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Quand L'Alternance Engendre La Monotonie !

La parenthèse haussière de mercredi à Wall Street

-- en pleine déferlante de mauvaises statistiques économiques et sur fond de pessimisme de la Fed -- avait entretenu l'espoir que de nombreux facteurs négatifs étaient pricés dans les cours.

La séance de jeudi dernier a été marquée par une tentative de reprise en main du marché par les acheteurs... mais de nouveaux chiffres américains sont venus semer le doute dans les esprits au sujet d'un risque de récession contaminant l'Europe.

Quant à la journée de vendredi dernier, elle a été inaugurée par une chute de 1,35% à Hong Kong et Tokyo, puis de 3,5% à Shanghai. Dans la suite, le CAC 40 reculait jusque sur 4 820 points en début de matinée... avant que des rachats à bon compte ramènent les valeurs françaises à l'équilibre.

C'était inespéré, et la volatilité s'est de nouveau imposée au cours de la dernière heure de cotations ; le CAC 40 est repassé de 4 850 à 4 780 points (-1,5%) avant de reprendre la moitié du terrain perdu au cours de la dernière demi-heure, pour ne céder que 0,7% au final.

Les gains hebdomadaires, qui dépassaient 2% en début d'après-midi, se trouvaient ramenés deux heures plus tard à 1,1%. La semaine précédente, les gains hebdomadaires avaient atteint 1,3%, après le violent décrochage de 5,4% entre le 4 et le 8 février derniers... dont les marchés ne se sont toujours pas remis.

Parti de 4 925 points mardi matin dernier, le CAC 40 retombe donc sous les 4 825 points et se retrouve au beau milieu de la fourchette 4 600/5 000 points -- et plus précisément 4 680/4 930 depuis trois semaines. Il se retrouve ainsi à peu près au même niveau que le 6 février dernier et un peu en-dessous de son cours de clôture du 22 janvier dernier -- après un test des 4 505 points quelques heures auparavant -- alors que la Société Générale liquidait ses positions à tour de bras.

Les dégagements opérés ce vendredi ont fait reculer le marché sur un large front : 6,6 milliards d'euros ont changé de mains et 34 valeurs sur 40 s'inscrivaient en repli au sein du CAC. Véolia s'est cependant détaché du peloton avec +3% -- soit un gain de 6,1% hebdomadaire -- loin devant ArcelorMittal et ses 0,95% -- mais le sidérurgiste engrange 9,3% sur la semaine.

Les valeurs automobiles chutaient entre 3,5% et 5%, Gaz de France dévissait de 4,35% et Suez de 2,1%, les valeurs bancaires abandonnaient 2% en moyenne alors que les spécialistes du crédit hypothécaire subissaient de violentes attaques à Wall Street. Ils ont ainsi pris le relais des monoliners mais chutaient de 5 à 9% pour des raisons identiques, c'est-à-dire la crainte d'une dégradation de notation causée par la multiplication des défauts de paiement sur les emprunts immobiliers.

L'essentiel des gains conservés in extremis à Paris ont été engrangés au cours de la seule séance de lundi dernier. En effet, le climat de confiance s'est détérioré dès mercredi avec les premières statistiques américaines ; la lourdeur a fini par triompher avec une vague de ventes de précaution avant le week-end, dans la crainte de voir Wall Street terminer sur une note lourdement négative. Avec un repli de 0,9% à mi-séance, le Dow Jones cédait déjà 1,75% en cinq séances et le Nasdaq (-1,5%) perdait pas moins de 2,8% d'un vendredi sur l'autre.

Le moral des chefs d'entreprises français a continué de fléchir en février -- l'indice du climat des affaires s'érode de un point à 107. Mais le plus inquiétant réside, cependant, dans le recul de 1,2% de la consommation des ménages au mois de janvier, et ce malgré la période des soldes. Même en excluant le facteur "automobile" -- avec une rechute des immatriculations en janvier -- le tableau demeure très décevant car le pouvoir d'achat des ménages s'érode avec la flambée du prix des carburants et des produits alimentaires de première nécessité.

Outre-Atlantique, les statistiques publiées jeudi dernier -- et notamment l'indice Philly Fed qui recule pour le quatrième mois consécutif -- ont une fois de plus confirmé que les chiffres macroéconomiques du premier trimestre seront en forte rupture par rapport à 2007. Les taux longs ont vu leur rendement fléchir de 12 points jeudi dernier pour se stabiliser vers 3,73% ce vendredi.

Les anticipations de baisse des taux de la Fed sont donc relancées, tandis que les chiffres d'inflation en Europe font craindre l'attentisme de la BCE. Même si moins de 50% des économistes s'attendent à ce que le loyer de l'argent soit réduit de 25 ou 50 points de base d'ici le mois de juin, notre banque centrale continue de juger que les fondamentaux sont sains. Fait-elle exprès de s'aveugler au sujet du caractère contagieux du credit crunch ou s'acharne-t-elle à miser -- comme le gouvernement français -- sur l'efficacité de la méthode Coué ?

Selon les chiffres publiés par Eurostat, les entrées de commandes dans l'industrie ont baissé de 3,6% dans la Zone euro en décembre 2007 part rapport à novembre, contre une baisse de 1,1% attendue.

La seule indication positive réside dans le PMI manufacturier dans la Zone euro -- la France se singularise à la baisse ; l'indice a en effet grimpé à 52,7 points après s'être établi à 51,8 en janvier, selon les données publiées ce vendredi par NTC et la banque RBS.

Le dollar poursuit sa glissade sous les 1,4830/euro et pourrait terminer la semaine sous les 1,4850 (verdict à 22h à Wall Street), au plus bas depuis le 4 février. Dans le même temps, l'or inscrit symétriquement de nouveaux records, au contact des 950 $/once, alors que le rendement des T-Bonds 2018 recule sous les 3,74% et celui des T-Notes 2010 sous les 1,95%.

Si les actions se retrouvent privées d'impulsion directionnelle, le message que nous adresse l'or-métal nous apparaît toujours des plus précieux !

Philippe Béchade rédige depuis dix ans des chroniques macroéconomiques quotidiennes ainsi que de nombreux essais financiers. Directeur de la rédaction aux Publications Agora et intervenant quotidien sur BFM depuis mai 1995, il est aussi la 'voix' de l'actualité boursière internationale sur RFI depuis juin 2002. Analyste technique et arbitragiste de formation, il fut en France l'un des tout premiers 'traders' mais également formateur de spécialistes des marchés à terme.

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