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L'or et ceux qui n'y connaissent rien

Nous avons lu un article remarquable dans le magazine américain MONEY

-- prouvant que MONEY n'y connaît rien à l'argent, écrit Bill Bonner pour La Chronique Agora.

"Pouvez-vous reconnaître le moment où un boom se transforme en bulle ?" demande l'auteur de l'article. "Un indice : lorsque la culture populaire commence à s'y intéresser. La bulle de l'immobilier, par exemple, a fait naître plusieurs émissions sur l'immobilier".

"Par conséquent, si vous possédez beaucoup d'or, vous pourriez considérer un récent épisode de l'émission Saturday Night Live comme votre premier avertissement. Durant la séquence d'ouverture, Bill Hader, en tant que président chinois Hu Jintao, déclare que Glenn Beck avait raison et que 'mon gouvernement aurait dû acheter de l'or. Malheureusement, tous nos actifs étaient immobilisés dans des bons du Trésor US'."

"Dans le monde réel, l'or s'échange à environ 1 400 $ l'once, en hausse par rapport à moins de 500 $ il y a cinq ans. C'est un rendement annualisé de 23%, dépassant de loin les gains des actions (1,1%) ou des obligations (6,1%). La crainte nourrit une bonne partie de la hausse".

MONEY a raison sur un point -- mais pas sur le bon. Lorsque la culture populaire s'intéresse à une classe d'actifs -- les valeurs technologiques en 1999 ou l'immobilier et la finance en 2006 -- on sait qu'il est tard dans une fête qui bat son plein. Ce n'est qu'une question de temps avant que les voisins ne se fâchent et appellent la police.

Mais le journaliste est à côté de la plaque. La culture populaire doit prendre la bulle au sérieux. Non comme une plaisanterie.

L'auteur admet que le magazine a essayé de convaincre ses lecteurs de vendre l'or l'an dernier à la même époque. C'était une erreur coûteuse. Le métal jaune a grimpé de près de 30%. Mais ça montre simplement à quel point il est difficile de détecter le sommet d'un marché de bulle.

Oui, sauf que l'or n'est pas dans une bulle. Il est dans un marché haussier. Il se transformera en marché de bulle plus tard. Pour l'instant, presque personne n'est venu à la fête. Demandez à vos amis, cher lecteur. Demandez à votre famille. Combien d'entre eux possèdent de l'or ? Demandez aux chauffeurs de taxis, aux vendeurs d'assurances, aux concessionnaires automobiles et aux psychiatres. Demandez aux lecteurs du magazine MONEY. Ont-ils de l'or ? Non. Le métal précieux vient peut-être de terminer sa 11ème année de hausse, mais les gens n'ont toujours pas pigé. Ils pensent qu'il y a quelque chose de bizarre au sujet de l'or... comme si en avoir revenait à dire qu'on ne fait pas confiance à Ben Bernanke, ou quelque chose comme ça.

MONEY continue expliquant pourquoi il ne faut pas acheter d'or aujourd'hui.

Raison n°1 : "[avec l'or,] les mauvaises nouvelles économiques ne vous rapporteront peut-être pas beaucoup d'argent. Les bonnes nouvelles pourraient vous ruiner".

Evidemment, tout dépend du genre de mauvaises nouvelles. Et de leur gravité. Historiquement, l'or est un refuge contre les mauvaises nouvelles. Et nous ne voyons pas ce que nous préférerions avoir en cas de mauvaises nouvelles... à moins qu'elles soient si épouvantables que nous préférerions une ferme dans la campagne avec une vache, un cochon, de la volaille et une cache d'armes.

Mais qu'en est-il des bonnes nouvelles ? C'est vrai, l'or baisserait si les nouvelles étaient bonnes. L'auteur parle des années 80 et 90... comme si une répétition de cette période de vaches grasses était possible. Oh là là, le pauvre !

Quelle est la probabilité d'assister à une redite des bonnes conditions des années 80 et 90 ? Eh bien, nous devrions commencer avec des taux d'intérêt élevés comme au début des années Reagan (ils sont extrêmement bas actuellement). Il nous faudrait ensuite des cours boursiers bas (ils sont 1 100% plus élevés aujourd'hui). Nous aurions besoin d'une inflation relativement haute (l'IPC US frôlait les 13% au début des années 80), plutôt que les 1,1% d'inflation centrale enregistrés aux Etats-Unis en ce moment. Il faudrait une base monétaire d'environ 120% du PIB, plutôt que 400%. Et il faudrait une Fed déterminée à mettre fin à l'inflation, plutôt que décidée à la causer !

Et nous devrions aussi être tous 30 ans plus jeunes.

Tout bien considéré, nous reviendrions volontiers aux années 80 -- si nous le pouvions. Mais qui pourrait penser que c'est possible ? Un journaliste de MONEY. Oui, si la situation revient vraiment aux années 80 et 90, l'or prendra une raclée. C'est une chance que nous sommes prêt à courir.

La raison n°2 n'est pas meilleure. "Certes, le dollar a des problèmes. Mais regardez un peu les autres". Nous ne sommes pas certain de la signification de cette phrase. Le système monétaire de la planète entière est basé sur les devises fiduciaires, et le dollar en est au coeur. La semaine dernière, le dollar a baissé par rapport aux devises étrangères. Et alors ? Nous ne pouvons pas vous dire laquelle de ces devises papier s'effondrera la première... mais elles finiront toutes par le faire. Comment le savons-nous ? Eh bien, en toute modestie, nous admettons que nous n'en sommes pas certain. Nous ne savons rien avec certitude. Mais toutes les devises papier mises en place -- à part celles d'aujourd'hui -- ont disparu. Aucune d'entre elles n'a jamais survécu à un cycle du crédit complet. Tout va bien à la hausse. Mais elles s'effondrent à la baisse.

Le cycle du crédit est actuellement dans sa phase baissière. Ou il ne va pas tarder à l'être. Le dollar ne survivra pas. Lorsqu'il commencera à boiter et à tousser, certains investisseurs se tourneront peut-être vers le yuan chinois ou le franc suisse. Mais la plupart voudront de la vraie monnaie... du genre auquel on peut faire confiance... le genre qui ne disparaît jamais...

... le "dernier debout" dans une crise monétaire -- l'or.

MONEY a des raisons valables de conseiller à ses lecteurs de rester hors de l'or. Ils ne valent pas mieux. Et à la fin de l'article, comme si l'auteur n'était pas certain d'avoir prouvé son point de vue, il dit à ses lecteurs que s'ils veulent se positionner sur le métal jaune, ils ne devraient y consacrer que 1% de leur portefeuille. Et mettre leur argent dans des options, non dans le métal physique. Si ce pari se révèle gagnant, le lecteur de MONEY toucherait alors le pactole.

Attendez une minute. Imaginez le lecteur de MONEY. Il a un portefeuille de 200 000 $. Suivant les conseils de MONEY, il entretient un portefeuille équilibré de valeurs boursières. Il en prélève 2 000 $ et achète une option sur l'or. Si l'or grimpe de manière spectaculaire, son option à 2 000 $ se transforme en 20 000 $, par exemple. Qu'est-il arrivé au reste de son portefeuille ? Nous n'en savons rien, mais il y a de bonnes chances soit que son option expire sans valeur -- dans ce cas, il perd ses 2 000 $. Ou bien... si elle rapporte... si l'or grimpe en flèche... le reste de son portefeuille pourrait enregistrer des pertes bien plus conséquentes que ce qu'il récupérera grâce à sa position aurifère.

Une fois encore, MONEY est à côté de la plaque. Les investisseurs individuels ne devraient pas spéculer sur l'or. Ils devraient acheter le métal comme mesure de sécurité -- pour se protéger de toutes les politiques et spéculations idiotes des banques et de la Fed. Cette dernière ne fait plus son travail. Ses réserves ne sont que des ordures -- des obligations qui devront être remboursées par le gouvernement fédéral (insolvable) ou par des propriétaires immobiliers complètement sous l'eau. Dans la mesure où la Fed est ruinée, les gens doivent avoir leurs propres réserves d'argent réel. C'est-à-dire de métal jaune.

Bill Bonner est le fondateur et président d'Agora Inc., une maison d'édition publiant des lettres d'information confidentielles – probablement l'une des plus brillantes au monde. Auteur de la lettre e-mail quotidienne The Daily Reckoning (450.000 lecteurs... ), il intervient également dans La Chronique Agora, directement inspirée du Daily Reckoning.

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