La politique par d’autres moyens
La BCE met la pression à la Grèce.
Nous nous demandions ce que la Banque centrale européenne faisait pendant ses réunions mensuelles de politique non monétaire.
Nous le savons maintenant. Elle fait de la politique.
Mercredi soir, après sa réunion habituelle à Francfort, la BCE a indiqué qu’elle n’accepterait plus les obligations d’état grecques comme garanties pour les prêts aux banques grecques.
D’accord. La BCE n’a pas respecté ses propres règles de toute façon en prêtant contre des nantissements pourris.
Mais ce timing est incroyable, car cette décision survient seulement un jour après que le nouveau premier ministre grec, Monsieur Tsipras, ait rencontré le dirigeant de l’Union européenne, Monsieur Juncker. Et un jour après que le président de la BCE, Mario Draghi, ait rencontré le ministre des finances grec pour une conversation « productive ».
Les stocks bancaires grecs ont vite coulé de 20% hier. C’est ironiquement le taux d’intérêt qu'offrent actuellement les bons grecs de trois ans, en hausse depuis mercredi par rapport à 17% par an, alors que leurs prix ont également chuté jeudi matin.
Donc la Grèce est poussée en dehors des marchés financiers. Elle l’était déjà avant, mais le soutien de la BCE, un tiers de la troïka avec le FMI et l’Union européenne, lui permettait d'au moins garder les lumières allumées.
La Grèce ne cherche pas à faire chanter quiconque mais elle ne sera pas objet de chantage non plus, avait indiqué un membre du gouvernement grec à Reuters, qualifiant la décision de la BCE d’acte de pression politique pour trouver une solution rapidement.
Chantage, c’est un mot laid et peu utile, que les politiciens allemands ont déjà utilisé contre la Grèce. Mais en dehors d’Athènes et des marchés des dettes, les marchés financiers sont contents de la décision de la BCE jusqu’ici. Les actions européennes ont reculé un peu seulement jeudi après trois jours de gains.
C’est logique sur le court terme. La BCE punit la Grèce qui avait osé dire que parfois les dettes sont mauvaises et les créditeurs n’auront pas leur argent. De quel côté se rangent les investisseurs professionnels gérant l’argent des épargnants et des créditeurs comme vous et moi, selon vous ?
Mais sur le long terme, l’histoire a montré que le créancier paie toujours si l’emprunteur ne peut pas ou ne va pas rembourser. Et l’or devient alors une assurance utile.
L’or ne fait pas faillite, n’est pas comme les obligations, et n’est pas créé à volonté comme le raz-de-marée de monnaie imprimé par la BCE pour éviter que le défaut de la dette n’emporte toute l’Union.
Le gouvernement allemand a offert d’envoyer 500 inspecteurs des impôts en Grèce.
La politique par d’autres moyens a-t-elle été actualisée pour les bureaucrates du XXIème siècle ?