15/06 La production minière d'or atteindra un nouveau record en 2023

La Chine (Première nation minière au monde) va "reprendre son déclin" à cause des sanctions de la Russie (Seconde nation minière)...

Aujourd’hui, le jeudi 15/06/2023, 11h43, à Londres, la production minière d'or dans le monde atteindra un nouveau record historique en 2023, selon les principaux analystes.

Selon Metals Focus, spécialiste de l'offre et de la demande de métaux précieux, le cours record de l'or en 2022 a permis à la production minière mondiale d'augmenter de 1 % pour atteindre le deuxième plus haut niveau jamais enregistré après 2018.

Le nouveau rapport Gold Focus 2023 du cabinet de conseil prévoit que la production augmentera de 2 % cette année pour atteindre un nouveau record supérieur à 3 650 tonnes, avec une augmentation de la production dans toutes les régions, à l'exception de l'Asie.

"La production mondiale d'or a été confrontée à plusieurs sources de perturbation en 2022", a déclaré Adam Webb, directeur de l'approvisionnement des mines chez Metals Focus, lors du lancement du rapport à Londres la semaine dernière.

La Russie, deuxième producteur mondial, a été frappée par les sanctions internationales liées à l'invasion de l'Ukraine par le Kremlin, tandis que des grèves et des pannes d'électricité ont touché l'Afrique du Sud, ancien premier producteur mondial, qui n'est plus dans le Top 10 des pays producteurs après avoir extrait moins de 100 tonnes pour la première fois depuis le début des années 1900, et que le Pérou, septième producteur mondial, a connu des troubles sociaux suite à l'arrestation et à l'éviction du président socialiste Pedro Castillo.

Alors que la production d'or de l'Australie, troisième nation minière du monde, s'est redressée de 2 % l'année dernière par rapport à son plus bas niveau en quatre ans en 2021, selon les données de Metals Focus, la production a baissé de 8 % au cours des trois premiers mois de 2023 par rapport au dernier trimestre de l'année dernière. C’est ce que déclarent les analystes de Surbiton Associates en mai - "retardée" plutôt que "perdue" grâce à de fortes pluies dans les États occidentaux et à un nouveau record du cours du métal précieux en dollars australiens, qui encourage les producteurs à extraire du minerai à plus faible teneur. 

Les sanctions occidentales à l'encontre de la Russie devraient commencer à peser plus fortement sur la production minière cette année, car les nouveaux équipements et les pièces de rechange commencent à se raréfier.

La production russe n'a baissé que de 2 % en 2022, tandis que les difficultés plus générales de l'industrie mondiale ont été compensées par un rebond de 13 % de la production de la Chine, premier producteur d'or, grâce aux mines de la province orientale de Shandong ( où les réserves souterraines de la mine d'or de Xiling ont été augmentées le mois dernier de 200 tonnes, ce qui correspond à environ 1/5e de l'ajout total pour 2022) qui ont retrouvé leur pleine capacité en janvier dernier après avoir été fermées 12 mois plus tôt à la suite de deux accidents mortels.

Cependant, la production de la Chine, leader mondial, "va maintenant reprendre son déclin à long terme", selon M. Webb, en raison du renforcement des normes environnementales, tandis que l'offre minière totale de l'Asie a déjà été entravée pour 2023 par des inondations, des teneurs en minerai plus faibles et la fin de la production souterraine en cours d'augmentation dans la plus grande mine du monde, Grasberg, en Indonésie.

Selon Metals Focus, l'offre d'or provenant de l'exploitation minière artisanale à petite échelle dans le monde devrait rester inchangée, représentant environ 21 % de la production mondiale totale. Ce chiffre est nettement supérieur aux 15 % estimés pour l'or ASM en 2018, suite aux révisions profondes de ses données effectuées pour la première fois il y a quatre ans afin d'inclure ce secteur.

La production de ces sites informels, le plus souvent illégaux et souvent très dangereux, a augmenté en 2022, notamment en Bolivie, mais a été compensée par une baisse d'activité au Brésil et au Venezuela. Metals Focus indique que les chiffres de l'ASM de cette année pourraient être affectés par la guerre civile au Soudan, cinquième pays africain pour l'extraction de l'or, où la production a déjà chuté de 6 % l'année dernière par rapport au niveau presque record de 2021.

Les coûts de l'industrie minière formelle à grande échelle sont susceptibles d'augmenter encore par rapport au nouveau record de 2022 sur la mesure de maintien tout compris (AISC). Mais "le taux d'augmentation ralentira considérablement", prévoit Metals Focus, maintenant que les prix de l'énergie ont inversé la flambée Russie-Ukraine, ce qui signifie que la "grande majorité" des producteurs resteront rentables alors que les cours du marché de l'or augmentent de 5 % par rapport à la prévision moyenne annuelle du cabinet de conseil pour atteindre un nouveau record historique de 1 890 dollars l'once Troy.

"Les marges ont été très fortes entre 2020 et 2022", indique Metals Focus, encourageant le total des dépenses d'investissement à atteindre le niveau le plus élevé l'année dernière depuis l'effondrement du prix de l'or en 2013, qui a marqué la fin de la période haussière du métal précieux lors de la crise financière mondiale.

Selon les analystes de S&P Global, la valeur des fusions et acquisitions dans l'industrie minière aurifère a toutefois diminué de plus de moitié en 2022 par rapport à 2021, tombant sous le total combiné du reste de l'industrie minière non ferreuse pour la première fois en 5 ans, à moins de 10 milliards de dollars.

En revanche, l'activité des entreprises dans l'extraction du cuivre a fait un bond, doublant pour atteindre plus de 14 milliards de dollars selon les données de S&P, grâce à "l'intérêt accru pour le métal rouge en raison de son rôle central dans la transition vers l'énergie verte et de l'inquiétude suscitée par la diminution des réserves et de l'offre".

Le mois dernier, le numéro un mondial des mines d'or, Newmont (NYSE : NEM), a conclu le rachat de la société australienne Newcrest (ASX : NCM) - la 8e plus grande société minière au monde - pour 19 milliards de dollars, un nouveau record en matière de fusions et acquisitions pour le secteur. 

L'action de NEM se négocie actuellement à la moitié du prix record atteint lors de la flambée des prix de l'or au printemps 2022, à la suite de l'invasion de l'Ukraine par la Russie.

D'après les calculs de Metals Focus, Newmont devrait produire deux fois plus d'or en 2023 que Barrick (NYSE : GOLD), l'ancien numéro un des mines d'or cotées en bourse.