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La Suisse, l’or et le choix du peuple (2/2)

Les suisses décideront le 30 novembre.

Voici la seconde partie de notre article sur le référendum de l’or en Suisse. (Lire la première partie de l’article sur le Référendum suisse sur l’or)

Or physique alloué, BullionVault

Faisabilité en cas de "oui"

Les suisses voteront le 30 novembre pour déterminer la politique à adopter concernant l’or du pays. Voici les trois points clefs de ce référendum.

  • "détenir ses propres réserves d’or en Suisse ;
  • augmenter les réserves d’or à 20% de ses actifs totaux ; et
  • ne plus jamais vendre d’or."

En ce qui concerne la récupération des réserves d’or de la Suisse détenues à l’étranger (une partie est en Grande-Bretagne), l’on nous fait croire que la Banque d’Angleterre pourrait « déterrer » une cargaison de 20 tonnes tous les deux jours. Donc si 20% du métal de la BNS est toujours ici à Londres, l’on peut s’attendre à un retour en l’espace d’un mois. Mais seulement si la Banque d’Angleterre emploie tous les salariés de ses coffres uniquement pour cette tâche (ils détiennent 5 000 tonnes d’or pour d’autres clients qui ne sont pas le Trésor britannique), et seulement si les banquiers centraux apaisent l’opinion publique.

Il ne faut pas parier dessus. Les banquiers centraux savent se défendre et proclamer leur indépendance des gouvernements nationaux et de leurs électeurs. Est-ce que l’histoire pourrait nous en dire plus sur les achats d’or suisses ?

La Suisse a aspiré de l’argent étranger au moment de la seconde guerre mondiale, et avec les contrôles des changes empêchant ses citoyens en dehors des frontières d’acheter de l’or d’investissement, les réserves d’or propres du pays ont grossi de 450 à 1940 tonnes entre 1940 et 1960. Les ventes commençant en 2000 ont duré huit ans pour liquider un volume correspondant, et ce dans un marché libre haussier. Il pourrait y avoir une demande sans problème pour un volume comme 220 tonnes d'or par an. C’est une large quantité c’est sûr, mais mettons la en parallèle avec les sources récentes de demandes comme les achats forward par les compagnies minières aurifères faits au début de ce siècle pour s’assurer contre des cours plus bas (le dé-hedging a atteint une moyenne de 260 tonnes d’or par an entre 2000 et 2012), ou comme le taux de croissance de la demande chinoise de consommation (100 tonnes par an entre 2004 et 2013).

Cette demande supplémentaire est arrivée pendant le marché haussier important des prix. Les compagnies minières dé-hedgeant en particulier (n’assurant plus leur production en empruntant de l’or pour éviter de subir une baisse future des cours) ont placé des ordres d’achat important sur le marché. Ceci a poussé les cours à la hausse de façon mécanique et psychologique (si le hedging est mauvais pour le sentiment des investisseurs, le dé-hedging ne peut être que bon). Beaucoup de gens estiment maintenant que forcer la BNS à détenir 20% de ses actifs en or poussera clairement les cours de l’or à la hausse.

En ajoutant à cela le rapatriement de l’or suisse dans le monde, on s’attend à un énorme resserrement de l’offre physique dans le monde.

Nous ne sommes pas si sûrs. Il est largement considéré que les ventes massives d’or par les banques centrales dans les années 1990 ont poussé les cours à la baisse. Mais ces ventes ont continué jusqu’à ce que la crise financière commence. Alors, les cours de l’or étaient trois fois plus élevés que leurs points bas de 2001. C’est une redite de ce qui s’est passé à la fin des années 1970, quand le Trésor américain était un vendeur important. Des achats relativement lourds (par les pays émergents) ont aussi coïncidé avec le pic de 2011. Mais alors, ces achats ont continué alors que les prix chutaient fortement.

En 1998-2000, les ventes d’or de la Suisse étaient débattues, puis ont commencé sérieusement en l’an 2000, ce qui n’a pas aidé le cours de l’or. Ces ventes énormes furent comme une ancre attachée aux cours et ont déçu les négociants. Elles ont en fait posé le plancher pour le marché haussier de douze ans qui a suivi.

L’or, libéré des coffres des banques centrales comme jamais après la première guerre mondiale, a augmenté et continué d’augmenter alors que les ménages occidentaux, puis les consommateurs asiatiques, les gestionnaires d’argent et les banques centrales des marchés émergents ont rejoint les compagnies minières elles-mêmes pour l’achat de métaux précieux.

L’or est ironique et politique. Si la campagne suisse pour l’or essaie de chambouler une hausse des prix en forçant la BNS à devenir acheteur, l’Histoire pourrait bien encore avoir, nous le craignons, le dernier mot.

Pour ceux qui s’attendent à une forte hausse des cours de l’or après un « oui » suisse, nous craignons qu’ils oublient vite qui mettra en œuvre la décision prise par le peuple.

 

L’or en Suisse depuis 15 ans :

-En 1998 -1999, les réserves étaient de 2 590 tonnes d’or.

-Le FMI avait recommandé à ses membres l’annulation de l’étalon or, la Suisse a mis en œuvre cette recommandation tardivement, en février 1997.

-En octobre 1997, la Banque national suisse a décidé de vendre 1 300 tonnes d’or, les ventes eurent lieu entre 2000 et 2005, et 250 tonnes supplémentaires furent vendues entre 2007 et 2008.

Sources : goldseiten.de et swissinfo.ch

-En septembre 2011, la BNS a rattaché le franc suisse à l’euro, avec un taux de conversion de 1,20 : 1.

Sources : faz.net

-Dans le futur, les interventions comme le rattachement du franc suisse à l’euro ne seront que possible si la BNS achète de grandes quantités d’or également.

-Le think tank « Avenir Suisse » pense que ce rattachement n’aurait pas été nécessaire si la Suisse avait conservé l’étalon or.

-Les initiatives liées à l’or n’amélioreraient pas la situation économique et les marchés financiers en Suisse, mais limiteraient seulement la liberté d’action de la BNS et rendrait le pays dépendant des cours de l’or.

Sources : handelszeitung.ch

En 2010, la Suisse a commencé l’impression de francs suisses dans le cadre d’un assouplissement quantitatif.

Actuellement, la Suisse détient environ 7,5% de ses actifs en or, dont le montant total est d'environ 500 milliards de francs suisses (414 milliard d’euros). Selon les chiffres officiels, il y a 1 040 tonnes d’or dans les coffres suisses. En outre, le pays a également investi une part importante en réserves de change, principalement en dollars américains.

Si la Suisse devait atteindre 20% de ses réserves en or, l’on estime que les achats couteraient 60 milliard de francs suisses (50 milliard d’euros).

 

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Adrian Ash dirige le bureau de recherches de BullionVault, un des moyens les plus simples et les plus économiques au monde d'acheter et d'investir dans l'or. Après avoir été responsable éditorial pour Fleet Street Publications -- l'homologue britannique des Publications Agora -- il a été correspondant du Daily Reckoning à la City de Londres pendant quatre ans. Il intervient désormais régulièrement dans les publications de 321gold.com, FinancialSense, GoldSeek, Prudent Bear, SafeHaven et Whiskey & Gunpowder ainsi que sur plusieurs sites internet d'investissement. Les points de vue d'Adrian sur le marché de l'or sont régulièrement repris par le Financial Times et AFX Thomson.
 
 

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