Plus grand déficit commercial du Royaume-Uni depuis 2008
C'est la faute à l'or !
Il n'y a pas de production minière aurifère, ni de manufacture ni de demande en or au Royaume-Uni. L'or mène cependant le commerce britannique au premier trimestre 2016.
"Quelle est la relation entre l'or et le déficit commercial britannique ?", se demande Adrian Ash chez BullionVault.
Le pays n'a aucune production minière, n'a aucune fabrication de lingots d'or sur le marché des grossistes, et quasiment pas de demande des secteurs de la joaillerie, de l'investissement ou de l'électronique.
Mais la plus grande différence entre les importations et les exportations outre-manche depuis 2008 vient de se produire à cause de la plus forte entrée nette d'or dans le pays depuis l'automne 2012, comptant pour 3,4 milliard de livres sterling sur 13,3 milliard £ de déficit commercial total entre janvier et mars 2016, selon l'office national des statistiques (Office for National Statistics, ONS).
N'importe qui aurait en fait pu le voir venir. Les cours de l'or ont grimpé au premier trimestre à leur taux trimestriel le plus important en presque trente ans.
Commerce britannique de l'or net, mensuel et en tonnes.
Et quand les prix grimpent, l'or a tendance à arriver à Londres. C'est après tout le centre du stockage et du négoce mondial pour l'or des grossistes.
Malgré le manque de production, fabrication et demande, la perfide d'Albion est en fait le 4ème plus grand importateur d'or au monde et le second plus grand exportateur ! Et ce depuis cinq ans.
Les énervements cette semaine sur le déficit commercial de nos voisins manquent de voir l'énorme variation des flux d'or. Après avoir aidé la balance commerciale depuis 2013 en montrant des exportations nettes, l'or a ajouté 4 milliard de livres sterling aux importations nettes de mars, et ce à cause du retournement important des cours de l'or et de la hausse des allocations d'or à Londres, sans parler de la baisse de la demande asiatique.
Balance commerciale britannique des marchandises (mensuelle, en milliard £)
"L'or détenu dans des comptes alloués est enregistré en tant que bien", a indiqué l'administration fiscale du Royaume de sa Majesté Elisabeth II, le HMRC, quand elle a mis à jour et changé ses réglementations en 2014, à l'inverse de l'or monétaire, qui est un actif financier selon le FMI qui avait modifiait ses directives en 2007.
Les chiffres dans le graphique ci-dessus ne tiennent donc pas compte des réserves des banques centrales. Ce qu'ils prennent en considération est "l'or stocké en tant qu'actif financier et reconnu comme du commerce de marchandise quand la titularité passe d'un résident à un non-résident".
Tous les influx du premier trimestre n'étaient pas forcément livrés vers le Royaume-Uni entre janvier et mars. Des métaux précieux étaient probablement déjà présent dans les coffres spécialisés de Londres, mais leur propriétaires ont changé, un propriétaire étranger a vendu à un résident britannique. Le phénomène s'est accéléré à mesure que les prix ont monté (l'inverse est également possible).
On reviendra plus tard dans quelques mois pour voir comment l'office des statistiques prend en compte tous ces chiffres, "travaillant de concert avec la Banque d'Angleterre et l'association des professionnels des métaux précieux de Londres, ou LBMA, pour implémenter une méthode afin de lisser les données sources, minimisant de façon efficace la volatilité tout en permettant à la tendance sous-jacente du marché de l'or de se refléter dans la balance commerciale" (selon ce même office).
Mais pour l'instance, voici deux observations :
D'abord, les chiffres sur la balance commerciale britannique semblent inclure les entrées et sorties d'or. Après plusieurs mois, cela aura un impact important. Il a fallu 7 ans aux autorités du pays pour ajouter l'or non monétaire à ses chiffres sur les importations et les exportations depuis que le FMI en a donné ses recommandations en 2007. Ceci suggère un degré de résistance de la part de l'office des statistiques (avec son commentaire sur le lissage des données), très certainement parce que Londres est le centre du marché mondial de l'or, ce qui fait qu'un impact sur la balance commerciale était toujours à prévoir.
Deuxièmement, et contrairement à ce que l'on pourrait lire dans certains coins de la blogosphère, les coffres de Londres sont très loin d'être vides. Les entrées d'or nettes (importations moins exportations) ces 11 dernières années ont atteint un total de 1 500 tonnes d'or (6 mois de production minière) selon les données publiées. Qui sait ce que les importations représentaient vraiment avant qu'un enregistrement de ces données ne commence en 2005.
Si vous ne faîtes pas confiance en ces chiffres, il faut croire plutôt que l'offre est importante pour tout acheteur appelant les banques de métaux précieux, les négociants et les brokers en ce moment pour une cotation.
Il n'y a pas de pénurie. Cela s'est produit, comme une mode, et a vite disparu, seulement quand les prix ont coulé en 2013. Mais pas ici en 2016, car les prix n'ont fait que grimper.
Faits insolites sur l'or (infographie)