Manifestations en Grèce
Pour une crise qui n’est pas la nôtre.
Qui a donc jeté ces cocktails Molotov et ces cailloux sur la police la nuit dernière après que le parlement d’Athènes ait voté l’acceptation des conditions du plan de sauvetage du pays ?
Sur les douze émeutiers arrêtés dans le métro, quatre sont Allemands, deux sont Français, un est Australien, un est Ukrainien, un est Hollandais et trois sont Polonais, selon le journal grec Kathimerini. Mais il n’y avait aucun grec.
C’est peut-être un complot de la police nationale grecque, qui arrête les touristes innocents en laissant la gauche radicale rentrer chez elle après avoir tenté de renverser le gouvernement radical de gauche.
Mais sur les 12 000 manifestants, la police n’a arrêté que 12 grecs place Syntagma, plus deux étrangers, toujours selon le journal.
Donc peut-être que le tourisme de protestation est toujours vivant. Il en faut, si l’on veut que les points de vue anti capitalistes se fassent entendre en dehors des amphithéâtres universitaires et des cafés des campus.
15 ans auparavant, les sommets G8 attiraient les émeutes anti mondialisation à chaque réunion des 8 leaders mondiaux. Quand elle est arrivait, la crise du capitalisme de 2007 à 2012 a donné naissance à seulement les bonnets beanie et les masques V pour Vendetta du mouvement Occupy.
Tweeter les slogans s’est avéré aussi inutile contre les banquiers d’investissement que briser les vitres des cafés contre les trafiquants d’armes internationaux. Mais, la guerre des classes se meurt depuis un long moment en occident, au moins depuis la seconde guerre mondiale, en fait. Elle a été fatalement blessée par la victoire du socialisme (avec un s minuscule), et la hausse du niveau de vie qui a suivi.
En y pensant, l’économiste Thomas Piketty attaque les inégalités dans son volume de 600 pages, Le Capital du XXIème siècle pour proposer une taxe mondiale sur la richesse, acceptée et appliquée à nous tous par la classe politique mondiale.
Quelles que soient vos opinions sur les inégalités et l’austérité, il n’y a aucun doute que votre vie de tous les jours a plus de choses en commun avec les gens dans le monde entier qu’avant. C’est dû en partie aux chaines de magasins internationales, aux nouvelles technologies et à la mondialisation des marchés de capitaux, plutôt que tout programme promettant de construire un avenir plus radieux pour tous.
Dans notre monde nombriliste, la Grèce n’est vraiment pas ma crise. Ce n’est pas non plus une crise personnelle pour les Allemands, les Français ou les Australiens et autres manifestants étrangers qui prennent l’avion pour lancer des pavés lors des manifs… En classe économique, bien sûr.
De la même façon, tout investisseur en dehors de la Grèce pensant que l’or n’a pas su grimper pendant cette crise, devrait de demander de quelle crise il s’agit.
Nous avons vu dans ces pages comment l’or dans le contexte des risques de la Grèce devenait inutile. Mais pour ces citoyens agissant de façon « égoïste » avant que le besoin ne s’en fasse sentir, et détenant un bien physique revendable instantanément et conservé à l’abri du contrôle des capitaux du pays, les prix ne sont qu’un facteur décisif parmi d’autres.
Le fait que l’or soit cloué au niveau des 1 050 euros par once, alors même que le coût de la vie en Grèce a chuté, rendant ces euros plus précieux, aide aussi sûrement, bien sûr…