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Les taux d’intérêt de la Fed sont-ils bons pour les actions et l’or ?

Trump, récession et le marché boursier

Mise à part vous tenir éveillé la nuit et retarder votre retraite, c’est incroyable ce qu’une chute de la bourse peut faire.

Tout d’un coup, toutes les conversations tournent autour de la Fed mettant en pause sa hausse des taux d’intérêt et ne se concentrent plus que sur la guerre commerciale de Trump.

CNBC annonce « moins de hausses des taux de la Fed alors que les actions plongent ».

Le Financial Times imprime : le tumulte dans les actions et les krachs du crédit font que les investisseurs remettent en questions la politique de la hausse des taux.

Trump a indiqué lui-même le mois dernier que la Fed était « incontrôlable ».

L’or a offert dans le passé un lieu de retrait en cas de reculs de long terme dans les actions ; une cache en quelque sorte que vous n’avez pas besoin si la bourse est à la hausse.

Les taux d’intérêt plus élevés sont habituellement vus comme une mauvaise chose pour l’or aussi, car le métal ne paie aucun intérêt et ne peut donc pas être en concurrence avec les espèces en banque quand les taux augmentent.

D’où les mauvais augures pour 2018. Les marchés des actions sont dans une période de nouveaux pics historiques même alors que la Fed force ses petites hausses des taux depuis la fin 2015.

En automne en fait, le reste du monde a rattrapé les USA. Le mois de septembre marque le premier mois depuis au moins 2007 durant lequel aucune banque centrale dans le monde n’a abaissé ses taux directeurs. Le mois d’octobre a vu les actions des économies majeures rejoindre le déclin sur les marchés émergents. Est-ce une coïncidence ?

Maintenant les investisseurs ne parlent plus que de la Fed qui interrompra ses hausses des taux en 2019, si ce n’est pour décembre.

 

Cours de l'or et discours de Clarida et Powell. Source: BullionVault

Le président de la Fed Jerome Powell a maintenant huit raisons pour interrompre les hausses des taux après décembre, estime Jim Cramer, le stockpicker de renom, spécialiste de la sélection des valeurs gagnantes. Il a commencé sa liste avec la chute des marchés des actions.

Stopper les hausses des taux est presqu’aussi important pour les prix des métaux précieux que la chute de la bourse elle-même.

L’or, l’argent et le platine ne paient pas d’intérêt mais ils sont un rempart naturel contre l’inflation.

C’est pourquoi le prix des métaux précieux est très sensible à la direction des taux d’intérêt réels, après avoir pris en compte l’inflation.

Regardez les deux derniers cycles de hausses des taux de la Fed par exemple.

Deux fois au milieu des années 2000 puis encore depuis la fin 2015, la Fed a augmenté ses taux d’intérêt mais a trainé derrière la croissance de l’inflation.

Alors que le coût d’emprunt s’est accru en dollars et cents nominaux, les espèces à la banque vous ont en fait payé moins en termes réels.

Les cours de l’or ont grimpé pendant ces deux périodes également. Car l’or a tendance à bien performer quand les autres actifs performent mal, et l’on peut y inclure les épargnes bancaires quand elles perdent contre l’inflation.

De retour en fin 2018, les taux de la Fed devraient grimper au-dessus du taux de l’inflation US, comme vous pouvez l’observer.

 

Graphique de l'inflation américaine et des taux d'intérêt de la Fed

Bleu : Taux des fonds fédéraux effectifs
Rouge : Indice des prix à la consommation pour tous les consommateurs urbains (inflation)

Sur le graphique ci-dessus, les taux d’intérêt en bleu grimpent pour dépasser l’inflation en rouge et restent à ce niveau tout au long des années 1980 et 1990.

Cela coïncide avec le marché baissier de 20 ans des métaux précieux.

Que faut-il en penser ?

 

Voici trois réflexions.

Premièrement, les taux de la Fed plus élevés ne garantissent pas une récession. Mais Trump sait sûrement qu’ils précédent toutes les récessions US sauf une ces 60 dernières années.

Deuxièmement, et avec le marché des actions en recul comme ça, il faut un président de la Fed brave pour pousser activement les taux d’intérêt réels au-dessus de zéro pour la première fois depuis 2005 juste avant le pire krach financier mondial et la pire crise depuis les années 1930.  

Etant donné ce que le krach des prix du pétrole fera au taux d’inflation de ce mois, les taux de la Fed n’ont jamais été si haut en termes réels (presqu’au-dessus de zéro) depuis les craintes de la déflation en 2009 et au début 2015.

Ajoutant en plus de cela la réduction du QE et Powell est loin d’être « l’homme aux faibles taux » que Trump pensait avoir embauché.

Mais est-ce que Powell va suivre sa politique de hausses régulières des taux jusqu’au bout si la première réaction des taux réels positifs en 13 ans fait plonger Wall Street comme la dernière fois ?

Quasiment le seul parmi les commentateurs à le penser, l’ancien journaliste du Financial Times John Authers, maintenant chez Bloomberg, estime qu’il continuera.

La Fed s’exprime beaucoup cette semaine, mardi, mercredi, jeudi et vendredi, suivi par la déclaration de Powell au Congrès la première semaine de décembre.

Si le président de la Fed reste sur ses positions et garde les hausses des taux, l’or pourrait ne pas aimer. Et le marché des actions non plus. La bulle des obligations d’état et des obligations d’entreprise mal notées vont carrément détester.

Troisièmement, il y a des moments quand rien ne marche et les investisseurs perdent de l’argent sur tout sauf les espèces. Il est important de diversifier les investissements  et de répartir les risques.

1981 était une année de ce type. Seules les espèces à la banque avaient maintenu leur valeur. Tout le reste a coulé contre l’inflation. Et l’or a plongé plus rapidement encore que les actions alors que Paul Volcker à la Fed avait augmenté les taux d’intérêt à deux chiffres et essayé de tuer l’inflation.

Ça a marché, mais seulement après avoir tué les prix des actifs, des matières premières et la croissance économique.

Les dirigeants politiques ne voient pas d’inflation qui n'est pas reflétée dams les mesures officielles. Ils s’inquiètent plutôt de la bulle financière, des dettes et de la hausse des taux vers un niveau « normal ».

Il y a beaucoup de support dans les données économiques en faveur de ces hausses. Mais les raisons pour risquer une récession sont très faibles par rapport à l’inflation galopante de la fin des années 1970.

En effet, la plupart des gens aiment une bulle financière et des dettes bon marché, tout comme les gouvernements.

Donc il faudra peut-être une inflation grimpante comme dans les années 1970 avant que les banques centrales n’obtiennent un mandat pour augmenter les taux vers des niveaux proches de la normale des années 1980 et 1990.

Attendez-vous à de la volatilité entre-temps. La direction de long terme des prix et des actifs n’a jamais été aussi claire qu’avec du recul.

D’ici là, répartir vos risques en diversifiant vos investissements est vraiment votre meilleure stratégie.

 

 

Adrian Ash dirige le bureau de recherches de BullionVault, un des moyens les plus simples et les plus économiques au monde d'acheter et d'investir dans l'or. Après avoir été responsable éditorial pour Fleet Street Publications -- l'homologue britannique des Publications Agora -- il a été correspondant du Daily Reckoning à la City de Londres pendant quatre ans. Il intervient désormais régulièrement dans les publications de 321gold.com, FinancialSense, GoldSeek, Prudent Bear, SafeHaven et Whiskey & Gunpowder ainsi que sur plusieurs sites internet d'investissement. Les points de vue d'Adrian sur le marché de l'or sont régulièrement repris par le Financial Times et AFX Thomson.
 
 

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