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Accord en vue pour le refinancement de la Grèce

La Grèce est sauvée !

" La Grèce est sauvée ! Non ce n’est pas un slogan entendu 100 fois et ressorti de nos archives mais bel et bien le titre des dépêches tombées très tard lundi soir après que les membres de la Troïka se sont mis d’accord pour mettre en oeuvre une solution (totalement fumeuse) qui évite la faillite ", écrit Philippe Béchade pour La Chronique Agora.

Cette solution est un mélange de tout ce que la BCE, le FMI, la Bundesbank jugeaient impensable… contraire aux règles communautaires… interdit par les statuts des divers organismes impliqués. Mais que voulez-vous, quand il n’y a plus de carburant et que l’on risque la panne sèche en plein désert, un cocktail d’huile de friture (grossièrement filtrée), de parfum bon marché et de mauvais whisky fait très bien l’affaire s’il permet de rejoindre le prochain point de ravitaillement.

Qui se soucie alors que le véhicule répande dans son sillage une fumée âcre qui dégage une odeur nauséabonde ? Tout le monde fait semblant de rien car tout vaut mieux que de cuire en plein soleil au milieu des scorpions.

En fait de désert, nous pensons surtout au CAC 40. Il a clôturé en hausse (0,03%) et certains commentateurs se sont empressés d’affirmer que les volumes se sont étoffés !

▪ Toujours pas de volumes sur le CAC 40
Nous n’avons aucun mal à les contredire car la réalité s’avère bien différente. L’activité ne s’est nullement renforcée mardi car les 2,15 milliards d’euros mentionnés en clôture incluent plus de 600 millions de transactions techniques — vous avez le droit de penser fictives — durant le fixing.

A la fin de la séance, il ne s’était échangé en fait que 1,45 milliard d’euros. C’est à peine plus que la veille, et c’est un chiffre d’affaires qui s’inscrit très en-deçà de la moyenne des 12 derniers mois.

A l’image du marché parisien, les places européennes sont également repassées du vert au rouge à la dernière minute, de -0,08% à +0,04%. Les volumes sont tellement creux que cela ne coûte rien de faire un dernier petit geste qui entretient l’optimisme et permet, par exemple, de faire oublier que l’euro est retombé de 1,30 vers 1,293 $.

Ce fut également l’un des principaux motifs d’enthousiasme soulevé par le communiqué de Bruxelles annonçant l’accord sur le refinancement de la Grèce. La vigueur de l’euro face au yen et au dollar (avec le débordement des 1,3000) était perçue comme un signe très positif.
Cela n’a duré que le temps de publier une ou deux dépêches, car l’euro est très vite retombé sur les 1,2950 $… et franchement, il n’y a pas lieu de s’en plaindre !

Les cambistes semblent par ailleurs avoir jugé encourageante la panoplie de chiffres parus aux Etats-Unis mardi après-midi.
L’indice Case-Shiller des prix immobiliers a progressé de 0,3% au mois d’octobre (la hausse se poursuit dans 18 des 20 plus grandes métropoles américaines), mais les commandes de biens durables stagnent suite à la baisse d’activité dans les secteurs aéronautique et automobile.

Nous étions très curieux de découvrir la première estimation — post-élections — de la confiance des consommateurs du Conference Board. Contrairement à ce que nous anticipions, le soufflé n’est pas retombé et la consolidation de Wall Street n’a aucunement inquiété les ménages américains. Le baromètre du mois de novembre s’établit à 73,7 en novembre contre 72,2 en octobre alors que nous pensions le voir reculer vers 70, en partie pour cause de marasme en Europe.

L’opinion publique américaine se moque du passage à vide que traverse l’économie mondiale et surtout de la morosité de la conjoncture prévue en 2013. Nous avons appris hier que l’OCDE revoyait à la baisse la croissance mondiale de 3,8% à 3,4%, celle des Etats-Unis de 2,4% à 2,2%. L’Europe, quant à elle sera en récession avec un repli de 0,4% de l’activité, sachant qu’un rebond prévu début 2014 demeure très hypothétique.

▪ La Chine et les chiffres

N’allez surtout pas tenter de leur expliquer que la Chine publie des chiffres de croissance qui n’ont qu’un très lointain rapport avec la réalité. Wall Street reste convaincu que Pékin va soutenir son PIB par une initiative de relance du crédit et que l’Etat sera là quoi qu’il advienne si le système bancaire chinois faisait face à une épidémie de créances douteuses. Il circule depuis des mois des rumeurs de colmatage et de mesures de soutien artificiel à l’immobilier.

Ce qui compte, c’est ce que Wall Street croit, pas ce que les investisseurs chinois savent.

C’est pourquoi la chute de la Bourse de Shanghai sous les 2 000 points (son plancher historique de mars 2009) mardi matin n’a pas affolé les commentateurs occidentaux outre mesure. Même les analystes techniques doutent que la cassure des 2 000 points signe à coup sûr le début d’une nouvelle phase de désagrégation de la valeur des actions — c’est tout au plus une alerte mais pas un avis de tempête.
Or ceux qui vendent leurs titres, même au plus bas, ce sont ceux qui savent.

Ils savent parce que les entreprises cotées, ce sont eux qui les administrent ou qui en sont les principaux actionnaires. La Chine a elle aussi ses 1 ou 2% de riches qui possèdent 80% des actions.

Ceux-là appartiennent à la Nomenklatura affairiste qui s’est partagé le gâteau de la privatisation du patrimoine industriel du pays il y a 30 ans. Les héritiers philosophiques de Mao ont accepté une dose de libéralisation, à condition qu’eux-mêmes (les plus hauts cadres dirigeants), leurs descendants et leur famille gardent le contrôle de la richesse… des fois qu’une génération spontanée de méchants capitalistes sans scrupules et avides de gain serait tentée d’imposer sa mainmise sur la vie économique du pays.

Tout cela partait d’un bon sentiment et de l’impératif de sauvegarder les bienfaits de la révolution communiste en s’appuyant sur des familles réputées pour leur désintéressement et leur dévouement à la cause du Peuple !

Vous voyez, communistes ou capitalistes… les 1% les plus riches — malgré leur cynisme — aiment aussi se (nous) raconter de belles histoires.
Auxquelles ils sont désormais les seuls à croire !

 

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Philippe Béchade rédige depuis dix ans des chroniques macroéconomiques quotidiennes ainsi que de nombreux essais financiers. Directeur de la rédaction aux Publications Agora et intervenant quotidien sur BFM depuis mai 1995, il est aussi la 'voix' de l'actualité boursière internationale sur RFI depuis juin 2002. Analyste technique et arbitragiste de formation, il fut en France l'un des tout premiers 'traders' mais également formateur de spécialistes des marchés à terme.

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