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De l'or aux actions, la Réserve fédérale n'est responsable de rien

Nous ne savons pas vraiment quoi penser

de la résurgence de la Bourse -- ou du recul de l'or -- mais nous savons très bien ce que nous ne pensons PAS, écrit Eric Fry pour La Chronique Agora.

Nous ne pensons pas que les actions soient dans une nouvelle tendance haussière ; nous ne pensons pas non plus que l'or ait glissé vers une nouvelle tendance baissière. Nous pensons plutôt que les mouvements récents sont de court terme, que ce ne sont que de légers bruits qui vont à contre-courant des tendances générales. Ces bruits pourraient durer plusieurs semaines, mais il ne faut pas les confondre avec de la musique.

Ceci étant dit, les marchés financiers se fichent radicalement de ce que nous pensons. Ils se fichent même de ce que pensent Alan Greenspan et Abby Joseph Cohen. En réalité, les marchés financiers semblent adorer se moquer des sages. Depuis plus d'une décennie, les marchés se sont moqués de la "sagesse" selon laquelle les actions sont faites pour être achetées pour le long terme. Au cours des onze dernières années et des six derniers mois, par exemple, l'indice S&P 500 a livré un bénéfice total de zéro.

Les marchés se sont aussi moqués de la sagesse conventionnelle selon laquelle l'or est une relique barbare. Pendant cette même période de onze ans et demi, quand les actions étaient très occupées à ne rien faire, le prix de l'or a été multiplié par quatre !

Malgré ces résultats d'investissement étonnamment contraires, la sagesse contemporaine demeure aussi stupide que toujours. L'or n'est toujours rien de plus qu'un "outil de transaction", selon les sages professionnels de Wall Street, et les actions sont toujours les meilleurs capitaux d'investissement jamais utilisés par l'homme. Nous n'oserions pas nous opposer aux sages (ce sont des sages, après tout), mais nous aimerions vous faire remarquer que les systèmes économiques sont aussi sensibles à l'entropie que les systèmes naturels. En d'autres termes, il arrive que les économies s'effondrent, partiellement ou en totalité.

Dans la nature, le deuxième principe de la thermodynamique affirme que les systèmes sont sujets à une entropie plus importante, ou au désordre. Dans l'économie, un principe similaire s'applique, si ce n'est que les facteurs de l'entropie s'appellent "sénateur", "ministre des Finances" ou "président de la Réserve fédérale".

Dans le système économique américain, les entreprises privées font tout ce qu'elles peuvent pour prospérer. Mais les institutions publiques font également de leur mieux pour leur bloquer la route vers la prospérité. Au nom de "la stimulation de l'économie", les sénateurs accumulent les taxes et les dépenses de déficit, tandis que les ministres des Finances distribuent l'argent du contribuable à leurs amis de Wall Street, sans même demander leur permission aux contribuables.

Au beau milieu de cette entropie, que peut faire le président de la Réserve fédérale ? Il n'a pas autorisé les renflouements de centaines de milliards de dollars, et n'a pas voté pour les déficits budgétaires de milliers de milliards de dollars. Il est néanmoins celui qui est supposé nettoyer les dégâts. C'est lui qui est supposé diriger et mettre en place les politiques monétaires qui contrebalancent les effets négatifs des politiques fiscales insouciantes des Etats-Unis.

C'est chose impossible.

L'Amérique dépense des milliers de milliards de dollars qu'elle ne possède pas. Elle promet de dépenser encore des dizaines de milliers de milliards de dollars supplémentaires dans les années à venir. Elle n'aura pas cet argent non plus. Mais Ben Bernanke les possède... et on attend de lui qu'il les dépense. La situation économique empire -- ou en tout cas ne s'améliore pas -- et comme les conditions budgétaires des Etats-Unis se détériorent, Helicopter Ben va certainement voler au secours du pays avec quantité de "réponses politiques" qui vont toutes se résumer en quelques mots : imprimer des dollars. Nous n'en voulons pas à Ben. Que pourrait-il faire d'autre ? Il n'est pas responsable des dégâts et aucun mortel ne peut les nettoyer. Mais une presse à billets peut aider... du moins pendant un temps.

Ce n'est pas nous qui fixons les règles, cher lecteur ; nous essayons simplement de ne pas les oublier. Et nous n'avons pas oublié que le système économique a un caractère aléatoire ; nous ne devrions pas non plus oublier d'acheter de l'or en chemin.

Rédacteur en chef d'Apogee Research, une publication en ligne réservée aux investisseurs professionnels et aux fonds de couvertures, Eric J. Fry est un spécialiste de l'analyse des actions internationales depuis le début des années 1980. Il a été pendant plus de 10 ans professionnel de la gestion de portefeuille. Il est l'auteur du premier guide sur les certificats de dépôt américains.

Eric apparaît régulièrement à la télévision américaine dans des émissions financières. Il contribue également à des travaux de recherche pour quelques publications spécialisées dans l'investissement. A La Chronique Agora, il donne quotidiennement son résumé des nouvelles de Wall Street.

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