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Une affaire en or qui n'est pas une arnaque

L'alcool rend nostalgique.

C'est une constatation que je fais régulièrement après quelques verres. Voyez-vous, cher lecteur, avec le retour du beau temps, nous avons de plus en plus tendance à nous retrouver entre collègues de MoneyWeek et des Publications Agora à la terrasse du café qui se trouve en face de nos bureaux, écrit Cécile Chevré.

L'heure passant, les verres se vidant, nous en venons à évoquer les années "archéologiques". Celles où l'or ne valait presque rien et où la plupart des investisseurs se pliaient en deux de rire quand nous évoquions une once d'or à 500 $... et peut-être même 1 000 $ un jour.

Aujourd'hui, cela ne fait plus rire personne... A peine un petit soupir de regret en pensant qu'un jour, il n'y a pas si longtemps en fait, l'once ne valait que 1 000 $. Si vous avez fait partie de ceux qui ont suivi la recommandation de Bill Bonner d'acheter de l'or et vendre vos actions il y a une dizaine d'années de cela, il y a de grandes chances pour que vous soyez en train de lire cette Quotidienne d'un hamac sur une île déserte

Oui, aujourd'hui, le cours de l'or ne fait plus rire personne. Ni celui de l'argent. En moins de deux mois, celui-ci est passé de 20 $ à 40 $. Les 50 $ l'once semblent à portée de main.

Qui a peur du grand méchant argent ?
Qui veut encore de métaux précieux à ces cours ? Cette hausse va-t-elle finir par prendre fin ? Est-ce que l'argent et l'or valent leurs cours actuels ?

Qui sait... comment définir le cours des métaux ? Il faut certes prendre en compte leur coût d'extraction, de transport, leur utilisation dans l'industrie, la joaillerie... mais cela serait si simple si cela se limitait à cela.

Car l'or et l'argent ont une portée symbolique. Presque prophétique.

Que sont-ils en train de nous dire aujourd'hui ? Que l'iceberg est en vue. Que les Etats-Unis vont droit dans le mur de la dette. Que la plupart des monnaies fiduciaires – dollar en tête – sont dévaluées, dévalorisées, détruites... Que la zone euro n'a encore rien vu venir, que les demandes de renflouement, les restructurations de la dette et même les faillites vont s'enchaîner...

La hausse, mais jusqu'où ?
Les métaux précieux nous disent que nous sommes allés trop loin dans l'économie de la dette.

Jusqu'où peuvent-ils alors aller ? Pour l'or, cela semble plutôt simple : le grand marché haussier est loin d'être terminé. Quand prendra-t-il fin ? Prenons quelques paris : quand les Etats-Unis arrêteront de creuser leur déficit, quand ils arrêteront de se financer avec de la dette, quand ils arrêteront de détruire leur monnaie.

Même chose avec ce qui se passe en Europe. Nous vous en avons parlé hier. Qui du dollar ou de l'euro va plonger le plus ? Le grand gagnant sera en tout cas l'or.

Argent, trop cher ?
Pour l'argent, c'est un peu plus compliqué. Certes, de l'autre côté de l'Atlantique, il se remonétise mais surtout il a la fâcheuse habitude de décevoir ses plus fervents partisans en n'allant jamais aussi haut qu'espéré.

Mais surtout, pour le moment, le marché de l'argent reste très réduit. Peu d'acheteurs, une offre peu étendue et beaucoup de spéculation et pas mal de rumeurs : voilà des ingrédients explosifs. En 1997, Warren Buffett a acheté 130 millions d'once d'argent, soit 37% la production mondiale de l'époque. Qu'en a-t-il fait ? Certaines rumeurs prétendent qu'il en a vendu la plus grande partie en 2006 pour fournir en métal la création d'un ETF sur l'argent lancé par la Barclays. La vérité c'est que personne ne sait réellement ce qu'est devenu cet immense trésor de guerre.

Aujourd'hui, c'est la banque JP Morgan qui concentre la plupart des rumeurs sur le cours de l'argent. L'argent est-il manipulé ? C'est la question que se posait dans MoneyWeek, Camille-Yihua Chen : "Les spécialistes sont de plus en plus nombreux à penser que le cours de l'argent ne reflète pas sa valeur réelle. Actuellement sur le Comex – Bourse américaine de l'énergie et des métaux –, l'argent évolue autour de 30 $ l'once : un chiffre qui, rapporté au cours actuel de l'or (1 360 $ l'once), donne un ratio or/argent de 45, soit une pièce d'or pour 45 pièces d'argent".

"Mais, pour beaucoup, le juste prix de l'argent devrait approcher 50 $ l'once, ce qui ramènerait ce ratio à... 27, plus proche de la proportion qui, avant le XIXe siècle, fluctuait entre 10 et 16, au temps où l'argent était utilisé comme monnaie aux Etats-Unis et au Royaume-Uni. S'il revenait à 16 ou à 10, hypothèse que privilégient certains, l'once d'argent pourrait s'envoler à 85, voire à 100 $ !".

"'La seule raison pour laquelle le ratio or/argent reste encore à 48 tient au fait que le cours de l'argent est manipulé par les grandes banques', dénonce Eric Sprott, fondateur du fonds canadien Sprott Asset Management LP".

Dans le viseur des accusateurs, JP Morgan donc. Pendant plus de deux ans, entre 2008 et 2010, la banque américaine et HSBC auraient détenu entre 90% et 95% des positions short sur l'argent et auraient oeuvré pour maintenir les cours assez bas. Aujourd'hui, elles ne possèdent que 35% des positions vendeuses sur l'argent, ce qui reste suffisant pour exercer une pression sur les cours.

Notons tout de même que depuis qu'HSBC et JP Morgan ne sont plus en position hégémonique sur les positions short, le cours de l'argent est sérieusement reparti à la hausse !

Comment miser sur l'or et l'argent ?
Les raisons pour une poursuite de la hausse sont nombreuses. A court terme, dans l'Investisseur Or & Matières, Sébastien Duhamel anticipe une once d'or à 1 500 $ puis 1 580 $. Quant à Simone, elle prévoit que l'or pourrait grimper jusqu'à 3 000 $ et 2 000 euros fin 2012.

Si l'argent poursuit sur sa lancée, les 200 $ l'once seront accessibles. Malgré son cours capricieux, Simone reste positive sur son évolution dans les mois qui viennent.

Alors que faire ? Le mieux dans un grand marché haussier, c'est d'acheter de l'or et de l'argent, de placer quelques ordres de ventes pour sécuriser vos gains autour de seuils clés (pour l'argent, 50 $, 100 $... etc.)... et de profiter tranquillement de la hausse.

Cécile Chevré est titulaire d’un DEA d’histoire de l’EPHE et d’un DESS d’ingénierie documentaire de l’INTD. Cécile Chevré participe à la rédaction de la Quotidienne de MoneyWeek, un éclairage lucide et concis sur tous les domaines de la finance.

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