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Des fausses barres d’or au tungstène

Du tungstène dans une barre d’or ? Quel est le risque potentiel pour le marché de l’or… ?

« Imaginez un instant qu’une cache de faux très réalistes soit découverte, et qu’ils soient évalués à 134 milliards de dollars. Des blogs, de la chambre de vos parents aux locaux de Bloomberg, sonnent l’alarme immédiatement et affirment que la classe entière d’actifs est maintenant suspecte dans tout échange, tout portefeuille, engendrant une baisse des prix », écrit Adrian Ash pour BullionVault.

Des contrefaçons

Le résultat ? En juin 2009, quand quatre « hommes d’affaire » japonais ont été arrêtés en Italie avec une valise de fausses obligations américaines, le prix des T-bonds (les bonds du Trésor) a tout d’abord dégringolé (aïe !), puis est remonté (ah…), en poussant les rendements à la baisse (oh !).

Taux de maturité sur 10 ans

Figure 1 : Taux de maturité constants sur 10 ans.

Rien à voir, circulez, en bref. Donc quid des 6 mille milliards de dollars trouvés en février 2012 par la police italienne, et encore une fois en fausses obligations américaines d’état ? Ca c’est une vraie tentative de déstabilisation du marché, 42% du total officiel impayé, lui-même gonflé à 14 mille milliards de dollars grâce aux promesses de vrais trucs de l’Oncle Sam.

Pas de remarque sur la façon dont quiconque pourrait faire la différence ! Avec des contrefaçons si faciles et si abondantes, faire chuter les obligations du trésor fera sûrement chuter le monde vers une crise. Car aucun marché ne pourrait supporter de tels points d’interrogation non répondus, n’est-ce pas ?

Mais non, pas à moins que vous ne pensiez que le Jour du Président (jour férié américain en l'honneur des différents présidents) ait été précipité pour fermer le marché des obligations le matin suivant (c’est plutôt pratique. Et ceci est directement lié à la Maison Blanche, aussi…). Car une fois de plus, les prix de la dette du trésor ne varient pas plus, pas moins que d’habitude. Et tous à des prix beaucoup plus élevés que 2009, les obligations avec un taux de maturité sur dix ans ont apporté moins que 2%, que ce soit avant ou après.

Essayons à nouveau…

De l'or au tungstène

« Vous n’avez pas besoin d’être théoricien du complot pour trouver que c’est inquiétant », déclare le blogger financier chez Reuter, Felix Salmon, le weekend dernier, liant deux théories du complot en quelques mots. « Une barre d’or d’un kilogramme, certifiée pure à 99.98% par des tests XRF (fluorescence à rayons x), s’avère avoir été percée et remplacée avec du tungstène… »

Mince alors ! Du tungstène dans une barre d’or ? C’est bien que je ne détienne que de l’or fin dans une barre garantie de bonne livraison de 400 onces. Oh, mais Salmon pense autrement…

Salmon prévient : « Le fait qu’aucune barre [de négoce] de 400 onces trafiquée n’ait été trouvée… peut être considéré comme très inquiétant. Une indication que les marchés de l’or sont mauvais pour percer à jour de telles choses… En tous les cas, il y a désormais de sérieux « tail risk » (risques de perte extrême) pour tout le monde au sein du marché d’or physique ».

Risque de pertes extrêmes vous avez dit? Pour n’importe qui au sein du marché ?

Sérieusement ? Commençons avec les faits sur cette barre d’or au tungstène.

Le 21 mars, le négociant australien ABC a posté des photos sur son blog qui lui ont été emailées, apparemment, par l’affineur suisse MKS. Les photos montrent une barre d’un kilo, coupée en deux, et révélant cinq petites tiges de tungstène cachées à l’intérieur. L’email disait apparemment que la barre avait été achetée par un ferrailleur britannique, qui avait découvert que c’était une barre d’or au tungstène après s’être rendu compte qu’il manquait deux grammes au un kilo.

Comment est entré le tungstène, les photos ne le montrent pas. Comment les photos sont arrivées chez ABC prétendument de chez MKS, les gens de MKS ne le savent pas non plus. Nous ne savons pas si quelqu’un a déjà demandé à la police britannique ce qu’il en est de ces photos, mais le net a vu émerger des discussions sur le fait que la barre d’or au tungstène est une vraie fausse fausse barre d’or au tungstène.

Mais prenons l’histoire au premier degré. Le fabriquant de l’or au tungstène n’a pas essayé de vendre la barre à un négociant en métaux précieux, pas autant qu’on le sache. Il a choisi un ferrailleur plutôt, qui payera bien en dessous de la valeur réelle du marché, et est aussi moins capable probablement de repérer une fausse barre quand il en voit une. Parce qu’il faut des connaissances particulières pour juger de la vraie qualité des objets en or. C’est pourquoi les spécialistes existent, pour faire le travail de vérification de la qualité que le reste d’entre nous ne savons pas faire.

Qualité et garantie " Bonne livraison "

Juger de la qualité est essentiel sur le marché de l’or. Si essentiel qu’en fait le marché a abordé le problème il y a 250 ans. Les banques centrales, les utilisateurs industriels, les hôtels de la monnaie, les fabricants de bijoux et les grandes institutions financières ne prennent pas de risques. Ils emploient le circuit de bonne livraison, développé depuis la moitié du XVIIIème siècle à Londres, alors (et toujours) la solution pour les échanges en gros de l’or dans le monde, pour garantir qu’ils achètent et vendent seulement de l’or et de l’argent-métal de qualité supérieur.

Pesant entre 350 onces et 450 onces chacune (une coulée de 400 onces exactement est rare), les barres de bonne livraison de Londres sont la seule façon dont les grossistes échangent de l’or et de l’argent. Les pièces, les barres d’un kilo et les autres unités de mesure de vente au détail prennent typiquement cette forme au début, avant d’être fondues et moulées en pièces et barres plus petites. Ainsi que dans les plombages en or, dans les circuits imprimés, les feuilles d’aluminium, et toutes autres utilisations industrielles qui comptent pour 15% additionnel de la demande en or chaque année. La plus importante, une très large proportion de la demande internationale pour la joaillerie, sera satisfaite par de l’or fin moulé à un moment en barres de bonne livraison, même si le recyclage dans les marchés locaux peut représenter une portion pour cette filière.

Les barres de bonne livraison sont produites par un nombre restreint d’affineurs, chacun étant examiné et approuvé par la London Bullion Market Association. Les barres doivent répondre à des standards très stricts pour la pureté, le poids, la forme et l’apparence. Vous pouvez en apprendre plus sur la bonne livraison sur le site de la LBMA. Vous noterez que les critères pour l’affinage et l’essayage sont astreignants. Ensuite, depuis le jour où elle est moulée jusqu’au jour où elle est retirée pour une utilisation physique, la barre de bonne livraison doit restée dans un lieu de stockage sécurisé et approuvé. Le statut de bonne livraison est perdu au moment même où une large barre est retirée du lieu de stockage accrédité (nous estimons la perte immédiate de valeur à 6%) et les barres sont très rarement présentées à nouveau dans ce circuit. Il en va de la responsabilité du gérant du coffre-fort d’accepter ou de rejeter des matériaux dans le circuit de bonne livraison, quelque soient les souhaits du client. Car le gérant a un devoir envers le marché entier.

Ce que cela veut dire est que, au sein du circuit du coffre-fort, les barres de bonne livraison jouissent d’une « chaîne d’intégrité ». Cette chaîne, prolongée par chaque nouveau propriétaire quand ils achètent, relie le propriétaire actuel vers son vendeur, jusqu’à son propre vendeur, etc., jusqu’au point d’origine, et à la fin (ou au début), l’affineur approuvé qui a en premier moulé et essayé la barre, ou le gérant du coffre-fort qui l’a acceptée. Le statut de bonne livraison est difficile à obtenir, et aucune affinerie ni aucun coffre ne voudrait perdre cette accréditation une fois obtenue. Ils ne voudraient pas non plus payer les frais légaux ou faire face aux accusations de fraude. Pour s’assurer que le marché n’a pas de risques de perte, les ressources financière constituent une vérification importante par la LBMA, qui dirige et maintient les règles de bonne livraison et la liste, qui passent en revu les nouvelles candidatures et aussi les vérifications strictes conduites sur tous les prestataires accrédités.

Le marché de négoce des barres de bonne livraison jouit ainsi de dispositions réglementaires naturelles. L’intérêt personnel de la part de chaque individu impliqué permet de préserver tout le monde des fraudes. Pas un seul propriétaire dans la vie d’une barre ne peut espérer contrôler là où elle va, comment elle est utilisée, après la vente, et chaque propriétaire est enregistré par la chaîne d’intégrité enregistrant chaque vendeur d’un acheteur. Les faux pourraient peut-être circuler en dehors du circuit de bonne livraison, comme le montre l’histoire de l’or au tungstène. Mais il est très peu probable que de tels métaux puissent arrivés dans des lieux de stockage accrédité. Et si cela arrive, les coûts seraient la responsabilité de l’affineur originel, ou si proposer plus tard, du gérant du coffre-fort qui les a acceptés.

C’est pourquoi BullionVault et ses utilisateurs échangent uniquement des barres d’or de bonne livraison, les stockant uniquement dans des lieux de stockage accrédités bonne livraison. La même chose est vraie pour nos meilleurs concurrents aussi. Le propriétaire actuel n’est jamais exposé au type de fraudes que sont les barres d’un kilo d’or au tungstène. Car dans le cas très improbable qu’une barre s’avère être mauvaise, la société qui l’a introduite dans le circuit paiera. Et ici à BullionVault, nous garantissons nous-mêmes aussi la qualité de tous les grammes d’or achetés par nos utilisateurs.

Oui, mais il est possible que les faux comme les barres d’or au tungstène pourraient peut-être circuler en dehors du circuit de bonne livraison. Le faux manifeste qui a créé tout ce remue ménage, le prouve. Mais même là, « je suspecte que très peu de barres comme celles-ci sont en circulation » conclut ABC en Australie, commentant sur ses propres commentaires cette semaine. Et d’ajouter : « les barres d’occasions tendent à être ré-affinées pour être transformées dans d’autres barres d’autres tailles ou marques ou utilisées par les fabricants de bijoux. Nous saurons bientôt s’il s’agit d’un cas récurrent. »

Vous n’auriez sûrement pas besoin qu’un blog financier vous l’annonce.

 

Adrian Ash dirige le bureau de recherches de BullionVault, un des moyens les plus simples et les plus économiques au monde d'acheter et d'investir dans l'or. Après avoir été responsable éditorial pour Fleet Street Publications -- l'homologue britannique des Publications Agora -- il a été correspondant du Daily Reckoning à la City de Londres pendant quatre ans. Il intervient désormais régulièrement dans les publications de 321gold.com, FinancialSense, GoldSeek, Prudent Bear, SafeHaven et Whiskey & Gunpowder ainsi que sur plusieurs sites internet d'investissement. Les points de vue d'Adrian sur le marché de l'or sont régulièrement repris par le Financial Times et AFX Thomson.
 
 

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