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Le secteur de l’or en Italie : Le déclin sur fond de globalisation

Protectionnisme et manque de compétitivité.

Les exportations de bijoux d’or autrefois dominant indiquent un malaise plus profond de l’Italie…

« L’Italie est accusée de protectionnisme ! » : ce qui n’est pas nouveau, écrivent Alessandra Pilloni et Adrian Ash chez BullionVault.

Souhaitant une compétition libre sur le marché aérien, IAG (le groupe britannique et espagnol formé par British Airways et Iberia en 2011) a vivement recommandé à la commission européenne d’enquêter et de bloquer le sauvetage possible de la compagnie aérienne italienne en faillite, Alitalia, par la poste publique italienne, Poste Italiane. Cela est une histoire très familière en Italie : celle du manque de réalisme ou de discipline du marché pour les sociétés qui se débattent pour rester compétitives dans l'économie globale d’aujourd’hui.

La compétitivité ? C’est un mot inconnu, tabou en Italie, comme le remarque le Wall Street Journal. Le premier ministre Enrico Letta, rencontrant la classe politique et l’élite des affaires du pays au bord du lac Como après la défaite de Silvio Berlusconi au début octobre, n’a choqué personne en n’osant pas prononcer le mot une seule fois.

La compétitivité ? Que c’est vulgaire !

La crise de l’industrie aurifère italienne est emblématique. Après un pic à la fin des années 1990, l’industrie joaillière est entrée dans une crise profonde. La crise aurait pu toucher un plancher en 2012, mais la légère amélioration cette année-là a toujours besoin d’être corroborée par des données.

Oui, c’est vrai, le secteur des bijoux en or est la sixième plus grande source des flux commerciaux positifs de l’Italie. 70% de sa production sont destinés aux marchés internationaux, selon les données de la fédération locale de l’industrie de l’or, la Confindustria Federorafi. Donc cela reste un secteur crucial.

Mais ce secteur s’est contracté de façon dramatique au cours de ces quinze dernières années, comme l’a montré un rapport présenté lors de la 14ème conférence de la London Bullion Market Association qui s’est tenue début octobre à Rome. Produite par MetalsFocus et Metallis Consulting, deux agences de conseils indépendantes basées à Londres, le rapport souligne comment la fabrication d’or annuelle en Italie a décliné de 80% en poids entre 1998 et 2012.

Comment une industrie si importante à l’image de l’Italie a pu autant être endommagée ?

A la fin des années 1990, l’Italie était l’un des fabricants de bijoux d’or les plus importants du monde, et le plus grand d’Europe. Satisfaisant 10% de la demande mondiale, les orfèvres italiens travaillaient le métal pour un volume de plus de 500 tonnes par an.

L’année 1998 a marqué le pic des exportations d’or fini de l’Italie. La production a atteint 540 tonnes, desquelles 420 tonnes étaient pour l’exportation, principalement vers l’Europe et l’Amérique du Nord. La même année la demande domestique est passée au-dessus des 112 tonnes, un niveau considéré comme stable après le pic atteint en 1992.

Les achats d’or : année 1998, pays développés.

Les achats d’or : année 1998, pays développés.

En 2012, au contraire, seulement 62 tonnes étaient produites pour l’exportation selon MetalsFocus et Metallis, moins de 15% du volume rapporté quinze ans auparavant. Le marché domestique italien des bijoux en or se serait contracté de trois quarts selon les estimations.

Il faut préciser tout de même que ce déclin de la demande de bijoux en Italie est cohérent avec les autres pays occidentaux, ce qui veut dire le reste de l’Europe et les Etats-Unis. Ces deux territoires étaient aussi les destinations préférées pour l’exportation de produits en or en provenance de l’Italie. Combinés, ils constituaient les deux tiers des exportations d’or totales de l’Italie. Comme l’explique le rapport de MetalsFocus et Metallis le déclin de la demande a été causé par plusieurs changements structurels sur le marché, ce qui inclut aussi la hausse des cours de l’or (multipliés par six en dollars US, livres sterling et euro), la compétition d’autres biens de consommation (surtout les gadgets high tech), et bien sûr la crise économique commençant en 2007.

La crise financière mondiale a causé une bifurcation de la demande de bijoux en or dans le monde. D’une part la consommation s’est concentrée parmi les très riches friands de luxe sur les objets de très haute qualité (d’où les marges très élevées pour la finition). D'un autre côté, on a les consommateurs aux revenus plus bas qui favorisent maintenant les objets low cost, avec de fortes substitutions de l’or pour l’acier, le cuire et la céramique et les autres métaux précieux.

Au total, la demande des bijoux d’or annuelle dans les pays occidentaux était de 600 tonnes plus bas en 2012 qu’en 1998. Donc le secteur de l’or autrefois florissant faisait déjà face à des problèmes. Mais les autres aussi. Et face au déclin majeur de la demande occidentale, l’Italie s’est avérée inadéquate de façon unique en termes de compétitivité, perdant beaucoup de ses parts dans ces marchés en déclin.

En 2000 l’Italie a satisfait 40% de la consommation de bijoux en or occidentale. En 2012 elle n’a satisfait que 10%. Comme le montrent les figures ci-dessous, les importations d’or italiennes ont constitué un tiers du marché américain au début du nouveau siècle. Cette part a diminué de plus de 60%, remplacée principalement par les produits de la Chine, de Hong Kong et de l’Inde.

 

Importations aux Etats-Unis par origine.

Importations aux Etats-Unis par origine.

 

Un facteur atténuant : l’Italie a été pénalisée dans son commerce avec les Etats-Unis par les taxes d’importation de 6% sur les bijoux en or. Cet handicap n’existe pas pour ses concurrents principaux. En septembre, Stefano De Pascale, le directeur de la fédération Federorafi, a affirmé au forum Vicenza Fair qu’il demandait un accord bilatéral avec les Etats-Unis. « Si les barrières commerciales étaient enlevées, nos exportations grimperaient immédiatement de 20% », a-t-il indiqué à Reuters.

Donc l’industrie d’exportations a commencé à contre-attaquer. Mais est-il trop tard ? Rester compétitif au cours de quinze derniers mois voudra seulement dire que les exportations du secteur de l’or de 100-120 tonnes par an, a estimé le nouveau rapport. Cela équivaudrait à presque 200% contre les 62 tonnes exportées en 2012, selon les calculs de BullionVault.

De plus, les causes du déclin du secteur aurifère en Italie peuvent ne pas entièrement être de son fait. Remarquez que le commencement de la fin est arrivé au début du nouveau millénaire, qui marque aussi le passage de la lire italienne à l’euro. Dépossédées de l’aide systématique offerte à une devise faible, les exportations d’or en Italie ne sont pas les seules à avoir plongé alors que l’union de la devise unique se mettait en place. La dévaluation compétitive était une stratégie économique classique pour les gouvernements italiens. Elle est fermée depuis 2000.

Soyons clair, mon intention ici n’est pas de dénigrer le secteur de l’or en Italie, qui a fait et continue de faire beaucoup pour l’économie du pays. Mais le fait est que ce secteur d’excellence n’a pas su tenir la distance avec l’évolution du marché mondial qu’il dominait autrefois. Ce qui montre la quantité de travail qu’il y a à faire pour raviver l’économie italienne.

Le marché mondial est dur. Mais rester aveugle aux défis à relever n’offrira pas de solution. Enchainé à l’euro, les secteurs d’exportations de l’Italie ont besoin de s’adapter plus rapidement, ce qui passe par la compréhension du climat sain de la compétitivité qu’impose le marché de la devise unique. Une fois encore, cependant, l’Italie semble génétiquement réfractaire à répondre, comme l’a montré l’affaire Alitalia.

 

BullionVault permet d'acheter de l'or en ligne.

 

Adrian Ash dirige le bureau de recherches de BullionVault, un des moyens les plus simples et les plus économiques au monde d'acheter et d'investir dans l'or. Après avoir été responsable éditorial pour Fleet Street Publications -- l'homologue britannique des Publications Agora -- il a été correspondant du Daily Reckoning à la City de Londres pendant quatre ans. Il intervient désormais régulièrement dans les publications de 321gold.com, FinancialSense, GoldSeek, Prudent Bear, SafeHaven et Whiskey & Gunpowder ainsi que sur plusieurs sites internet d'investissement. Les points de vue d'Adrian sur le marché de l'or sont régulièrement repris par le Financial Times et AFX Thomson.
 
 

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