Achat d'or comme valeur refuge par la Chine et la Russie
Le Venezuela vend son or.
Les ventes de la banque centrale du Venezuela montrent la valeur des achats d'or avant qu'une crise n'éclate.
Les dernières ventes d'or par le Venezuela démontrent aussi la valeur du métal en temps de crise, conviennent les analystes. La banque centrale qui détenait la 13ème plus grande réserve mondiale lève des fonds en vendant ses métaux précieux. Elle passe ainsi au 20ème rang mondial.
La décision de la Russie et de la Chine d'acheter de l'or est menée par l'inquiétude grandissante concernant la croissance économique mondiale et la santé des pays émergents, a écrit Robin Bhar, analyste de la Société Générale, qualifiant cela d'un fait évident important soulignant le point de vue des banques centrales sur l'or en tant qu'actif valeur refuge.
Parmi les économies émergentes, la nature de l'or comme valeur refuge devient de plus en plus importante, a indiqué le spécialiste Thomson Reuters GFMS, faisant aussi référence à la Chine, la Russie et le Venezuela.
Le premier pays producteur d'or au monde depuis 2007, la Chine, a vu sa banque centrale acquérir du métal jaune depuis 2009 au taux le plus important parmi les banques mondiales. Ajoutant 46 tonnes supplémentaires en 2016 pour atteindre 1 808 tonnes d'or au total en fin avril, elle n'a rien acheté en mai. Une première depuis au moins mai 2015.
La quatrième nation minière aurifère au monde, la Russie, a acquis 62 tonnes cette année, pour un total de réserves d'or de 1 476 tonnes. Il s'agit de la sixième plus grande réserve mondiale, juste derrière la Chine.
La baisse des prix du brut et l'implémentation de sanctions occidentales [concernant l'Ukraine et la Crimée] ont affaibli le rouble russe de presque 50% en deux ans, forçant la banque centrale à agir et à diversifier ses actifs en passant des dollars US à l'or, a indiqué Bhar.
Le volume d'achat d'or entre janvier et avril par Moscou était un peu inférieur au volume de l'or extrait dans les mines du pays, à 67 tonnes, au cours de la même période. Ce volume est plus élevé de 7% sur celui de l'an passé, selon le ministère russe des finances.
Les réserves totales des devises étrangères de Pékin en mai, proche des trois milles milliard de dollars, restent toujours la plus importantes au monde, mais est en baisse de près d'un quart par rapport au pic de 2015.
Comme pour la Russie, l'accumulation d'or par la Chine peut aussi être partiellement attribuée au désire du gouvernement de diversifier ses actifs, vu la dépréciation de la devise nationale, le yuan chinois, a conclu l'article de Société Générale.
Le Venezuela (contrairement à la Chine et la Russie qui bâtissent leurs réserves d'or comme forme de protection économique) a réduit ses stocks afin de créer de la liquidité mais malgré la divergence… les banques centrales sont forcées de passer à l'action sur le marché des métaux précieux, a ajouté GFMS.
Réserves de devises étrangères du Venezuela
Sous le gouvernement socialiste populaire de feu Hugo Chavez, le Venezuela avait rapatrié en 2011 presque la totalité de ses 365 tonnes d'or stockées à la Banque d'Angleterre. Cette mesure était considérée dans le pays comme historique et symbolique dans un contexte de menaces de sanctions internationales concernant la nationalisation des actifs détenus pas les étrangers. Cette mesure était perçue en dehors du pays comme onéreuse et non nécessaire en terme de gestion des réserves.
Avec l'économie qui se contracte maintenant de 10% au moins pas an, s'enlisant dans des émeutes pour l'accès à la nourriture et le pillage, les chiffres du FMI ont montré que le pays avait diminué ses réserves d'or de 88 tonnes en 2015 et de 43 tonnes au premier trimestre 2016, levant des devises étrangères précieuses lors de cette crise domestique touchant le successeur de Chavez, Nicolas Madura.
La dépression économique a entrainé un recul de long terme du prix du pétrole, un produit d'exportation majeur, et d'importantes dépenses de l'état. La production de pétrole du Venezuela a baissé de 11%, diminuant davantage les revenues de l'état et les réserves de change de la banque centrale du pays, de plus de 75% par rapport au pic de 2009.
Maintenant l'hyperinflation suit les tentatives du gouvernement de continuer de dépenser en imprimant de l'argent. Les prévisions du FMI pour l'inflation de près de 500% cette année seront proches des 2 000% en 2017.
L'observatoire des conflits sociaux du pays a indiqué que 25% des 641 manifestations du mois dernier concernaient la nourriture. L'observatoire vénézuélien de la violence rapport maintenant 10 pillages par jour, principalement dans la capitale, Caracas.
En prenant en compte les cours du marchés, les liquidations d'or par le Venezuela commençant en 2014 auraient permis de lever 5,2 milliard de dollars US.
En fin mai, les chiffres de la Banque centrale du Venezuela ont porté les réserves de devises étrangères à un peu plus de 12 milliards de dollars. Elles étaient estimées à 17 milliard de dollars en 2015.