La stagflation américaine maintient l'or à un prix record avant que la Fed ne baisse ses taux

Les cours de l'or ont continué lundi à se négocier aux nouveaux sommets records atteints la semaine dernière, alors que l'attention du marché se concentrait sur la baisse des taux d'intérêt attendue de tous mercredi par la Réserve fédérale américaine, dans un contexte où les discussions sur la stagflation qui touche l'économie américaine s'intensifient, écrit Atsuko Whitehouse de BullionVault.

Les faibles chiffres de l'emploi de la semaine dernière, associés à une hausse de l'inflation aux États-Unis, signifient que les « prévisions économiques ont été revues à la baisse », explique Brett House, économiste à la Columbia Business School, qui impute cette situation aux politiques du président Trump et à « leur mise en œuvre erratique ».

Ainsi, pour les analystes et les investisseurs, « nous avons assisté à une révision à la baisse substantielle des prévisions de croissance pour le reste de l'année et à une révision à la hausse des prévisions d'inflation ».

Lundi, le taux d'intérêt réel américain, tel qu'impliqué par le rendement des obligations TIPS à 10 ans protégées contre l'inflation, a atteint son plus bas niveau depuis deux ans, à 1,67 % par an.

Cela suggère que les traders obligataires s'attendent à une hausse plus rapide du coût de la vie sous-jacent alors que la banque centrale américaine réduit le coût de l'emprunt, une tendance qui correspondrait aux perspectives de « stagflation ».

Jusqu'à la flambée de l'inflation post-Covid, l'or affichait une relation négative de plus en plus forte avec les rendements obligataires ajustés en fonction de l'inflation, augmentant lorsque les taux d'intérêt réels baissaient et vice versa.

Mais alors que cette relation s'est rompue en 2022, l'or ne réagissant pas à la forte hausse des taux d'intérêt réels, elle s'est soudainement réaffirmée avec l'affaiblissement des données sur l'emploi aux États-Unis et la hausse de l'inflation.

Avec une relation parfaitement négative donnant une valeur de -1,00, la corrélation entre l'or et les rendements des TIPS à 10 ans s'est aujourd'hui renforcée pour atteindre -0,94 sur une base mobile de 22 jours, soit la valeur la plus forte depuis février 2023.

« Il est plus probable que la banque centrale américaine opte pour une baisse modérée de 25 points de base plutôt que pour une hausse agressive de 50 points de base lors de sa réunion de cette semaine », prédit Nicky Shiels, responsable de la stratégie métaux chez le groupe suisse de raffinage et de finance MKS Pamp, « car la Fed mise sur l'équilibre entre les risques liés à son double mandat », à savoir soutenir la croissance tout en freinant l'inflation.

L'or a atteint aujourd'hui le prix de référence record de Londres de mardi matin dernier, soit 3 654 dollars l'once troy, et a également rebondi vers des sommets historiques dans la plupart des autres devises, après avoir établi vendredi son 15e nouveau record hebdomadaire de 2025 à ce jour.

De nouvelles données publiées vendredi indiquent que la confiance des consommateurs américains est en baisse pour le deuxième mois consécutif, atteignant son plus bas niveau depuis mai.

L'enquête de l'université du Michigan a également révélé que les anticipations des consommateurs en matière d'inflation pour l'année à venir restent inchangées à 4,8 % par an, ce qui contraste avec le dernier taux annoncé de 2,9 %.

Toutefois, les anticipations des consommateurs en matière d'inflation pour les cinq prochaines années sont passées de 3,5 % le mois dernier à 3,9 %, trois répondants sur cinq ayant spontanément évoqué l'impact des droits de douane imposés par Trump sur les coûts lors de l'entretien mené dans le cadre de l'enquête.

Le prix de l'argent, dont près de 60 % de la demande annuelle provient d'utilisations industrielles, a également remonté vers les sommets de la semaine dernière, frôlant de nouveaux sommets en 14 ans à plus de 42,30 dollars l'once troy.

De nouvelles données américaines publiées lundi indiquent que l'activité manufacturière autour de New York s'est soudainement et de manière inattendue affaiblie depuis le début du mois, l'enquête Empire State Manufacturing Survey affichant son premier résultat négatif depuis janvier.

La réunion de septembre du Comité fédéral de l'open market (FOMC) débute mardi et se termine mercredi. La dernière décision de politique monétaire de la banque centrale devrait apporter une mise à jour du résumé trimestriel des projections économiques (SEP) du FOMC, les prévisions dites « dot plot ».