Moscou vend de l'or, l'UE cible les actifs russes gelés pour continuer à financer la guerre

Les prix de l'or et de l'argent ont atteint des plus hauts de près de deux semaines mercredi à Londres. 

Le Kremlin a nié tout progrès dans les pourparlers de paix menés par les États-Unis avec l'Ukraine, tandis que l'UE pousse à utiliser les actifs gelés de la banque centrale russe pour financer les dépenses militaires et économiques de Kyiv.

Depuis le début de l'invasion en février 2022, le ministère russe des Finances a vendu plus de la moitié de l'or de son Fonds national de richesse « pour combler les déficits budgétaires », rapporte le Moscow Times la semaine dernière, réduisant les avoirs du Fonds de 405 à 232 tonnes début ce mois. Cela aurait pu rapporter l'équivalent de 17 milliards $ selon l'analyse de BullionVault.

La Banque centrale de Russie a quant à elle profité du pic record des prix en octobre pour vendre 3,1 tonnes d'or valant environ 400 millions $, selon les données officielles. C'est sa 10e opération de cette taille depuis janvier 2023, réduisant ses avoirs déclarés – qui avaient fortement augmenté après les sanctions de 2014 – d'environ 0,3% en poids cette année à 2 329 tonnes. La valeur de l'or de la banque centrale a cependant augmenté de 20,8% en roubles et de 53,2% en dollars en 2025.

Stimulées par la méfiance envers le dollar et le gel des actifs russes, les banques centrales ont accru leur demande d'or sur la première moitié de cette décennie, représentant 25,9% de la demande nette mondiale selon Metals Focus pour le World Gold Council, contre 15,5% dans les années 2010.

« Nous devons soutenir l'Ukraine pour qu'elle se défende », a déclaré la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen au Parlement européen, exhortant les États membres à soutenir sa proposition de « réparations » visant à combler le déficit budgétaire de 135 milliards € de Kyiv pour 2026-2027, plus des 3/5èmes étant destinés aux dépenses militaires. Le plan mobiliserait 185 milliards € d'investissements russes bloqués chez Euroclear, soit pour financer Kyiv directement, soit comme garantie pour un prêt des États membres financé par de nouvelles obligations.

« Les banques centrales des marchés développés et émergents prévoient d'ajouter à leurs réserves d'or, mais la hausse est davantage motivée par la politique que par les prix », selon un nouveau rapport de l'OMFIF. « Comme l'a dit un gestionnaire de réserves, détenir de l'or signale l'indépendance. »

L'or en dollars a touché 4173 $ l'once à Londres, tandis que l'argent approchait 53 $. Le président russe Vladimir Poutine a déclaré que son homologue américain Donald Trump « comprenait » que la guerre en Ukraine « est une question complexe nécessitant des solutions complexes ». Le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergeï Riabkov a ajouté : « Nous nous engageons pour les résultats d'Anchorage » – une réunion de trois heures en août dont les détails restent secrets.

Les actifs liquides du Fonds national de richesse russe – incluant l'or et le yuan – ont chuté d'environ 55% depuis début 2022 à 51,6 milliards $, rapporte le Moscow Times. Le vice-ministre des Finances Vladimir Kolychev affirme que les opérations de la banque centrale sur le marché domestique en or sont justifiées car la demande des ménages pour l'or comme épargne a augmenté, améliorant la liquidité du marché.

L'indice MOEX de Moscou a perdu 0,7% mercredi, mais la plupart des bourses mondiales ont progressé pour une 5e session, égalant la plus longue série de gains de l'indice MCSI depuis fin septembre. Les coûts d'emprunt américains sont remontés au-dessus de 4,0% sur les Treasuries à 10 ans, tandis que les Gilt britanniques ont vu leurs rendements baisser à 4,44%, un plus bas de 2025, après les annonces de hausses fiscales et de dépenses de la ministre des Finances Rachel Reeves.

L'or en livres est tombé de 30 £ depuis son plus haut de 3177 £, tandis que l'or en euros se maintient près de 3600 € – également un record il y a six semaines, peu après l'accord de paix entre Israël et le Hamas à Gaza. Le ministre jordanien des Affaires étrangères Ayman Safadi a déclaré hier à Berlin que seul Trump « aurait pu mettre fin à la guerre » à Gaza, mais que le cessez-le-feu « est malheureusement rompu par Israël ». Des responsables turcs, qataris et égyptiens se réunissent aujourd'hui au Caire, alors que le Hamas et Israël s'accusent mutuellement de violations.

Le secrétaire général de l'OTAN Mark Rutte déclare aujourd'hui dans une interview que Poutine « doit augmenter les impôts, ce qui en dit long sur la situation en Russie. La guerre contre l'Ukraine impacte vraiment la vie des Russes. » Le Parlement russe a approuvé aujourd'hui une hausse de la TVA de 20% à 22%, que le Kremlin impute aux alliés occidentaux de l'Ukraine. Le Times of India rapporte que les nouvelles sanctions américaines contre Rosneft et Lukoil ont « un impact financier plus faible que redouté sur les raffineurs indiens, les remises sur le brut russe compensant presque la baisse des volumes. »