L'or à 8500 $ Dans Quelques Années ?
L'inflation, l'inflation, l'inflation !
La hausse des prix, la cherté du carburant, la flambée du pétrole, le prix de la tortilla ! On ne parle plus que de ça dans les journaux, sur les panneaux publicitaires, à la terrasse des cafés, écrit Françoise Garteiser pour La Chronique Agora.
Comme le disait Bill Bonner jeudi dernier : "les consommateurs et les banques centrales sont pris au piège. Les banques centrales veulent baisser les taux et augmenter les liquidités afin de stimuler une économie faiblissante. Mais leur inflation ne vient plus gonfler les prix des actifs et nourrir la croissance économique ; elle fuit désormais vers les prix à la consommation".
Eh oui -- pendant des années et des années, les autorités monétaires de toute la planète ont injecté des quantités massives de monnaie et de crédit dans le système financier mondial. Ce flot d'argent a monté, monté... et il a bien fallu trouver des récipients pour le contenir. Mais voilà : "tout le monde était parfaitement heureux tant que ce liquide coulait dans les prix des actifs", explique Bill. "Mais les bulles ont explosé les unes après les autres... et désormais, les liquidités vont là où elles ne sont pas les bienvenues -- dans les matières premières, les denrées alimentaires et le carburant".
A la Chronique Agora, faut-il le rappeler, nous pensons que tout cela ne peut que profiter à l'or, à la fois rempart contre l'inflation et moyen d'en profiter. Dans ce domaine, jusqu'à présent, c'était Simone Wapler, rédactrice en chef de MoneyWeek et de L'Edito Matières Premières, qui nous servait de référence -- en prédisant une once d'or à 2 000 $. Pas mal, déjà.
Eh bien, figurez-vous qu'elle a trouvé plus enthousiaste qu'elle : Dominic Frisby et Michael Hampton, tous deux spécialistes des matières premières, et selon qui le métal jaune pourrait bien atteindre les... 8 500 $ l'once !
"Selon Frisby", nous explique Simone, "durant la crise précédente, l'or était passé de 35 $ l'once (1970) à 850 $ l'once (1980). Le facteur de croissance est donc de 24, soit 2 500%. Si nous prenons le cours de départ de l'or au début de cette crise (250 $ en 2001) et qu'on le multiplie par le facteur 24, on arrive au cours de 6 000 $. Mais ce seuil est un peu trop conservateur : à l'époque, les niveaux d'endettement étaient inférieurs, les banques n'étaient pas en crise, l'émission monétaire était mieux contrôlée. Trois facteurs d'aggravation selon Frisby".
"Hampton s'appuie sur ce qu'il a baptisé la règle de 10. Le dollar de maintenant vaut 10 fois moins que le dollar de 1970. Il en veut pour preuve l'indice S&P qui valait 100 en 1970 et en vaut environ 1 000. Même raisonnement sur le Dow Jones qui était autour de 800/1 000 contre maintenant 10 000. Donc, puisque l'or a atteint 850 $ l'once, l'application du facteur 10 le conduit à 8 500 $ l'once. Evidemment, je vous fais un raccourci de la 'théorie des fractales', des vagues d'Elliott et autres théories des tenants de l'analyse graphique".
Bon... j'avoue que l'or à 8 500 $ me semble un peu lointain. Les années passées à rédiger et traduire la Chronique Agora m'ont toutefois appris que de temps en temps -- et même relativement fréquemment -- des hypothèses hallucinantes peuvent se révéler exactes à terme.
Il faut cependant tenir compte d'un point important, comme l'explique Simone : "le seul problème de la règle du facteur 10, c'est qu'elle gomme tout gain de productivité et de rentabilité des entreprises du Dow Jones et du S&P 500. Les indices actions ne sont censés croître selon Hampton qu'en fonction de l'inflation des actifs sans intégrer la croissance du PIB ou la croissance intrinsèque des entreprises qui rentrent dans l'indice".
Cela peut effectivement changer un peu la donne... mais pas le principe sous-jacent : l'or a encore beaucoup de chemin à parcourir -- à la hausse.