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Le règne du cash

Aïe aïe aïe...



La semaine dernière a été la pire pour les investisseurs en trois ans. Même l'or s'est effondré, comme nous pensions que ce serait le cas, écrit Bill Bonner pour La Chronique Agora.

Les seuls actifs à la hausse ont été les bons du Trésor US et le dollar. Comme prévu, la Grande Correction fait son travail.

Jusqu'à présent, le marché boursier s'est tenu aussi bien qu'il le pouvait. Il semble désormais céder. L'or aussi.

Les gens riches achètent de l'or. Ils peuvent se le permettre. Ils savent que la fin du dollar approche -- tôt ou tard. Ils peuvent attendre.

Mais les classes moyennes américaines ont besoin de dollars. Les débiteurs ont besoin de dollars. Les consommateurs ont besoin de dollars. Quasiment tout le monde a besoin de dollars. Durant une correction, le cash est roi. Et le roi des rois, c'est le dollar.

Parce que c'est une devise -- croyez-le ou non -- en laquelle on peut encore avoir confiance. Ce n'est pas grâce à Bernanke, Obama et al. Notre gratitude va plutôt à la Grande Correction elle-même. Elle accomplit l'oeuvre d'une Banque centrale honnête. Elle rend le dollar à nouveau respectable. Grâce à la Grande Correction, le dollar peut se tenir la tête haute.

Comment ça ? Dans une correction, voyez-vous, tout baisse ou presque. Et quasiment tout le monde s'inquiète de voir ses investissements et son épargne baisser aussi.

Votre correspondant affirme qu'à long terme, mieux vaudra avoir investi dans l'or plutôt que dans le dollar. Mais tout le monde ne peut pas attendre que les faits donnent raison à votre correspondant. La plupart des gens ont des factures à payer. Et ça ne se fait pas avec de l'or. On paie ses factures en dollar.

Et qu'en est-il des investisseurs européens ou asiatiques ? Que vont-ils faire de leur argent ? Le mettre dans une banque française ou une obligation grecque ? Non. Ils veulent quelque chose de plus sûr. Ils veulent un bon du Trésor US.

Tant qu'on laisse la Grande Correction se poursuivre... la dette du Trésor US sera un bon endroit où mettre votre argent. Le problème, c'est que nous ne savons pas quand les autorités vont débarquer... comme des éléphants dans un magasin de porcelaine... et briser toutes les tasses à thé. Si bien qu'à la Chronique Agora en tout cas, nous allons garder notre or tout au long de cette correction, partant du principe que lorsque nous en sortirons, le dollar sera au sol parmi les éclats de porcelaine, tandis que l'or aura gardé toute son intégrité.

Lorsque nous sommes entrés dans cette Grande Correction, nous pensions que le processus prendrait quelques années. Nous nous sentions dans la peau d'un condamné lorsque le juge rend son verdict.

"De cinq à dix ans", avait-il dit.

A présent, on dirait que ça va prendre plus longtemps. Nous pensions que les autorités ne pourraient financer leurs déficits bien longtemps. Ce qui les forcerait à appuyer sur le bouton "panique" et à larguer des dollars par hélicoptère. Mais ce que le marché nous montre désormais, c'est que cette phase à la japonaise peut durer très très longtemps. Parce que la correction elle-même rend le dollar et la dette libellée en dollar plus attractifs !

Imaginez un peu ça : le rendement sur la dette du Trésor US à dix ans est désormais plus bas que le rendement du S&P. Qu'est-il arrivé à la prime de risque sur les actions ? Elle a disparu. La dette du Trésor US est désormais plus risquée -- si l'on en croit les rendements -- que les actions. Nous sommes d'avis qu'elle va devenir bien plus risquée encore. Plus la correction dure... plus elle s'approfondit... plus les gens désireront la sécurité des notes et obligations US. Et plus ils achèteront de titres du Trésor US... plus les rendements baisseront.

Parallèlement, les actions devraient baisser... augmentant les rendements. C'est ce qui se passe durant une correction. C'est ce qui est arrivé au Japon au cours des vingt dernières années.

Nous verrons probablement des rendements de 5% sur le S&P avant que tout soit terminé. Parce que les cours seront divisés par deux.

Et d'ici là, nous verrons les rendements obligataires baisser de 1% environ sur les obligations à dix ans. Cette correction est sérieuse. Elle semble encore plus forte que nous l'imaginions. Elle ne corrige pas simplement un marché haussier et une bulle du crédit. Nous n'en sommes pas certain, mais elle pourrait corriger un empire, le gouvernement moderne, le système monétaire basé sur le dollar... et, qui sait, peut-être une civilisation tout entière.

Nous allons devoir attendre pour voir jusqu'où elle ira.

Bill Bonner est le fondateur et président d'Agora Inc., une maison d'édition publiant des lettres d'information confidentielles – probablement l'une des plus brillantes au monde. Auteur de la lettre e-mail quotidienne The Daily Reckoning (450.000 lecteurs... ), il intervient également dans La Chronique Agora, directement inspirée du Daily Reckoning.

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