L’or n’est la dette de personne
La Grèce, les créanciers, les débiteurs et leur comportement…
Si vous avez su passer trois heures à lire Michael Pettis sur la crise grecque ce weekend, alors vous saurez que ce sont les gens, pas les pays, qui ont causé cette pagaille.
Les frontières n’embrouillent pas que le problème mais aussi la solution.
Il y a dix à vingt ans, les épargnants qui vivaient dans des endroits comme l’Allemagne, la France et la Hollande avaient offert des emprunts bon marché aux consommateurs, aux gouvernements et aux développeurs immobiliers qui vivaient dans des endroits comme le Portugal, l’Irlande, l’Italie, la Grèce et l’Espagne.
Maintenant ces prêts sont matures depuis longtemps. Mais les débiteurs n’ont pas assez changé leur façon de repayer ce qu’ils doivent en totalité.
Les créditeurs n’ont pas changé leur comportement non plus.
Les épargnants continuent toujours d’empiler de l’argent, même alors qu’ils veulent un remboursement des emprunts de la décennie précédente. Donc ils leur faudra toujours un endroit pour conserver leurs espèces, que ce soit en tant qu’emprunts ou qu’investissements.
Lundi matin, par exemple, l’Allemagne a rapporté un nouveau surplus record de la balance commerciale. C’est la somme d’argent en plus que les résidents ont gagné en exportant plus qu’en important.
Ce qui donne des munitions aux critiques de l’Allemagne, comme le nouveau gouvernement grec ou l’OCDE à Paris, pour demander une réforme structurelle étendue aux endroits où les épargnants riches vivent aussi. Pas que là où vivent les débiteurs.
Comme le note Pettis, le surplus des uns doit être le déficit des autres. Dans la zone euro, cela veut dire que les pays les plus faibles doivent de l’argent aux pays du nord plus riches.
Sinon que représente le plan de sauvetage de la Grèce par le BCE, le FMI et l’UE ?
C’est la même histoire dans le monde, avec la Chine annonçant aussi un surplus commercial historique pour le mois de janvier 2015.
Tout cet argent doit prendre une forme ou une autre. Un type d’investissement. Mais avec la bulle immobilière de la Chine prête à exploser et les marchés obligataires de la zone euros incluant déjà dans les prix un défaut (de la Grèce) ou payant moins que zéro car les épargnants inquiets ont déjà poussé les prix vers le haut (l’Allemagne), les épargnent qui se constituent en Chine pourrait avoir à aller ailleurs.
Par chance pour la Chine, le Nouvel an chinois commence ce mois. Acheter de l’or n’est jamais aussi populaire et propice que pendant cette fête du monde chinois.
Par malchance pour les épargnants ailleurs, il n’y a pas tant d’or ou d’argent que cela.
Car à l’inverse des dépôts bancaires, des bons d’état ou des appartements de vacance en Espagne, les métaux précieux ne peuvent être fabriqués à volonté. Ils ne sont pas non plus démolis au bulldozer ou annulés lorsque le débiteur ne sait pas payer.
Les métaux précieux physiques ne sont la dette de personne. C’est une chose rare en effet pour les gens qui ont besoin de stocker leurs épargnes.
Les épargnants qui utilisent les banques grecques, oui ça existe encore, n’ont vraiment plus besoin d’avertissements sur les contrôles des changes.