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L'or, la nouvelle bulle de la Fed ?

Allons, mon titre est volontairement provocateur.

Ne boudons pas notre plaisir, puisque l'or caracole à 1 100 $ l'once et frise les 740 €. Deux événements importants se sont produits ce mois-ci, ce qui explique cette hausse. La poussée actuelle du métal jaune semble robuste et il pourrait bien tester les 1 600 $ d'ici quelques mois, écrit Simone Wapler pour La Chronique Agora.

Les Banques centrales acheteuses d'or
L'or du FMI n'a pas longtemps traîné sur le marché. L'Inde d'abord a soufflé 200 des 403,3 tonnes. L'Inde comme la Chine veut se doter d'une Banque centrale respectable et, de nos jours, respectable signifie des réserves en devises qui ne risquent pas de couler comme le dollar englouti par le puits sans fond de la dette.

Mais la vraie surprise est venue du Sri Lanka. "Naturellement, l'or émerge comme l'actif le plus logique", a déclaré Ajith Nivard Cabral, directeur de sa Banque centrale. Eh oui, l'or : pas l'euro, le yen ou le franc suisse...

Au premier rang des Banques centrales détentrices d'or, on trouve les Etats-Unis (8 133,5 et 77,4%), l'Allemagne (3 408 et 69,2%), l'Italie (2 452 et 66,6%), la France (2 445 et 70,6%). La Chine ne possède que 1 054 tonnes, soit 1,9% de ses réserves et souhaite passer à 2,5% ce qui représente un appel d'air potentiel de 388 tonnes. Elle se fournira très probablement sur son marché intérieur auprès de ses propres minières.

C'est autant de moins pour nourrir l'offre. Avant son achat au FMI, l'Inde possédait 358 tonnes d'or soit 4% de ses réserves monétaires ; maintenant ce taux s'élève à 6%.

L'or loué ou objet de "swaps" pourrait être rapatrié
Ces achats d'or prouvent deux choses. La première c'est la poursuite du processus de remonétisation de l'or. La remonétisation avait d'abord commencé dans le public. Les Banques centrales sont maintenant obligées de l'acquérir à un prix élevé.

Ensuite, celles qui avaient pour habitude de louer leur or vont commencer à vouloir le rapatrier. Ce sera des pressions de plus sur le marché.

Rappelons le principe du lease gold. Au temps où l'or était méprisé, les Banques centrales le prêtaient. C'est-à-dire qu'elles approvisionnaient des grossistes en or (cas du prêt) ou d'autres Banques centrales (cas du swap). Dans ce contrat, le receveur d'or fournit des devises et des intérêts. Mais sur le plan comptable l'or n'est pas censé avoir quitté la Banque centrale prêteuse.

Par la suite, ce genre d'accord était indéfiniment prorogé... Mais aujourd'hui la donne a changé.

L'or physique plus cher que l'or papier
C'est le deuxième événement majeur du mois. Le prix de l'or au comptant a dépassé celui des contrats à terme. Une configuration technique de backwardation, qui, pour les spéculateurs avertis, est plus haussière que baissière lorsqu'elle concerne les métaux précieux.

Début novembre, ce phénomène était si fort que le cours au comptant (1 045,70 $ l'once) était supérieur aux cours des contrats de novembre, décembre, février, avril, juin et août.

Concrètement, cela signifie que les acheteurs sont prêts à payer plus cher l'or livré et palpable que l'or papier des contrats, même si les prix de ces contrats sont eux-mêmes à la hausse.

Le point essentiel à retenir
L'or semble entrer dans une poussée similaire à celle de 2005 ou de 2007. Dans ce cas, un cours de 1 300 $ à 1 600 $ dans trois mois est possible.

Simone Wapler est analyste, journaliste et ingénieur de formation. Elle a déjà contribué à des publications telles que Le Point, Enjeux, Les Echos, Chart's... Spécialisée dans les valeurs industrielles, les matières premières, les énergies, l’or, les minières Simone Wapler est passionnée par et les investissements « tangibles ». Elle analyse chaque mois le secteur aurifère et les marchés étrangers dans la lettre d'investissement Vos Finances - La Lettre du Patrimoine et elle intervient régulièrement dans l'Edito Matières Premières ou dans différents rapports d’investissements.

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