Le Dollar et la Peur Fixeront le Cours de l'Or
La plupart des médias annoncent la sortie de crise.
Le consensus pense aussi que les perspectives d'inflation sont écartées, écrit Simone Wapler pour L'Edito Matières Premières & Devises. Du coup, l'or a reflué sous 940 $ l'once (657 euros) à la fin du mois de juillet, avant de se ressaisir lorsque le dollar a donné des signes de faiblesse.
Le prix de l'once devrait maintenant évoluer au gré de :
- la parité du dollar vis-à-vis des principales autres monnaies fiduciaires (euro, yen, yuan) ;
- la peur.
Les perspectives d'inflation s'éloignent
Les pressions déflationnistes que représentent des taux de chômage jamais atteints aux Etats-Unis depuis les années 1950 et des surcapacités industrielles mettant en péril la survie de l'automobile suffisent à écarter l'inflation, pour l'instant.
A plus long terme, la faiblesse persistante du dollar propagera l'inflation, causera une hausse des taux d'intérêt à long terme, voire un écroulement du marché obligataire.
A ce stade de la crise, deux scénarios sont probables dans les pays dits riches :
- le statu quo (croissance nulle) avec une lente poursuite de la déflation des prix de l'immobilier, des valeurs mobilières et une perte de pouvoir d'achat ;
- une aggravation brutale sous la pression d'une augmentation du chômage dont le taux ne serait plus supportable par les systèmes sociaux.
Une étude de BNP Paribas brosse un tableau qui colle assez bien au premier schéma
Cette note évoque une croissance potentielle comprise entre un et 1,25% dans la Zone euro et 2,25% aux Etats-Unis. Mais l'auteur, Philippe d'Arvisenet, fait remarquer qu'historiquement, "quatre ans après l'éclatement des crises, les PIB potentiels se trouvaient en moyenne amputés de quatre points".
C'est pour cette raison que le deuxième scénario, celui de l'aggravation, est probable. Depuis 20 ans, la croissance des pays dits riches a été achetée avec du crédit à la consommation des ménages américains.
Remplacer l'endettement privé par l'endettement public ne suffira pas
Si les Américains se sont endettés, c'est pour compenser une perte de pouvoir d'achat. Aujourd'hui, le gouvernement tente de résorber la crise en remplaçant l'endettement privé par l'endettement public. Mais la consommation américaine ne repartira pas, faute de véritable pouvoir d'achat. Ce qui nous amène à la question de la parité du dollar vis-à-vis des autres monnaies.
Le dollar va continuer à s'affaiblir, ce qui est bon pour l'or
"Au printemps 2009, les Etats-Unis exigeaient encore de la Chine une plus forte réévaluation du yuan. Maintenant, c'est la Chine qui presse les Etats-Unis de garantir la valeur du dollar", note Eberhardt Unger (économiste indépendant www.fairesearch.de).
Cette phrase illustre à merveille le développement de la crise (et non sa fin).
La Chine est le premier créancier des Etats-Unis avec 2,1 milliards de dollars dont 801 millions de dollars en bons du Trésor. Elle souhaite bien évidemment réduire ces encombrantes réserves. La conclusion d'Eberhardt Unger est aussi simple qu'inquiétante : "si les achats de bons du Trésor des Etats-Unis par les étrangers font défaut, il ne reste alors plus que la Fed pour soutenir le marché des obligations. Pour elle, une faiblesse du dollar serait un moindre mal".
Mais si la crise dure ou s'aggrave qui, parmi les étrangers, aura les moyens d'acheter des obligations américaines ?
Mon avis ?
Si vous êtes dans une logique de préservation de vos actifs, l'or reste toujours une valeur sûre.
Si vous êtes à la recherche d'un coup spéculatif, l'or ne devrait pas fortement évoluer dans les mois qui viennent. A moins que la peur ne s'en mêle.