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A 1 200 $ l’once d’or, j’achète !

L’or a de nouveau pris une raclée.

" M. le Marché fait usage de sa magie sournoise… effrayant les retardataires… et donnant aux autres l’impression que l’Apocalypse est sur nous ", écrit Bill Bonner pour La Chronique Agora.

Si nous devions avancer une hypothèse, nous dirions que le prix de l’or va chuter de 100 $ encore environ. Ensuite, il rebondira probablement un peu… l’argent sérieux tirant parti de cette opportunité.

Mais les feux d’artifice sur le marché de l’or sont probablement encore loin devant nous. Vous entendrez les explosions quand les prix à la consommation commenceront à grimper. Et ça ne se produira pas avant un temps.

C’est là que l’histoire devient très intéressante… et difficile à suivre. Le marché obligataire s’est retourné. Cela enfoncera l’économie plus profondément dans la dépression. Mais il pourrait se passer des années avant que la nouvelle tendance soit fermement établie. Nous nous rappelons le dernier virage qui a eu lieu aux Etats-Unis… au début des années 80. Paul Volcker l’avait annoncé en 1979. Mais il a fallu quatre ans pour que les investisseurs absorbent entièrement la nouvelle.

En attendant, il n’y a pas de pression sur les prix à la consommation… parce qu’il n’y a pas de véritable reprise. Les médias semblaient s’être embrouillés sur le sujet, la semaine dernière. Certaines sources rapportaient de grandes améliorations sur divers indicateurs, avancés ou non. D’autres se sont concentrés sur le fait que la croissance du PIB américain au premier trimestre a été plus faible que prévu. On peut croire tout ce qu’on veut.

Mais nous sommes certain d’une chose : il n’y aura pas de vraie reprise.

Nous sommes plein d’incertitudes sur tout ou presque. Demandez-nous notre numéro de téléphone… nous hésiterons et vérifierons par deux fois. Demandez-nous qui a gagné la Première Guerre mondiale… nous aurons toute une charretée de faux-fuyants. Demandez-nous où va le marché boursier… nous nous mettrons à rire.

Mais demandez-nous si une reprise se produit et nous aurons une réponse toute prête : non.

? Comment pouvons-nous en être si certain ?
Une reprise a besoin d’une base solide. Et la période 2003-2007 a été tout le contraire. C’était la fin fiévreuse d’un long mal qui affecte l’économie américaine depuis le début des années 80. C’est à ce moment-là que l’économie américaine est passée d’une croissance réelle à une pseudo-croissance factice, nourrie par la dette. Auparavant, le ratio dette/PIB était resté à 150% environ pendant des décennies. Les Américains vivaient leur vie… épargnant… empruntant… dépensant… créant… produisant… de manière raisonnable. La croissance provenait de là où elle était censée provenir — des augmentations de productivité partagées entre les travailleurs, les prêteurs, les investisseurs et les entreprises.

Ensuite, la confluence d’un certain nombre d’étrangetés a fait grimper les niveaux de dette en flèche…

… Les Etats-Unis avaient la chance d’avoir la devise de réserve mondiale durant une ère de devise fiduciaire.

… Les Chinois produisaient des choses moins cher que les Américains. Wal-Mart a baissé encore les prix.

… L’administration Reagan a décidé que "les déficits ne comptent pas".

… Et l’industrie financière a trouvé des moyens innovants de formater et de vendre la dette.

Résultat, les niveaux dette/PIB sont passés à 300% à la fin du siècle dernier… puis à 360% en 2007.

Cette dette suplémentaire a changé la nature de l’économie. Ce n’était plus une économie qui se développait en produisant des choses ; c’était désormais une économie qui avait besoin d’injections de dette croissantes pour s’envoler.

? Drogues dures
En 2007-2008, les prêteurs subprime se sont mis à trembler, et ce fut la fin. Du moins pour eux. En quelques heures, les autorités apparurent sur la scène avec des drogues plus dures. Depuis, ils tentent de revivre ce glorieux "premier shoot".

Ils y sont encore. Dans le Financial Times de vendredi :

"Les dirigeants de la Fed tentent d’anéantir les craintes sur l’assouplissement quantitatif".

Quoi ? Les investisseurs ont peur que la Fed arrête de fournir la drogue. Leurs inquiétudes sont superflues. Ces craintes sont ne sont "pas synchrones" avec la vision actuelle de la Fed, selon "deux dirigeants de la Fed".

L’analogie de l’addiction à la drogue a été largement utilisée pour décrire la situation. Comme toute analogie, elle a ses limites et ses dangers. Mais un élément a été largement ignoré.

Nous avons récemment passé du temps avec un psychologue. Il y a autant de vaudou dans la psychologie que dans l’économie. Tout de même, il y a des choses qu’un secteur peut apprendre de l’autre.

"Il est rare que les drogués décident simplement de se remettre", a déclaré notre amie, thérapeute familiale.

"Ils doivent d’abord toucher le fond", a-t-elle continué. "Et il peut être parfois très loin".

Les autorités n’essaient même pas d’aider l’économie à surmonter son addiction au crédit bon marché. Au lieu de ça, telles des médecins véreux, elles veulent la maintenir dans une thérapie chère et inefficace. Gérer une clinique de désintoxication peut être une bonne affaire, surtout si les patients ne se remettent jamais. On ne leur permet pas d’atteindre le fond. Et les charlatans continuent de transférer toujours plus de pouvoir et d’argent vers eux et leurs amis.

Mais, comme les drogues, on ne peut augmenter éternellement les doses. Une économie dépendant de shoots de crédit toujours plus grands est une économie condamnée à exploser. C’est seulement à ce moment qu’une vraie "reprise" peut commencer. Mais ce ne sera pas une reprise vers la bulle fiévreuse du crédit de 2003-2007. Ce sera quelque chose de très différent.

A suivre…

 

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Philippe Béchade rédige depuis dix ans des chroniques macroéconomiques quotidiennes ainsi que de nombreux essais financiers. Directeur de la rédaction aux Publications Agora et intervenant quotidien sur BFM depuis mai 1995, il est aussi la 'voix' de l'actualité boursière internationale sur RFI depuis juin 2002. Analyste technique et arbitragiste de formation, il fut en France l'un des tout premiers 'traders' mais également formateur de spécialistes des marchés à terme.

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