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Mercredi 7 septembre 2011 : la fin de l'euro ?

Existe-t-il encore une petite lueur d'espoir, cher lecteur ?

De notre côté, nous cherchons vainement, écrit Cécile Chevré pour La Quotidienne de MoneyWeek.

La crise souveraine est en train de tourner au Grand-Guignol, entre mensonges, petites fourberies et coups de poignard dans le dos. Jusqu'à présent, je me refusais à croire que l'euro pouvait ainsi exploser en vol, mais plus le temps passe, plus la crise s'enlise, et plus j'en viens à considérer que cette hypothèse est valide.

Plus que 24 heures avant la fin de la zone euro ?
Que va-t-il se passer le 7 septembre ? La Cour constitutionnelle allemande doit rendre son verdict sur la légalité du plan d'aide de l'Allemagne à la Grèce en mai 2010 (le premier plan de soutien) et de manière générale aux mesures prises par la zone euro pour voler au secours des pays en difficulté de la zone (Fonds européens de stabilité financière, Mécanisme de soutien européen (MES)...).

Ajoutons à cela que le Parlement allemand aura bientôt à se prononcer lui aussi sur le MES.

En quoi est-ce important ? L'Allemagne est le porte-monnaie de l'Europe. Or les Allemands sont de plus en plus réticents à payer pour la Grèce. Ne parlons même pas de soutenir financièrement le Portugal, l'Espagne ou l'Italie.

La défaite d'Angela Merkel aux dernières élections est un camouflet de plus pour la chancelière. Les Allemands ne veulent pas mettre la main au portefeuille et le font savoir. Ils ne sont pas les seuls.

Le Parlement allemand veut lui aussi pouvoir donner son avis sur les aides accordées aux autres pays de la zone euro. Et il y a vraiment peu de chances que les parlementaires soient pris de générosité soudaine alors que cela fait des mois qu'ils expriment leur mécontentement sur les décisions de Merkel.

Si l'Allemagne se désolidarise des plans de soutien aux pays en difficulté, cela serait un coup rude pour la zone euro en entier – encore plus que le fameux accord de contrepartie négocié entre la Finlande et la Grèce.

Premièrement, parce que la principale raison pour laquelle les marchés n'ont pas encore complètement dépecés l'euro, c'est parce qu'ils sont persuadés que l'Allemagne, première économie de la zone euro, volera à la rescousse des pays en faillite.

Mais si le Parlement et la Cour constitutionnelle décident que l'Allemagne doit limiter voire arrêter son soutien à la Grèce et sa participation au MES, les marchés risquent de se déchaîner, les rendements des obligations souveraines des pays de la zone euro flamber et les assurances contre le risque de défaut d'un pays (CDS) d'atteindre des sommets jusque-là inconnus.

Deuxièmement, l'exemple allemand pourrait donner matière à réflexion à d'autres pays. Peut-être pas la France. Nos députés examinent aujourd'hui la proposition d'aide à la Grèce qui se chiffre à 15 milliards d'euros – somme à mettre en parallèle, comme le rappelle Le Figaro, avec le plan de rigueur de 12 milliards d'euros. La France et les Français, qui ne sont dans l'ensemble pas opposés à l'aide apportée à la Grèce, doivent bien savoir qu'au fond, nous risquons nous aussi d'avoir besoin de l'aide européenne à un moment ou un autre.

Mais d'autres pays dont la gestion budgétaire est plus rigoureuse, comme la Suède, la Finlande ou les Pays-Bas, risquent de se laisser tenter par le précédent allemand. La Finlande a déjà largement fait parler d'elle – nous en parlions plus haut – en négociant une contrepartie à son aide avec la Grèce. Au départ, cette contrepartie devait prendre la forme d'un dépôt de liquidité au Luxembourg mais elle pourrait prendre la forme d'une part des bénéfices d'entreprises publiques grecques.

Quelle solution pour la zone euro ?
Notre collègue américain Martin Hutchinson propose une scission au sein de la zone euro. D'un côté les économies fortes – Allemagne, Finlande, Suède, Pays-Bas – et de l'autre les économies faibles (dont la France...). Le résultat serait la création de deux "euros", un adapté aux économies fortes et un pour les économies "faibles" ; des taux hauts et des taux bas ; peu d'inflation ou beaucoup d'inflation.

C'est une solution... mais qui signifierait la fin non seulement de l'euro mais aussi, certainement, de l'Union européenne. L'Allemagne et la France sont les deux moteurs de cette union. Cela fait longtemps déjà que leurs intérêts économiques divergent... mais les deux pays parvenaient encore bon gré mal gré à s'entendre.

L'absence d'une monnaie commune sonnerait le glas du couple franco-allemand. Et donc certainement de l'Union européenne.

Deuxième solution – que la plupart des Etats et des peuples européens sont encore loin d'être prêts à accepter – : le renforcement du fédéralisme européen. Mais aussi accepter l'émission d'eurobonds. Je suis loin de dire que cette solution est idéale. Tout comme l'autre hypothèse (celle de l'éclatement), cette solution a des avantages et des inconvénients.

Mais, soyons réalistes, comme le dit très bien Eberhardt Unger dans son article Réduire la dette publique par l'inflation ? La situation est telle que, quelle que soit la solution choisie, elle sera douloureuse. Pour nous, contribuables, épargnants et/ou investisseurs...

Il est encore le temps de vous en protéger, en achetant de l'or mais aussi en choisissant quels placements et investissements adaptés à la période de troubles économiques, financiers, boursiers... et politiques qui nous attendent.

Pour aller plus loin aujourd'hui : l'or de nouveau au-dessus des 1 900 $
- Hier, l'or est de nouveau passé au-dessus des 1 900 $

Cécile Chevré est titulaire d’un DEA d’histoire de l’EPHE et d’un DESS d’ingénierie documentaire de l’INTD. Cécile Chevré participe à la rédaction de la Quotidienne de MoneyWeek, un éclairage lucide et concis sur tous les domaines de la finance.

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