Le nouvel héros de la Banque d’Angleterre
Carney, les banques centrales et la crise
« Avec un bilan économique plus que mitigé, le chancelier de l'Échiquier chargé des finances et du trésor du Royaume-Uni, George Osborne, se dit qu’il a bien besoin d’un héros, si l’on en juge par ses commentaires lors de l’annonce hier du nouveau gouverneur de la Banque d’Angleterre, Mark Carney, actuellement à la Banque du Canada. Celui-ci prendra ses fonctions après le départ de Sir Mervyn King l’an prochain », écrit Ben Traynor pour BullionVault.
Carney est «le banquier central remarquable de sa génération avec une expertise incomparable des réglementations financières », a affirmé Osborne.
« Il a ce qu’il faut pour aider les familles et les entreprises à passer à travers cette période économique incroyablement difficile… ma responsabilité était d’obtenir le meilleur pour la Grande-Bretagne, et avec Mark Carney c’est ce que nous avons. »
Mais pourquoi Carney est-il « le meilleur » ?
Une partie de la réponse repose sur le fait que le Canada a traversé la crise financière de 2007-2008 relativement indemne, ce qui a joué en faveur de la réputation de Carney. Sous sa responsabilité, la Banque du Canada a baissé les taux d’intérêt à des niveaux bas record et a fourni des liquidités d’urgence au système bancaire pour éviter un déclin.
Ce qui en fait à peine un non-conformiste en soi. La Banque d’Angleterre et la Réserve fédérale ont pris de telles mesures. En plus, Carney est réputé pour être intransigeant sur les réglementations. C’est un défenseur des ratios de levier financiers plus durs pour les banques. Il s’est opposé au directeur générale de JPMorgan, Jamie Dimon, l’an passé, affirmant son désaccord avec la suggestion de Dimon quant au caractère inévitable des crises financières. Il a aussi pris la tête du conseil de la Stabilité financière, dont l’objectif est de coordonner la réglementation financière au niveau international.
C’est pourquoi Carney est vu comme étant « le meilleur ». La Banque d’Angleterre devrait reprendre son rôle traditionnel de contrôle bancaire, puisque les autorités britanniques cherchent à tirer un trait sur le système tripartite de réglementation discrédité et qui a vu la Banque d’Angleterre, l’Autorité des services financiers et le Trésor collectivement incapables d’éviter la crise. Le chef doit donc être un homme de la stabilité financière, rigoureux et indomptable. Le sous-gouverneur de la Banque d’Angleterre Paul Tucker aurait pu avoir le poste, mais il a été sali par le scandale du Libor.
Le choix de Carney est donc un choix logique : il est le bon candidat au bon moment compte-tenu des nouvelles priorités de la Banque. Mais il y a quelque chose de déconcertant dans les propos de George Osborne. Le discours du chancelier est un exemple probant du culte des banques centrales, l’idée qu’une économie peut être cajolée pour produire un résultat désiré (croissance, emplois, etc.) du moment que les bonnes personnes contrôlent les leviers. Les banquiers centraux sont des super héros.
La politique monétaire est bien sûr importante, mais c’est un outil peu précis. Osborne parle comme si son nouvel homme peut améliorer la situation de tout le monde. Mais il est difficile de voir comment.
Certaines familles croulent sous les dettes, des entreprises désespèrent de ne pas obtenir de crédits pour rester à flot. Les autres ont du liquide à la banque et se soucient du maintien de sa valeur. Les mesures qui aident un groupe en désavantage un autre.
Une croissance viable peut rendre tout le monde plus riche, du moins en théorie. Mais les banquiers centraux ne produisent rien eux-mêmes. Le mieux qu’ils puissent faire est d’essayer de créer un environnement où la croissance pourrait prendre le dessus.
Lorsque vous avez une économie avec des niveaux élevés d’insolvabilité, créer un tel environnement nécessite de rendre certaines personnes plus mal loties. La question est de savoir qui. Poussez-vous des entreprises à la liquidation ou ruinez-vous des familles ?
Ou, craignant une spirale de déflation et dettes, trouvez-vous un moyen pour allonger le crédit quand c’est nécessaire, dans l’espoir qu’une croissance soutenue démarrera plus tard et permettra d’être payé ? Et si cela ne se produit pas, laissez-vous les entreprises et les particuliers couler ou réduisez-vous la valeur réelle de la dette, en faisant du tort aux créanciers ?
La stabilité financière, la force de Carney, est bien sûr importante, et est une fin désirable en soi, mais cela prendra du temps pour y parvenir. A court et moyen terme, les mesures nécessaires pour y parvenir pourraient s’avérer profondément impopulaires. Freiner les emprunts excessifs des banques s’accorde mal avec l’augmentation d’argent dans l’économie.
Les banques n’apprécieront pas si Carney leur met un harnais et leur dit que c’est pour leur propre bien. Les entreprises n’apprécieront pas non plus si on leur refuse des prêts, ce qui veut dire que les politiques n’apprécieront pas non plus. Beaucoup de gens normaux seront très méfiants du statut de Carney, un ancien de Goldman Sachs.
Dans combien de temps le canadien deviendra-t-il un bouc-émissaire ? La crédibilité est importante pour les banques centrales, et Carney aura son travail taillé sur mesure pour la maintenir. Là encore, si quelqu’un finit par le haïr, l’on pourra penser qu’il fait du bon travail.
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