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Le Brexit est un caramel mou écœurant

L’or sous les 900 livres l’once disait que tout irait bien avec le Brexit…

« Comme le mot Brexit, qui signifie la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, le mot « or » veut dire beaucoup de choses pour beaucoup de personnes », écrit Adrian Ash pour BullionVault.

Pour la plupart des conseillers et commentateurs financiers, l’or est un « investissement idiot ».

Mais pour quiconque étudie les chiffres, il s’agit d’un excellent moyen pour répartir les risques.

Ou « l’or c’est de la monnaie », comme l’a dit J.P. Morgan il y a 100 ans, ajoutant que tout le reste n’était que crédit.

La légende hindoue perçoit l’or comme une protection contre les mauvaises augures, un porteur de bonne fortune.

Certains politiciens estiment qu’il amène une indépendance contre le joug américain.

Les banquiers centraux détiennent de l’or par mesure de sécurité.

Et les anciens Aztèques parlaient de l’or comme « d’excrément divin ».

Quel que soit votre point de vue sur le métal jaune, la majorité des gens l’accepte comme une forme de baromètre.

Une hausse des cours tend à signifier un malaise dans les perspectives générales financière, économique et politique. Un cours en baisse montre que la confiance progresse.

Après avoir culminé par exemple dans un contexte de dégradation de la note de la dette britannique, de crise de la zone euro et d’émeutes anglaises en été 2011, les cours de l’or ont coulé alors que les marchés des actions ont affiché, et affichent toujours, des hausses au cours des cinq années suivantes.

Le métal a ensuite bondi de nouveau, et surtout en livres sterling alors que le gouvernement britannique a annoncé qu’il organiserait un référendum sur l’Europe en juin 2016.

Cette annonce a vu les prix de l’or augmenter au taux le plus important pour les investisseurs du Royaume-Uni depuis le pic record de cotation observé en été 2011.

Au cours de sept premières semaines de 2016, l’or en livres sterling a bondi de 20%.

Le jour du résultat du référendum, les cotations de l’or ont explosé de 20% supplémentaires en moins de sept heures.

De retour vers la mi-octobre 2018, la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne arrive à grands pas.

En utilisant l’or comme un baromètre de nouveau, l’on apprend que le métal jaune a brièvement dit que tout irait bien la semaine passée.

L’or a reculé mercredi 10 octobre sous les 900 livres l’once, un prix non observé depuis le jour du référendum de 2016, quand les électeurs sont allés aux urnes pour sortir de l’Union et produire ce résultat choc cette nuit-là.

Si l’or a vu la crise du Brexit arriver il y a deux ans, il a vu cette crise s’évaporer en début octobre 2018.

Mais seulement pour une heure.

L’or évalué en livres sterling a rebondi depuis, osant suggérer que le Brexit pourrait ne pas être une crise, affichant une hausse de presque 4% sur le point le plus bas de 28 mois.

Qu’en est-il ? C’est un drame ou une catastrophe ? Ou alors des bêtises pour rien ?

Le « Brexit veut dire Brexit », s’efforce de répéter Theresa May.

Que ce soit un Brexit rouge, blanc ou bleu, cependant, n’est pas certain pour le moment. Ce départ changera les choses, peut-être, même s’il se produit dans cinq mois ou pas.

La semaine passée, le Royaume-Uni et l’Union européenne devaient obtenir un accord des termes du Brexit, prêt pour le jour de la séparation le 29 mars 2019.

Mais à moins de 160 jours, les détails continuent d’être une gêne, et notamment « le vrai problème » de la frontière entre l’Irlande du nord dans le Royaume-Uni et la République d’Irlande au sud qui fait partie de l’Union.

L’on parle d’un « fudge » pour s’extirper de ces négociations sans fin, une sorte de texte peu clair et ambigu à souhait pour esquiver les questions difficiles.

Ce fudge ou caramel mou du Brexit sera révoltant pour tous ceux qui ont voté la sortie de l’UE. Il sera aussi dégoutant pour les autres deux tiers de l’électorat britannique également. Parce que l’on n’en finira plus de se plaindre.

Mais ce que ce fudge tentera d’éviter est exactement la révolution que voulait beaucoup de ceux qui ont voté « Leave », ou sortir.

Certains Leavers que je connais ont voulu se débarrasser du monstre qu’est la bureaucratie européenne. D’autre ont espéré se séparer des dirigeants non élus. D’autres personnes veulent protester contre l’immigration incontrôlée via le principe de la libre circulation des personnes.

D’autres veulent mettre fin à la libre circulation des capitaux. Et une autre frange de la population veut garder la libre circulation des capitaux mais pas le reste.

Des personnes proches de moi ont utilisé le vote comme une révolte contre l’arrogance, le privilège et la richesse de ce qu’ils appellent « Londres », personnifiés par David Cameron, qui avait décidé d’implémenter le référendum en tant que Premier ministre, simplement parce qu’il pensait qu’il ne pourrait jamais perdre.

Ce dernier motif pour voter n’a rien à voir avec l’Union européenne. Comme la plupart des autres, il risque aussi de manquer son objectif.

10 ans après la crise financière qui n’a pas su dégonfler la bulle, les gens cherchent à changer la façon dont les choses sont faites dans le monde occidental.

« Ceux qui rendent la révolution pacifique impossible rendent la révolution violente inévitable », avait indiqué le président des USA, qui avait tellement fait pour la catastrophe qu’était devenue la guerre du Vietnam. Les coups de feu ne fusent cependant pas encore en Europe ou aux Etats-Unis depuis que les contribuables ont sauvé les banquiers au lieu de les guillotiner. Les enjeux et la température augmentent de plus en plus ceci dit.

Le gouvernement de coalition en Italie tente de renverser le marché obligataire ces jours-ci.

Donald Trump lutte contre la façon dont la mondialisation importe des produits de Chine et d’Allemagne (de son point de vue) tout en exportant des emplois.

Les électeurs en Bavière viennent de se révolter contre les centristes allemands et leur politique d’immigration radicale de porte-ouverte.

Au Royaume-Uni, Jeremy Corbyn souhaite saccager presque tout dans un retour radical aux années 1970 si un Brexit sans accord, ou un no deal, détruit la prétention d’une quelconque compétence du parti conservateur et offre le pouvoir aux Travaillistes aux prochaines élections.

Tout cela, toutes ces révolutions, secouent la façon dont les choses sont traitées alors que la dynamique du marché des actions d’après-crise commence à vaciller. L’or s’élève à partir des niveaux les plus bas depuis plusieurs années.

L’or ne fera pas grand chose pour remplir les rayons des supermarchés ou permettre aux avions britanniques d’atterrir dans le cas d’un no deal. Si le no deal veut dire no deal. De la même façon, l’or ne pourrait pas faire grand-chose pour défendre la maigre retraite des britanniques. Car les prix des métaux précieux répondent rarement uniquement aux gros titres politiques.

Mais si ces gros-titres commencent à secouer les marchés des actions, l’attrait de valeur refuge de l’or pourrait probablement briller encore plus.

Surtout si pour ces banquiers, ces gestionnaires de fonds et ces family offices (qui craignent qu’une révolution n’arrive pour eux) n’oseront pas acheter jusqu’au moment où les cotations sont devenues beaucoup plus élevées que maintenant.

 

Adrian Ash dirige le bureau de recherches de BullionVault, un des moyens les plus simples et les plus économiques au monde d'acheter et d'investir dans l'or. Après avoir été responsable éditorial pour Fleet Street Publications -- l'homologue britannique des Publications Agora -- il a été correspondant du Daily Reckoning à la City de Londres pendant quatre ans. Il intervient désormais régulièrement dans les publications de 321gold.com, FinancialSense, GoldSeek, Prudent Bear, SafeHaven et Whiskey & Gunpowder ainsi que sur plusieurs sites internet d'investissement. Les points de vue d'Adrian sur le marché de l'or sont régulièrement repris par le Financial Times et AFX Thomson.
 
 

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