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L'argent, un nouveau drapeau d'alerte au krach ?

Ce qui est rare est cher.

Il y a environ 0,08 partie par million (ppm) d'argent dans le sol de notre chère planète. Et 0,004 ppm d'or. L'or est donc 20 fois plus rare que l'argent, écrit Cécile Chevré pour MoneyWeek.

Historiquement, à quelques variations près évidemment, il faut en moyenne de 16 à 18 pièces d'argent pour valoir 1 pièce d'or.

En 2009, les hommes se sont acharnés à extraire de la terre neuf fois plus d'argent que d'or – 709 millions d'onces du premier contre 80 millions du deuxième.

Sans avoir besoin de retrancher l'âge du capitaine, pouvez-vous me dire de combien l'or est plus cher que l'argent ? 20 fois ? 16 fois ? 9 fois ?...

Non, 40 fois. Le métal jaune est aujourd'hui 40 fois plus cher que son cousin, l'argent. Qu'est-ce qu'un tel ratio veut dire ?

40 fois, c'est beaucoup... du moins en comparaison de ce que ce ratio a été au cours des précédentes décennies. Mais prenons un peu de hauteur, et examinons le prix de l'argent par rapport à l'or au cours des 300 dernières années. Quand le ratio est bas, l'argent est coûteux. Quand le ratio est haut, ce métal est bon marché.


Jusqu'à la fin du XIXe s., le ratio est plutôt stable. Autour de 17 pour 1. Le bimétalisme monétaire impose un ratio fixe entre l'or et l'argent. Puis en 1870, tout change, certains Etats tendent à privilégier l'argent, d'autres l'or. Le bimétalisme prend alors un coup dans l'aile. Le ratio entame une première hausse qui le mènera autour de 40 au tournant du XIXe et du XXe s. Première Guerre mondiale, nouveau changement, le ratio retourne à 17. L'or est alors préféré à l'argent.
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Commence alors une impressionnante flambée du ratio qui culmine avec le début de la Seconde Guerre mondiale à plus de 100. La relique barbare était alors 100 fois plus cher que l'argent. Celui se démonétise à vitesse grand V.

Après la guerre, le ratio se dégonfle progressivement pour retrouver son seuil des 17 dans les années 60. La demande industrielle en argent est alors très importante – en particulier.

Ensuite... c'est un peu plus chaotique. La spéculation prend le pas sur les fondamentaux. Durant les années 70, on le voit regrimper à 40-45 puis, nouvelle chute dans les années 80 (à 20). L'évolution en dents de scie s'accélère alors. L'arrivée de la photographie numérique a donné un sérieux coup à la demande industrielle en argent.

Mais depuis 30 ans, le ratio n'est jamais retombé en dessous des 45, comme vous pouvez le constater sur le graphique ci-dessous.



Sauf la semaine dernière, où il a atteint les 39. En quoi est-ce important ?

L'argent, signe d'un nouveau krach ?
Le franchissement de ce seuil aurait pu augurer d'une nouvelle phase haussière pour l'or... avec peut-être même un retour au ratio historique de 17/1. Ce qui, si l'or se maintient autour des 1 400 $, signifiait une once d'argent autour des 80 $. A plus long terme, c'est peut-être d'ailleurs ce qui va se passer.

Oui mais voilà, l'argent n'en fait qu'à sa tête et, depuis quelques jours, son cours est de nouveau orienté à la baisse. Il n'est pas le seul : les marchés actions dégringolent. Le CAC 40 est de nouveau en baisse ce matin.

Les marchés asiatiques ont été quant à eux touchés de plein fouet par les conséquences du séisme au Japon – nous y reviendrons dès demain dans la Quotidienne. Le Nikkei a perdu plus de 6%.

Nous vous le répétons depuis plusieurs mois, il faudra la conjonction de nombreux signaux pour que les vapeurs hallucinogènes des liquidités injectées par la Fed se dissipent. Peut-être en sommes nous arrivés au point de rupture : troubles au Proche et Moyen-Orient, crise en Europe, crise au Japon...

Comme le rappelait Simone Wapler vendredi dernier à ses abonnés de l'Investisseur Or & Matières : " Si les marchés continuent à décrocher, il est probable que nous assistions comme en 2008 à une baisse de l'or (et de l'argent) ce qui nous permettra de nous renforcer".

Retour en grâce de l'argent ?
A plus long terme, cependant, l'argent pourrait continuer à la hausse. Nous l'avons vu après le krach de 2008, les matières premières se sont reprises bien avant les marchés actions. Surtout l'or qui a retrouvé l'intérêt des investisseurs alors que la récession s'installait et que les politiques des banques centrales détruisaient les monnaies fiduciaires.

Or, depuis quelques mois, on observe que l'argent sert lui aussi d'assurance tous risques. Les banques centrales s'y intéressent (surtout outre-Atlantique) et surtout les Chinois achètent de l'argent. Un retour en grâce qu'explique Simone dans MoneyWeek : "Jusqu'à présent, dans le contexte de crise, l'argent-métal me semblait un parent pauvre de l'or. Les banques centrales n'ont pas d'argent dans leurs coffres, tandis qu'elles stockent encore un peu d'or. Considérer l'argent comme un moyen de stocker de la valeur était un réflexe limité à l'Amérique et intéressait peu les Européens. Cependant, un phénomène récent m'a fait changer d'attitude : les Chinois se sont mis à l'argent. Les pièces ont triplé l'année dernière."

Que devez-vous faire ?
A court terme, la prudence s'impose. Comme me le rappelait encore Simone alors que nous discutions ce matin, si la baisse des marchés se confirme, tout sera vendu. Dont l'or et l'argent.

Mais l'argent est un bon pari pour l'avenir. Il se remonétise et cette tendance devrait se poursuivre alors que les monnaies fiduciaires ne sont pas prêtes à retrouver la confiance des marchés.

Cécile Chevré est titulaire d’un DEA d’histoire de l’EPHE et d’un DESS d’ingénierie documentaire de l’INTD. Cécile Chevré participe à la rédaction de la Quotidienne de MoneyWeek, un éclairage lucide et concis sur tous les domaines de la finance.

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