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C'est le moment de jouir de votre or !

L'or est-il en état de bulle ?

Va-t-il redescendre ? Que faire à ce stade ?
Autant de questions que vous devez immanquablement vous poser, écrit Simone Wapler pour La Quotidienne de MoneyWeek.

A 1 353 $ et 967 euros l'once, l'or est certainement rentré dans la
troisième phase de son grand marché haussier, celle qui verra son
sommet et son déclin, jusqu'à la prochaine crise. Mais cette troisième
phase devrait durer quelques années. En 1980, les progressions de l'or
et de l'argent furent respectivement de 2 276% et 3 099% avant la
traversée du désert. Nous n'en sommes qu'à 412% et 419%.

Vous lisez certainement, tout comme moi, beaucoup d'articles sur l'or
depuis que celui-ci retient à nouveau l'attention des médias grand
public. Pourtant beaucoup de ces articles passent à côté de
l'essentiel.

L'or monte parce que les taux d'intérêt sont bas, trop bas
Les taux longs actuels ne garantissent
plus la conservation de l'argent, de l'épargne. Le rendement réel est
négatif ou nul en Europe, aux Etats-Unis et au Japon. Ce qui signifie
que l'épargne sans risque – celle qui, par exemple, vient se placer
dans les obligations d'Etat – est punie. Elle perd de sa valeur dans le
temps.

Cet état de fait tue la monnaie. En effet, la monnaie a trois fonctions.
Les deux premières sont bien connues : instrument d'échange et
instrument comptable. La troisième fonction est oubliée, pour ne pas
dire méprisée. C'est celle de réservoir de valeur, de stockage de votre
travail. En effet quiconque a perçu de l'argent estime avoir le droit
de pouvoir stocker le fruit de son labeur, de l'épargner pour le
dépenser quand il le juge opportun. Lorsque la monnaie ne remplit plus
cette fonction, les gens se tournent vers l'or. Cette troisième fonction est haïe du monde politique. En effet, dans un Etat-providence, celui qui épargne trahit : il n'a pas suffisamment foi dans son gouvernement
et il soustrait de l'argent au circuit de la consommation et de la
redistribution nécessaire au bonheur collectif.

Mais lassés de la surconsommation à crédit et soucieux de leur avenir, de plus en plus de gens souhaitent pouvoir stocker leur épargne sans
risque de dévalorisation. Parmi eux, certains estiment que les obligations souveraines sont encore sûres, c'est pour cette raison que les taux restent bas. Cependant, d'autres, de plus en plus nombreux et inquiets des manipulations monétaires, estiment que l'or peut apporter à la fois sécurité et garantie du capital. Nous faisons partie de ceux-là.

Certes, la crise de l'euro est, pour le moment, sous boisseau. C'est ce qui explique que l'or exprimé dans la monnaie unique est loin de son record
à plus de 1 000 euros l'once. Mais le feu couve.

Quantitative easing saison II : aussi meurtrière et inutile que le premier épisode
Quant au dollar, une seconde opération d'assouplissement monétaire est programmée pour absorber le déficit américain de 2011. Les investisseurs les moins avertis savent désormais que quantitative easing signifie une nouvelle impression de dollars à partir de rien. En l'occurrence 1 000 milliards de dollars.

Incidemment, ce chiffre permet de prendre la mesure de la dégringolade du dollar : 1 000 000 000 000 000 000 000 = 1 trilliard = 1 000 milliards. Le simple fait d'avoir besoin du trilliard comme unité de comptage pour rendre cette succession de "0" assimilable prouve que le dollar a du mal à rester un instrument comptable. C'est plutôt mauvais signe et peut-être qu'à l'issue de cette crise il y aura un nouveau dollar comme il y eut un nouveau franc.

Le cours actuel de l'or intègre pleinement ce quantitative easing II.

La guerre des monnaies : une autre vaste entreprise de destruction de votre épargne
Il ne vous a pas échappé non plus que les interventions monétaires dites compétitives se multipliaient. Frédéric Laurent vous en reparle ce mois-ci dans Vos Finances. En pratique, il ne s'agit que de destruction monétaire en règle. Un banquier central soutient une monnaie étrangère en en achetant suffisamment sur le marché pour faire monter son cours et donc faire baisser sa propre monnaie. Seul problème : ce qu'il achète se crée – s'imprime – à volonté. Ce ne sera donc jamais assez ! Même la Suisse s'est adonnée vainement à ce jeu.

Le pouvoir politique plaide qu'il s'agit de préserver la compétitivité nationale et les exportations. Il omet de préciser que, de tout temps, à économie saine, pays fort et monnaie forte.

La plupart des pays dits riches exportent des biens à forte valeur
ajoutée pour lesquels les fluctuations de parité monétaire sont
secondaires. Les interventions se résument donc le plus souvent à un
feu de paille. En revanche, la création monétaire qui, elle, a financé
ces opérations d'intervention, reste. Phénomène plus grave, pour le
citoyen dont la banque centrale est intervenue, les produits importés
vont se renchérir. Il y perd donc en pouvoir d'achat.

Le cours actuel de l'or intègre aussi cette course à la dévalorisation.

Alors, à quand la fin de la hausse de l'or ? Facile...
Lisez donc tout ce qui touche à l'or avec
un peu de recul et ne conservez qu'une chose en tête : l'or baissera
lorsque les taux d'intérêt remonteront.

Pour le moment, il y a un os et de taille : si les taux d'intérêt remontent les pays dits riches (et qui ne sont plus riches que de dettes) font faillite. C'est pourquoi le cartel des taux bas (Europe, Japon,
Etats-Unis) préfère détruire sa monnaie plutôt que d'en passer par là.
Et encore, pour l'Europe, il faudrait dire préférerait ; car
Jean-Claude Trichet n'a pas les coudées franches pour les interventions
monétaires. C'est ce qui nous sauve, tant qu'Angela Merkel veille au
grain...

L'or devrait baisser en novembre
Je suis prête à parier (de la monnaie de singe) que l'or va baisser dès le résultat des élections américaines de mi-mandat, le 2 novembre. Si les sondages sont corrects, ces élections devraient désavouer Obama. Les marchés anticiperont alors une diminution des dépenses publiques et un retour à moins
d'interventionnisme de l'Etat. Ceci sera mauvais pour les marchés
actions bien sûr, mais surtout pour l'or qui pourrait violemment renouer avec le cours de 1 050 $ l'once.

Tant mieux. Nous en profiterons pour nous renforcer.
Depuis deux mois et une semaine, l'or n'a pas connu de repli significatif. Ce n'est bien évidemment pas une situation normale.

Que faire maintenant ?
Prenez partiellement vos plus-values sur vos investissements à court terme sur l'or ! Et gardez au chaud, ou intéressez-vous de près, aux investissements à moyen ou long terme. La hausse de l'or n'est pas terminée et il est encore temps d'en profiter.

Simone Wapler est analyste, journaliste et ingénieur de formation. Elle a déjà contribué à des publications telles que Le Point, Enjeux, Les Echos, Chart's... Spécialisée dans les valeurs industrielles, les matières premières, les énergies, l’or, les minières Simone Wapler est passionnée par et les investissements « tangibles ». Elle analyse chaque mois le secteur aurifère et les marchés étrangers dans la lettre d'investissement Vos Finances - La Lettre du Patrimoine et elle intervient régulièrement dans l'Edito Matières Premières ou dans différents rapports d’investissements.

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