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Le fixing de l’or de Londres n’est plus (1/2)

Trop vieux pour être encore respecté, le fixing de l’or devra changer…

« Le fix ou fixing de l’or est la pièce maîtresse du marché des métaux précieux de Londres, le cœur du commerce mondial de l’or et de l’argent », écrit Adrian Ash pour BullionVault.

Le processus actuel du fixing de l’or n’est pas cassé. En fait, son utilisation continue depuis100 ans prouve que le fixing est en bon état de fonctionnement.

Voici la première partie d’un article sur le fixing de l’or de Londres. La seconde partie de l'article sur le fixing de l'or est disponible ici.

City de Londres, par Jaroslaw Pietrzak
La City de Londres. Photo par Jaroslaw Pietrzak, tout droit réservé. Reproduite avec permission.

Mais les perceptions du fixing, et son image, ont été ternies. Le nouveau processus de cotation de l’argent à Londres qui remplacera le fixing de l’argent commencera en août 2014 et ce n’était qu’une question de temps avant que le fixing de l’or passe lui aussi sous la loupe des contrôleurs et régulateurs et avant qu’il ne soit réformé.

Le Gold Fixing Ltd (l’entreprise privée qui existe que pour que les quatre banques membres se parlent au téléphone chaque jour à 10H30 et à 15H00 pour découvrir le prix unique qui compensera la majorité des transactions d’or physique) a indiqué qu’elle voulait réformer la façon dont fonctionne le fixing, et a accueilli des propositions pour l’administration du processus.  

Je pense qu’il sera peu probable que le nouveau processus s’appellera le « fix ». Au minimum, le dirigeant du fixing sera remplacé par un algorithme, et le téléphone par une plateforme électronique. A part ça, l’essentiel est de maintenir la liquidité profonde qu’offre le fixing aux acheteurs et aux vendeurs dans le monde entier. Et de rassurer tous les partis que le processus de découverte d’un prix unique qui doit permettre de liquider un maximum d’achats et de ventes soit basée sur des échanges réels.

Comment trouver un nouveau processus plus d’un siècle après la naissance du premier ? La sélection du processus pour le cours de l’argent a été robuste et approfondie, avec la London Bullion Market Association (LBMA) interrogeant ses membres et le marché au sens large, et acceptant ensuite les propositions conformément aux conclusions. Sept propositions ont été avancées, et les membres de la LBMA ont de nouveau été mis à contribution pour soumettre leurs opinions.

La solution choisie et qui convient au plus grand nombre des faiseurs de marché potentiels est une offre conjointe de la bourse des sécurités CME et des fournisseurs de données Thomson Reuters. Cela assure la plus grande liquidité d’un cours d’échange tout d’abord, d’un cours de référence ensuite, tout comme pour le fixing de Londres.

Comme le fixing de l’argent (1897 - 2014), le fixing de l’or, comme votre journal vous l’annoncera sans aucun doute demain, est devenu « un prix de référence » pour l’or dans le monde depuis qu’un groupe de banquiers s’était rencontré dans les bureaux de N.M. Rothschild en 1919 pour fixer ou établir le cours (en fait c’était en 1907 ou même plus tôt). Tout d’abord, parce que Londres est le centre mondial du marché professionnel des métaux précieux. Deuxièmement, parce qu’à aucun autre moment du jour il y a un prix unique valable sur tout le marché pour le métal physique.

Le commerce de l’or et l’argent est connu sous le terme Over the counter (OTC). C’est un marché de gré à gré, et non pas une bourse centralisée pour des contrats standardisés comme le marché boursier. Chaque acheteur et son vendeur convient d’un cours unique entre eux pour leur transaction unique. La seule chose qui soit standardisée ou normalisée est la qualité du métal dans ce marché « spot », établie et garantie par les règles de Bonne livraison de Londres, prédominantes dans le monde.

Chaque participant peut accepter ou proposer un cours comme il le choisit. Chacun doit aussi savoir et juger du risque de crédit et du bilan de l’entreprise qui est sa contrepartie (les termes du règlement de la transaction sont en général de deux jours). Il y a des risques individuels et non centralisés et les échanges sont faits en respectant le droit britannique relativement à la vente de marchandises (Sale of Goods law), plutôt que des normes des services financiers. Car nous parlons bien d’un morceau de métal physique, pas d’un crédit et pas d’actifs titrisés.

Toujours est-il que pour l’industrie professionnelle mondiale des métaux précieux, cette série de transactions de gré à gré privées pose trois problèmes :

  • Et si je veux acheter ou vendre plus que ce qu’une contrepartie unique peut négocier pour un prix unique et en une seule fois ?
  • Quelle cotation de plusieurs centaines de négociants différents et de banques de métaux précieux représente le plus précisément le « prix du marché » à tout instant ?
  • Comment puis-je, en tant que compagnie minière, banquier central, joaillier, ou gestionnaire de fonds d’investissement, évaluer mes réserves de métaux ?

Les regards se tournent vers le fixing de l’or qui répond à toutes ces questions.

A Londres, à 10h30 et 15H00, un groupe de négociants de banque de métaux précieux se rassemblent pour mettre en commun leurs ressources (les clients professionnels sont invités à négocier pour n’importe quel volume) et trouve un prix unique qui permet de liquider un grand volume de transactions dans leurs livres à ce moment-là. Ce prix est alors référencé, après les fais, par les investisseurs et l’industrie comme le prix pour ce jour-là.

Le fix de l’argent fait exactement la même chose. Ce processus peut prendre quelques minutes avec de nouveaux prix qui sont testés et l’arrivée de nouveaux ordres. Le résultat est le prix unique qui permet de conclure la plupart des transactions. Mais quel que soit ses avantages pour le marché, le fixing de l’argent prendra fin en août. La Deutsche bank a démissionné de son poste au fixing, ce qui ne laisse que deux banques pour mettre en commun les ressources et trouver un prix unique pour le marché entier. Une telle proposition est intenable.

Avec un nouveau processus de cotation de l’argent à Londres, qui devra commencer le 15 août, les quatre banques membres du fixing de l’or (délaissé aussi par Deutsche Bank) ont décidé de passer en revue et de réformer leur offre quotidienne pour le marché mondial du métal jaune.

Il existe beaucoup d’autres types de pression qui exigent un changement. Tout d’abord le procédé est vieux. Nous pensons que cela démontre son efficacité. En dehors de ces professionnels qui utilisent le marché (un sondage de plus de 440 participants au marché des métaux-précieux montre que 72% des répondants étaient parfaitement heureux avec la cotation quotidienne existante de l’argent), les fixings semblent obsolètes. Oui, le culte de la jeunesse s’étend maintenant même à l’or, métal intemporel et inaltérable… (à suivre).

Plus d’informations sur le marché de l’or et le fixing de l’or dans la seconde partie de cet article.

Adrian Ash dirige le bureau de recherches de BullionVault, un des moyens les plus simples et les plus économiques au monde d'acheter et d'investir dans l'or. Après avoir été responsable éditorial pour Fleet Street Publications -- l'homologue britannique des Publications Agora -- il a été correspondant du Daily Reckoning à la City de Londres pendant quatre ans. Il intervient désormais régulièrement dans les publications de 321gold.com, FinancialSense, GoldSeek, Prudent Bear, SafeHaven et Whiskey & Gunpowder ainsi que sur plusieurs sites internet d'investissement. Les points de vue d'Adrian sur le marché de l'or sont régulièrement repris par le Financial Times et AFX Thomson.
 
 

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