A la baisse comme à la hausse… jusqu’où peut aller l’or ?
Nous sommes dans un piège baissier...
" Si vous nous lisez régulièrement, vous êtes convaincu que le krach de l’or du mois dernier était un krach bizarre puisqu’au même moment où les cours de l’or fixés par l’échange de contrats à terme de papier s’écroulaient, des acheteurs d’or physiques envahissaient des boutiques ou passaient commande en ligne en Chine, en Inde, au Japon et aux Etats-Unis ", écrit Simone Wapler pour La Quotidienne d'Agora.
Ce n’est pas logique, mais comme je vous le répète depuis le début de cette crise, nous ne vivons pas dans une période normale.
Voici un graphe qui schématise les différentes phases d’une bulle financière. Sur ce graphe je l’ai superposé avec celui de l’évolution du cours de l’or en dollar et en euro.
Etape de la bulle sur l'or
Nous sommes dans un piège baissier
Qu’est-ce qu’un piège baissier ?
Un moment où les hésitants, pourtant rentrés assez tôt sur un marché haussier, le quittent pour prendre leurs bénéfices. Après cette étape, la hausse justement s’accélère et il devient de plus en plus difficile de rentrer sur le marché.
Qu’est-ce qu’un piège haussier ?
Un moment où les investisseurs de la dernière heure, rentrés tard sur un marché haussier, s’acharnent. Après cette étape, la baisse s’accélère et il devient de plus en plus difficile de sortir du marché, de prendre ses pertes.
Comment puis-je tranquillement vous affirmer que nous sommes bien dans un piège baissier et non dans un piège haussier ?
Parce que l’ordre n’est pas revenu dans le système monétaire et que la hausse des taux par la Fed annoncée par Goldman Sachs n’aura jamais lieu dans un avenir proche (6 mois et plus).
La hausse de l’or ne peut se terminer qu’avec l’avènement d’un autre système monétaire dans lequel le dollar perdra sa place centrale.
Maintenant, ce piège baissier peut durer un certain temps. Car nous allons probablement affronter une dépression. Le manque de croissance va susciter de la destruction monétaire. L’or à 1 000 $ (voire moins) est possible. Il faudra bien, comme en 2008, vendre quelque chose.
Face à cette situation qui sera un constat d’échec patent des manoeuvres des banques centrales, les autorités feront la seule chose qu’elles savent faire : imprimer toujours plus pour compenser la destruction monétaire !
Regardez le débat aujourd’hui sur le bien-fondé de rejeter l’austérité dans une Europe déjà en dépression. Le point bas probable pour l’once ?
Je ne fais pas d’analyse technique, donc je copie servilement sur mes excellents petits camarades spécialisés dans ce domaine :
– Un retracement Fibonacci de 38,2% (de la dernière jambe de hausse de l’or) emmène l’or à 1 269 $ l’once. Tiens, tiens, Goldman Sachs prévoyait dans sa note baissière 1 270 $ pour 2014.
- Avec un retracement Fibonacci de 50% l’or arrive à 1 075 $ l’once.
Selon Jim Rogers, interrogé par mes collègues américains, le support des 1 000 $ l’once pourrait même être enfoncé.
Par ailleurs, la situation actuelle de l’or a eu un précédent : la grande hausse des années 1970 – 1980. Durant cette hausse, un important piège baissier s’est produit en 1974-1975, durant lequel l’or avait perdu 44 % de sa valeur.
Moyenne mensuelle des cours de l’or au fixing de Londres durant la hausse des années 1970
Cette baisse s’était déclenchée en mars 1975. Vous constaterez que le purgatoire a été long : il a fallu attendre 1978 pour que l’or retrouve ses niveaux de mars 1975. Je sais, c’est désagréable, mais vous devez le savoir.
Par ailleurs, le film ne se déroulera pas de façon rigoureusement identique car le décor a bien changé. Le dénouement, pourrait être beaucoup plus dramatique. Car si Volcker a pu relever les taux à 20% pour lutter contre une inflation à 15%, c’est parce que les Etats-Unis étaient peu endettés. Aujourd’hui un taux de 3% fait basculer le pays dans le défaut.
C’est ainsi que John Williams de ShadowStats prévoit l’hyper inflation pour fin 2014 aux Etats-Unis. Jusque-là, ses prévisions se sont avérées fiables.
Le point haut probable pour l’once ?
Passons maintenant à plus agréable, la hausse finale, jusqu’où peut-elle nous emmener ? J’emprunte ce graphe à mon collègue Cyrille Jubert. J’aime son côté grimoire.
Cours de l'or
Après le piège baissier de l’or, la hausse a repris en 1978. Le cours de l’or a été multiplié par 8. Ceci mènerait l’or autour des 9 000 $ l’once. Mais ceci est un minimum !
Un minimum pour deux raisons :
1. La création monétaire qui va se produire pour "lutter contre la déflation" sera gigantesque. Croyez-moi, vous n’avez rien vu. Le Zimbabwe fera figure de Mickey Mouse.
2. L’argent restera dans un premier temps bloqué dans la sphère financière comme cela se produit actuellement. Mais dès que le public s’apercevra qu’on veut le dépouiller, lui faire endosser la mauvaise dette en le forçant à l’absorber par la répression financière, il rejettera la monnaie.
Nous allons voir non pas une gentillette inflation mais de l’hyperinflation. 20 000 $, 50 000 $, 100 000 $, peu importe le cours de l’or, on ne parlera plus des mêmes monnaies.
Le dollar d’après la fin des accords de Bretton Woods n’a rien à voir avec le dollar de Bretton Woods dit as good as gold, ni même avec le dollar d’avant la Seconde guerre mondiale, pièce d’argent qui avait cours légal.
Quant à l’euro, ce ne sera plus que l’unité comptable des pays cigales du Vieux continent.