Les fondamentaux de l’or restent intacts
Quels sont les "fondamentaux" qui soutiennent l’or ?
" Tout d’abord, l’or est un actif qui n’est le passif de personne. En outre, ce qui s’est passé à Chypre est la preuve qu’à la limite, les autorités monétaires et politiques vous confisqueront vos économies. Les banques centrales du monde entier continuent d’imprimer de la monnaie et de monétiser la dette publique. Ce sont là des faits ", écrit Dan Denning pour La Chronique Agora.
Tout cela nous indique que ceux qui contrôlent et tirent bénéfice de l’impression et de l’utilisation du papier-monnaie sont prêts à tout pour garder leur position sociale et leurs privilèges. C’est leur système et il fonctionne. Ils n’apprécient pas que le prix de l’or agisse comme un signe de la confiance du peuple (ou de son manque de confiance) dans le papier monnaie ou les finances publiques.
Mais, dans la mesure du possible, ne liez pas ce signe de confiance à toute l’émotion des grandes fluctuations de prix. Demandez-vous si le papier-monnaie gagnera ou perdra de la valeur au cours des 10 prochaines années. Puis demandez-vous si vous préféreriez plutôt avoir de l’argent en banque ou des métaux précieux en main. Les réponses à ces questions vous apprendront tout ce que vous avez besoin de savoir.
En outre, selon mon expérience, c’est la première fois depuis presque 10 ans que nous voyons un rejet de l’or en tant qu’actif. Il était détesté au début de cette décennie pour exactement les mêmes raisons : il n’avait pas de réelle utilisation économique… il ne produisait aucun rendement mais coûtait cher à stocker… il servait à rien d’autre qu’à faire joli dans une pièce sombre et froide.
Ceux qui ne comprenaient pas l’or à cette époque ne le comprennent pas plus aujourd’hui. La seule différence est qu’aujourd’hui les terribles fluctuations des prix ont fait surgir de nulle part les baissiers sur l’or. Ils se vengent verbalement. La foule réclame des prix plus faibles.
? Est-ce de l’obstination ?
Naturellement, cela pourrait être lié au fait que nous sommes si obstiné dans notre position, si accroché à nos propres croyances et si content de nous après douze années de hausse des prix du lingot, que nous sommes soit incapable soit réticent à considérer l’évidence sous notre nez. Est-il possible que nous refusions de voir le marché baissier de l’or parce que nous sommes émotionnellement attaché à notre propre position ?
Oui, bien sûr, c’est possible. Tout investisseur croit qu’il est un génie pendant un marché haussier. Une partie de la crédibilité de Warren Buffett est qu’il a commencé sa carrière d’investisseur pendant une période où une grande expansion de la masse monétaire a conduit à une hausse historique des bénéfices des entreprises. Buffett a eu la sagesse de naître au bon moment et de surfer sur la tendance.
Il est important de connaître ses limites en tant qu’être humain et de ne pas confondre chance et génie personnel. Mais si vous aviez acheté de l’or au cours des 10 dernières années parce qu’il s’agit d’un actif réel et qu’il est utilisé depuis 5 000 ans comme moyen d’échange et réserve de valeur, peu de choses ont changé depuis la semaine dernière, excepté le prix d’une once d’or. En tant qu’actif monétaire, l’or sera encore là bien après que le yen, l’euro et le dollar seront utilisés comme papier toilette.
Même les artistes — pas particulièrement réputés pour leur intérêt pour les questions financières — semblent savoir cela. Il a fallu un certain temps pour qu’une oeuvre d’art exposée au Museum of Old and New Art de Hobart soit reconnue. C’est ainsi que cela devrait être pour une belle oeuvre d’art, qu’il s’agisse d’un livre, d’un film ou autre. Son sens — si elle en a un — ne devrait pas être flagrant et sauter aux yeux. S’il est trop évident, il s’agit soit d’une marque de soupe soit d’un panneau de signalisation routière.
L’oeuvre en question ressemblait à une longue ligne de motifs de feuilles sur du papier coloré, du moins vu de loin. En se rapprochant — et il fallait vraiment mettre le nez dessus pour observer le papier sur lequel chaque feuille était collée — on pouvait voir que le papier coloré était en fait un collage de billets de banque de monnaies anciennes. La plupart provenaient de pays d’Amérique du Sud ou du sud-est asiatique.
? Qu’est-ce qui a un sens ?
On pourrait organiser un bon débat philosophique pour savoir si quelque chose dans la vie ou dans le monde possède un sens réel, objectif. La réponse à cette question dépasse le cadre de nos chroniques. Mon avis, s’il vous intéresse, est que les êtres humains sont des machines à faire du sens.
Dans la mesure où nous utilisons les même sens pour percevoir le monde (l’ouïe, le toucher, la vue et le goût) et que nous partageons le même coeur humain faillible avec toutes ses émotions, nous avons tendance à trouver les mêmes significations aux oeuvres d’art. Pourquoi tirons-nous la même signification de films ou de livres ou de tableaux célèbres ? Peut-être parce que tout d’abord c’est ce que nous y cherchions ou peut-être que l’artiste a su faire passer son message.
Mais pour les besoins de cette chronique il n’est pas important de savoir pourquoi nous croyons dans une signification donnée. Par exemple, dans le cas des feuilles peintes sur le papier, nous pouvons imaginer un message politique et écologique. Pensez à tous ces arbres abattus pour fabriquer du papier monnaie, qui ne vaut plus rien aujourd’hui. Quelque chose de concret transformé en quelque chose d’abstrait, avec la perte de quelque chose qui a une certaine valeur, et sans rien qui en vaille la peine en retour. Voici une des significations qu’on pourrait en tirer.
Une autre signification pourrait être que l’argent ne pousse pas sur les arbres. L’argent c’est les arbres. On transforme un actif réel, concret, en une idée. L’idée est que le billet que vous avez dans les mains a de la valeur parce que tout le monde s’accorde pour dire qu’il en a. Tout le monde s’accorde également à reconnaître que le billet est réellement un bel arbre réduit à un portrait de la taille d’un portefeuille. Mais vous pouvez encore échanger vos arbres contre d’autres actifs réels comme du vin, de la nourriture ou de l’or.
Les arbres poussent et meurent. Ils peuvent être coupés, brûlés ou débités en rondins jusqu’à extinction. Le papier monnaie est éphémère. Tout au long de l’histoire, il est toujours apparu et a disparu, parce que ceux qui l’impriment ne peuvent résister à la tentation d’en imprimer encore plus. Il en va toujours ainsi.
L’or n’est pas comme un arbre. Il est difficile à détruire. Il ne pousse pas sur les arbres. Et on ne peut en extraire plus à partir d’une presse. C’est pour cela que les gens l’ont toujours utilisé comme une réserve de richesse et un moyen d’échange. Ses propriétés physiques lui donnent une fiabilité qu’on ne peut jamais obtenir d’une monnaie papier émise par un gouvernement et qui n’est pas adossée à un métal.
Est-ce là une vision orthodoxe ou démodée ? Elle semble l’être certainement, si l’on se fie à ce qui s’est passé ces derniers jours sur le marché de l’or. Est-ce important pour l’or ? Pas le moins du monde. Les papiers monnaie d’aujourd’hui seront-ils exposés dans les musées de demain ? Seulement s’ils ne sont pas tous brûlés pour produire quelque chose d’utile d’abord, comme de la chaleur. Pour l’instant, toute la chaleur est du côté des détenteurs d’or.