, selon l’association, si ce n’est 9 000 tonnes d’argent, comme l’indique le Conseil mondial de l’argent ou World Silver Council sur son site internet.
25-30% de la demande actuelle de l’or de l’Inde provient des clients directement associés aux secteurs fermiers, a indiqué un rapport de la société d’analyse spécialisée Metals Focus. C’est un chiffre qui pourrait baisser grâce à l’urbanisation galopante et l’augmentation des infrastructures en zone rurale.
La fédération estime que la demande rurale est de 70% du total national, prévenant qu’il y aura de grands mécontentements, comme des marches et des grèves, à moins que le seuil du PAN ne soit relevé.
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