Que manigancent les marchés boursiers avec l'or et le dollar ?
Holà ! Le prix de l'or ne fait que grimper et grimper.
Il est à plus de 1 310 $ à l'heure où nous écrivons ces lignes, écrit Bill Bonner pour La Chronique Agora.
Nous attendons une panique à la vente... une crise boursière... pour un retour aux marchés craintifs, "averses au risque" de 2008-2009. Cela ne devrait plus tarder. Les gens sont encore au chômage. Les actions ne sont toujours pas bon marché. Et les prix de l'immobilier US continuent de baisser.
Les derniers chiffres publiés par Case-Shiller signalent une faiblesse renouvelée du marché de l'immobilier américain. Les prix chutent à nouveau. Jusqu'où iront-ils ? Peut-être baisseront-ils de 10%. Ou de 20%. Comme nous l'avons découvert lors d'un récent voyage en Floride, on peut déjà acheter des propriétés pour 75% moins cher que leur prix. Combien reste-t-il ?
Probablement pas beaucoup sur cette propriété en particulier. Mais la plupart des maisons n'ont baissé que de 20%. Elles ont encore du chemin à faire.
Et les actions ? Nous aimerions les voir s'échanger à des PER frôlant les 5, plutôt que les 15-20 qu'elles atteignent aujourd'hui. Les actions ont donc elles aussi encore du chemin à faire.
Mais M. le Marché a plus d'un tour dans son sac. Et s'il préparait une fuite hors du dollar... et une explosion du marché aurifère... AVANT le krach sur les autres actifs ? Nous nous attendions à voir les actions baisser... puis l'or grimper. Et si c'était le contraire ?
Et si l'étape finale du marché haussier de l'or avait déjà commencé ? Si les investisseurs et les spéculateurs commençaient à paniquer maintenant et à se débarrasser de leurs dollars ? S'ils vendaient sur la rumeur de l'assouplissement quantitatif... plutôt que d'attendre qu'il ait lieu ? S'ils faisaient grimper le prix de l'or jusqu'à la stratosphère, sans nous donner la possibilité d'en acheter plus à un prix plus bas ?
Tout est possible. M. le Marché est un type nerveux. Il pourrait faire tout et n'importe quoi. Nous ne serions pas surpris.
Tout de même, nous n'en mettrions pas non plus notre main à couper.
Les professionnels de l'investissement, en tout cas, deviennent haussiers sur le métal jaune.
"L'or devrait atteindre 1 450 $ l'once", titre un article du Financial Times.
Tel est le consensus dans le secteur des métaux précieux.
"Difficile d'être pessimiste sur l'or à court terme", déclare Kevin Crisp, président de la London Bullion Market Association (LBMA). "Au pire, on est neutre".
Nous voyons de plus en plus de prévisions haussières pour l'or. Mais pour l'instant, les détentions d'or réelles des investisseurs institutionnels ayant assisté à la conférence de la LBMA sont encore minuscules... moins de 5% de leurs portefeuilles.
Quant aux investisseurs individuels, c'est à peine s'ils ont entendu parler de l'or. Peu en possèdent, même en quantité limitée. Lorsqu'ils embarqueront -- cela engendrera une gigantesque nouvelle demande de métal.
Et il y a les banques centrales. Elles ont été vendeuses nettes d'or pendant de nombreuses années. En général, les banquiers centraux sont les pires investisseurs au monde. Ils achètent au plus haut et vendent au plus bas. Une bonne âme devrait les renseigner : ce n'est pas comme ça qu'il faut faire. Mais ils se sont débarrassés de grosses quantités d'or au moment où ce dernier atteignait des planchers historiques, en 1998-1999. Maintenant que le métal jaune est cinq fois plus cher, ils commencent à en racheter.
Lorsqu'ils en achèteront beaucoup, nous saurons que la partie est terminée ; il sera temps de sortir de l'or. Pour l'instant, ils ont tout juste commencé.
Les plus gros acheteurs seront sans doute les économies émergentes. Pourquoi ? Parce qu'elles n'ont pas beaucoup d'or : le métal jaune ne constitue que 1,6% des réserves chinoises, par exemple. Et parce qu'elles ont assez de liquidités pour en acheter.
La Chine pourrait être acheteuse majeure pendant 10 à 20 ans... et n'avoir qu'un pourcentage relativement limité de ses réserves en or. Idem pour l'Inde. Et le Brésil. Et la Russie.
Alors peut-être que Crisp a raison. Peut-être est-il difficile d'être pessimiste. Mais tant de gens sont optimistes... que nous ne pouvons nous empêcher de nous demander : que manigance M. le Marché ? Quelle potion perfide, diabolique et infernale est-il en train de nous concocter ?
Nous ne sommes pas pessimiste sur l'or, loin de là. Nous nous attendons à voir le prix grimper à 3 000 $... ou 5 000 $... avant que ce cycle ne prenne fin. Mais nous sommes chagriné de voir tant d'autres personnes du même avis que nous.
Ce serait typique de M. le Marché : attirer les retardataires sur le marché de l'or. Leur administrer une bonne raclée... puis faire grimper l'or encore plus haut.