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Caterpillar en hausse… le platine en baisse

Le platine voit sa valeur s’aligner sur celle de l’or


" Pas de second Lundi noir pour les matières premières. L’or s’est même offert son premier rebond imputable à des achats à bon compte plutôt qu’à des rachats de short initiés par ceux qui avaient suivi — ou anticipé — la recommandation de vente de Goldman Sachs ", écrit pour Philippe Béchade La Chronique Agora.

Le métal précieux a réussi à reprendre plus de 2% pour se hisser jusque vers 1 430 $/once. L’argent-métal, en revanche, n’a pas tenu ses gains initiaux (+1,5%) ; il éprouve bien des difficultés à s’éloigner de la zone des 23 $ (avec d’étroites oscillations entre 23,3 $ et 23,4 $ à partir de la mi-journée hier).

Le platine rebondit également de façon plutôt timide depuis un plancher de 1 380/1 400 $ mercredi dernier. Il parvient tout juste à flirter avec les 1 435 $ alors qu’il se négociait encore 1 590 $ le 1er avril et plus de 1 618 $ début mars.

Le platine — métal industriel par excellence — voit donc sa valeur se rapprocher graduellement puis s’aligner sur celle de l’or. C’est bien le scénario du ralentissement économique qui justifie ce scénario.

? Et sur les marchés actions…

Côté actions, le CAC 40 termine pour la deuxième fois en trois séances sur un score nul et vierge à 0,001% près : difficile de croire à un pur hasard. L’indice parisien a oscillé entre 3 632 et 3 682 points, soit environ 1,5% de volatilité… mais il ne s’est échangé que 2,73 milliards d’euros.

Ce montant est déjà faible en lui-même mais il devient vraiment dérisoire s’agissant de la première séance d’une nouvelle échéance mensuelle sur les contrats à terme… Qui plus est à l’entame de la période de distribution des dividendes (manifestement, personne n’achète les “gros coupons”).

En clôturant à 3 652 points, le CAC 40 est repassé positif de 0,3% sur l’année 2013 (ce n’était plus le cas entre 16h et 16h30). Cependant, l’incapacité de l’indice à se redresser au-dessus des 3 660 points au final confirme la prédominance des pressions baissières.

Si la lourdeur persiste en Europe et à peu près partout en Asie, Tokyo (+1,8% lundi matin) et Wall Street continuent de défier la gravité terrestre.

Les indices américains n’ont pas raté leur entame de mois de mai, prolongeant la dynamique haussière ressurgie vendredi à l’occasion des “Trois sorcières” par une hausse de 0,13% du Dow Jones, de 0,50% du S&P 500 et de 0,83% du Nasdaq.

Le Russell 2000 et le Dow Transport se sont adjugé 0,25%. Ce score positif a été acquis grâce à un coup de reins survenu sans raison identifiable à 90 minutes de la clôture.

Mais quand Wall Street semble marcher sur la tête, aucun scénario — même le plus absurde — ne saurait plus nous surprendre.

? L’actualité ne justifie toujours pas la hausse
Rien dans l’actualité de ce lundi ne pouvait justifier une quelconque forme de soulagement ou d’optimisme sur les marchés américains. Les reventes de logements anciens ont reculé de 0,6% selon la NAR (Association nationale des agents immobiliers américains).

L’autre surprise du jour est venue de Caterpillar. La valeur a fini la séance en boulet de canon (+2,85%), après avoir longuement oscillé entre le rouge et le vert jusqu’à la mi-séance. Cela après l’annonce d’un bénéfice largement en deçà des attentes et l’émission d’un profit warning pour l’année 2013 — une majorité d’opérateurs s’attendaient à une correction de 3% à 4%… et c’est tout l’inverse qui s’est produit.

Par ailleurs, comment justifier l’envolée de 5,6% d’Halliburton qui — tout comme Caterpillar — a vu ses résultats basculer dans le rouge au premier trimestre ? A croire une nouvelle fois que de mauvais chiffres et des trimestriels décevants constituent l’irremplaçable carburant de la hausse… au motif que la Fed ne saurait dans ces conditions envisager de réduire ou interrompre le QE3 avant très longtemps (et certainement pas dès cet été).

Combien de temps les marchés vont-ils pouvoir continuer de s’apprécier en surfant sur le “si c’est mauvais du côté de la croissance, de la profitabilité des entreprises et de l’emploi, alors c’est bon pour Wall Street” ?

C’est un des aspects du fonctionnement des marchés que les médias préfèrent encore occulter (bien que la “logique des flux” soit évoquée de plus en plus librement). Les commentateurs ont vite glissé sur des hausses tenant du prodige pour se consacrer aux progressions qu’ils savaient expliquer.

Microsoft a engrangé 3,5% alors que le fonds ValueAct Capital a pris un “ticket” qui représente 1% du capital, ou l’équivalent de deux milliards de dollars.

L’autre locomotive du Nasdaq et du S&P fut Apple, qui a repris 2,1% à la veille de la publication de ses trimestriels. Même s’ils ressortaient nettement en retrait par rapport au trimestre précédent, la déception est probablement déjà prise en compte dans les cours après une chute de 9% la semaine dernière et une débâcle de 42% par rapport à ses sommets historiques de mi-septembre 2012.

Wall Street ne se contente pas de défier la gravité terrestre. Les bourses inspirent également des couvertures de magazine désopilantes comme celle de Barron’s qui représente les marchés américains sous les traits d’un taureau arborant un sourire de crétin satisfait, perché sur une perche à ressort qui — comme l’affirme le titre en caractères ultra-gras — devrait propulser le Dow Jones vers les 16 000 d’ici l’été 2014.

Autant affirmer que le prochain vainqueur du Prix d’Amérique sera un vieux percheron perclus de rhumatismes et monté par un aveugle — tout simplement parce que, vu l’état de la pauvre bête, la Fed va lui injecter une triple dose de produits dopants et offrir une cravache blanche à son jockey.

La réalité, c’est que cet attelage ridicule peut effectivement gagner la course… Tout simplement parce que les vrais trotteurs et les favoris — ceux qui ne se dopent pas — vont rester coincés dans leur paddock. Cela pour la bonne et simple raison que la Fed et la Banque du Japon ont déversé devant leurs portes des tombereaux de fausse monnaie afin de bloquer l’accès à la piste et aux stalles de départ.

 

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Philippe Béchade rédige depuis dix ans des chroniques macroéconomiques quotidiennes ainsi que de nombreux essais financiers. Directeur de la rédaction aux Publications Agora et intervenant quotidien sur BFM depuis mai 1995, il est aussi la 'voix' de l'actualité boursière internationale sur RFI depuis juin 2002. Analyste technique et arbitragiste de formation, il fut en France l'un des tout premiers 'traders' mais également formateur de spécialistes des marchés à terme.

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