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Entre IKB et Northern Rock, la crise de l'immobilier ne fait que commencer


Sur les marchés, les signes annonciateurs d'énormes problèmes sont de plus en plus nombreux.

Pourtant certains investisseurs -- sourds, muets, aveugles et haussiers -- refusent de les voir.

Ici en Australie
, par exemple, l'angoisse de la crise du crédit -- qui n'est toujours pas terminée -- fait chuter les actions. C'est à se demander si le secteur bancaire international va se remettre de cette confusion dans les dix prochaines années. "Les banques nationales allemandes sont au bord de l'effondrement", rapporte Wolfgang Reuter pour Der Spiegel.

De crainte d'être accusés d'alarmisme, nous allons l'expliquer en termes économiques très précis. Les banques sont à court de capitaux. Les pertes sont imminentes. La qualité des actifs se détériore. Le vrai problème, c'est de savoir combien d'institutions financières vont avoir besoin de plus de capitaux pour rester solvables, et qui (gouvernements, fonds souverains, fonds de couverture) va bien vouloir leur fournir ces capitaux.

L'article de Der Spiegel continue ainsi : "la situation est encore plus dramatique pour IKB, à Düsseldorf, la première banque allemande à avoir frôlé la faillite à cause de la crise immobilière américaine. La semaine dernière, une fois encore, les capitaux propres d'IKB se sont volatilisés. Jochen Sanio, président de la BaFin, agence de surveillance des banques allemandes, a menacé de fermer la banque vendredi, à moins qu'elle ne parvienne à lever 1,5 milliards d'euros. Mais KfW, le plus gros actionnaire d'IKB, ne pouvait pas renflouer la banque de Düsseldorf sans mettre en péril sa mission officielle, le soutien des PE et des PME".

Voilà où est le problème. Les banques et les sociétés de courtage aimeraient simplement passer leurs dettes subprime en pertes et en profits, et passer à autre chose. Mais elles ne peuvent pas. Parce que la façon dont les prêts subprime ont été "emballés" dans des titres boursiers rend quasiment impossible pour qui que ce soit de séparer les bons actifs des mauvais, de se débarrasser des mauvais... et de tourner la page.

Warren Buffett suggérait ce genre de manoeuvre la semaine dernière, en proposant de récupérer toutes les obligations de qualité que possèdent les assureurs hypothécaires, et de leur laisser tous les déchets. Les assureurs obligataires ont refusé. Mais l'idée de séparer les bons actifs des mauvais était (et est toujours) au moins possible pour les assureurs obligataires. Tout ce qu'ils ont à faire, c'est d'empiler d'un côté les dettes municipales et gouvernementales, et de l'autre les titres adossés à des crédits mobiliers.

Ce tri entre bonnes et mauvaises dettes ne peut pas se faire pour la plupart des obligations adossées à l'immobilier. Plutôt qu'une "désagrégation" du risque au point que plus personne ne ferait face au risque subprime, on assiste à la situation inverse. Une partie du risque subprime a été littéralement cuit dans un gâteau fait de centaines de milliards de dollars d'obligations adossées à des crédits hypothécaires.

La part des actifs malsains par rapport aux actifs sains risque d'être réduite. Mais on ne peut pas "dé-cuire" un gâteau. Les banques n'auront donc pas la moindre idée de la valeur de leurs actifs tant que les propriétaires immobiliers n'auront pas décidé de rembourser -- ou pas -- leurs hypothèques.

C'est pour cette raison que la crise durera encore certainement cette année et l'année prochaine. Les banques ont parié sur des actifs dont la valeur dépend du remboursement individuel d'hypothèques. Nous savons que le nombre de saisies augmente aux Etats-Unis. Nous savons qu'avec des taux d'intérêts plus bas, il est impossible de refinancer un prêt dont la valeur est négative. Et nous savons aussi que des chutes supplémentaires du prix moyen des maisons américaines vont augmenter les dettes des Américains.

Qu'est ce que cela annonce ? La crise immobilière va empirer aux Etats-Unis. Et les marchés financiers, étroitement liés à la valeur des maisons américaines, vont souffrir d'une instabilité encore plus inquiétante. Les entreprises financières, surtout les banques, risquent d'avoir de grandes difficultés à se relever dans ces circonstances. Et certaines banques n'y survivront pas, Northern Rock étant un avant-goût de ce qui nous attend.

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Prédédemment rédacteur du Strategic Investment conjointement avec Lord William Rees-Mogg, Dan Denning est un analyste en investissement indépendant basé à Melbourne, d'où il rédige l'édition australienne du Daily Reckoning. Il est aussi l'auteur du best-seller The Bull Hunter (Wiley & Sons) et correspondant pour les Publications Agora à Paris.

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