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Les cultes de cargo et les banques centrales

Tourner les manivelles et tirer les leviers comme sur une machine infernale, n’aide pas l’économie.

« Le culte du cargo, vous connaissez ? », demande Adrian Ash de BullionVault.

Lors de la seconde guerre mondiale, les troupes japonaises et américaines larguaient des vivres et du matériel dans les petites îles du Pacifique.  

L’armée dégageait la végétation pour créer une piste d’atterrissage et allumait des lumières pour guider les pilots, puis utiliser des radios pour guider les parachutages ou les atterrissages.

Les tribus locales furent témoins de tout ceci. Quand l’armée quitta ces îles à la fin de la guerre, les indigènes essayèrent d’attirer les vivres et le matériel en répétant le même processus.  

Ils dégagèrent la végétation, allumèrent des petits feux et parlèrent à des bâtons et des boites.

La Banque centrale européenne a tenté à peu près la même chose cette semaine, indiquant lors d’une conférence de presse comment elle allait imprimer de la monnaie pour rétablir l’économie tout en maintenant les taux d’intérêt à zéro ou plus bas.

Tout comme les autres banques centrales aujourd’hui, la BCE pense que l’argent facile poussera les gens à emprunter et à dépenser, et non pas à épargner.

Cette méthode n’a sûrement pas été miraculeuse pour la Banque du Japon depuis qu’elle a commencé son QE et sa politique d’intérêt à zéro au début de ce siècle. La troisième plus importante économie du monde reste empêtrer dans la déflation, avec des gens qui épargnent encore (n’empruntant pas, ni ne dépensant) 15 ans plus tard.

La Banque d’Angleterre a échoué depuis qu’elle a passé les taux à 0,5% et a commencé son QE il y a six ans. C’est un exploit, étant donné le goût des ménages britanniques pour les emprunts et les dépense quand les taux étaient à un niveau dix fois supérieur.

Faisant face à des taux proches de zéro et une augmentation de l’inflation monétaire depuis mars 2009, les foyers britanniques ont décidé de repayer leurs dettes et d’épargner, pas d’emprunter plus.

Epargner, et non pas dépenser, c’est ce que les ménages du Royaume-Uni ont fait quand les taux d’intérêt ont augmenté dans les années 1970 et 1980. En abaissant les taux, la logique veut que les dépenses soient stimulées. C’est ce que veut la Banque d’Angleterre.

Mais non. Les foyers britanniques ont d’abord abaissé leurs dettes à la banque de 10 pence pour chaque livre sterling, et n’ont pas emprunté davantage. Ils ont continué d’empiler des espèces dans leurs livrets d’épargnes.

Qu’en resort-il ?

Les foyers britanniques ont maintenant un solde positif net pour la première fois depuis 1988 (en comparant les dettes bancaires totales avec les dépôts bancaires totaux), après avoir atteint 300 milliard de livres sterling de déficit au début de la crise financière.

« Pourquoi cela ne fonctionne-t-il pas ? Tournez ce cadran, tripotez cette manivelle, tirez ce leviez ! »

Un grand problème pour la transmission des taux à zéro et du QE aux dépenses des ménages était l’imposition soudaine des régulateurs du pays de normes d’emprunts stricts après le krach. L’organisme régulateur de l’époque, Financial Services Authority, avait ordonné aux banques de ne pas prêter, sauf avec des risques très bas.

Le gouvernement s’est aussi plaint que les régulateurs ont soudainement retrouvé la raison, car les normes de prêt pour les foyers ont été plus faciles que ceux utilisés pour les petites entreprises. C’est un autre secteur clef que la Banque d’Angleterre voulait qui emprunte et dépense. Donc le retrait de la dette des ménages britanniques, et le changement vers l’épargne net, ne reflète pas un choix de ne pas emprunter.

Un choix que la théorie basique des banques centrales affirme qui ne devrait pas arriver quand les taux d’intérêt ont été abaissé vers des niveaux bas record proches de zéro.

Je ne suis pas le premier à appeler les méthodes des banques centrales un culte du cargo, un rituel faux-semblant tentant d’attirer la croissance en conjurant de nouvelles dettes et dépenses. Mais comme le montre la politique de plus en plus folle de la Banque du Japon, plus cette fausse science échoue, plus la méthode de la banque centrale sera démente. Et comme l’a remarqué l’un des investisseurs de la Grande-Bretagne les plus performants, les conséquences involontaires des expériences monétaires sur une telle échelle sont impossibles à prévoir.

Une conséquence est que de plus en plus d’épargnants se tourneront vers l’or et l’argent pour une santé mentale rare, tangible et indestructible. De tels investisseurs pourraient reconstituer eux-mêmes un culte du cargo. Rien de mécanique ne dit que les cours des métaux précieux doivent augmenter quand les taux d’intérêt coulent et les banques centrales versent de l’argent venant de nulle part dans les marchés financiers. Mais c’est une supposition simple qu’un nombre croissant de gens font quand ils voient les folles expériences de vaudou des banques centrales essayant de bruler leurs épargnes comme une offrande pour les dieux.

En effet, le long marché haussier de l’or a débuté en 2001 à quelques jours du premier QE de la Banque centrale japonaise, a indiqué un analyste de la banque BNY Mellon. Il a duré plus de dix ans. Le fort rebond de l’or à partir de prix sous les 700 dollars l’once pendant la faillite des frères Lehman est arrivé une semaine environ après le commencement du QE de la Fed en fin 2008. A partir de là, l’or a grimpé de 175% pour culminer à l’été 2011.

Cette semaine, la Banque centrale européenne a finalement donné les détails de son programme d’assouplissement quantitatif de mille milliard d’euros. Et comme le remarque BNY Mellon, le retournement de l’or à partir de points bas de la fin 2014 est survenu au moment où la BCE, anciennement la plus stricte des banques centrales, a finalement annoncé qu’elle était prêtre à lancer le QE pour lutter contre la déflation.

« L’Histoire suggère donc que la décision actuelle pourrait durer pendant plus longtemps et voyager plus loin que ce qui pourrait être communément attendu. »

Peut-être. Mais si c’est le cas, la plupart des investisseurs auront du mal à voir les signes avant-coureurs, surtout en dollars. Toujours est-il que les marchés changent au moment où moins de gens n'y prêtent attention.

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Adrian Ash dirige le bureau de recherches de BullionVault, un des moyens les plus simples et les plus économiques au monde d'acheter et d'investir dans l'or. Après avoir été responsable éditorial pour Fleet Street Publications -- l'homologue britannique des Publications Agora -- il a été correspondant du Daily Reckoning à la City de Londres pendant quatre ans. Il intervient désormais régulièrement dans les publications de 321gold.com, FinancialSense, GoldSeek, Prudent Bear, SafeHaven et Whiskey & Gunpowder ainsi que sur plusieurs sites internet d'investissement. Les points de vue d'Adrian sur le marché de l'or sont régulièrement repris par le Financial Times et AFX Thomson.
 
 

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