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Le CDU d’Angela Merkel et ses mesures d’austérité ne font plus recette

Angela Merkel connaît une défaite cinglante


" Le week-end s’est achevé sans qu’une coalition n’ait réussi à émerger à Athènes. Ce n’est pas une grosse surprise tant les uns et les autres ont intérêt à s’en tenir à la ligne qui a séduit leurs électeurs respectifs — enfin, surtout ceux qui rejettent massivement l’austérité ", écrit Philippe Béchade pour La Chronique Agora.

Le paradoxe demeure entier puisqu’un sondage publié samedi indique que 78% des Grecs souhaitent que leur pays se maintienne dans la Zone euro, mais ils sont pratiquement aussi nombreux à rejeter les sacrifices qui rendent la chose possible.

Du côté des bailleurs de fonds — en particulier de l’Allemagne — la patience semble avoir atteint ses ultimes limites. Toutefois, les déclarations chocs de Wolfgang Schäuble à 48 heures d’un scrutin législatif décisif dans le Palatinat rhénan visaient peut-être davantage à séduire un électorat conservateur majoritairement hostile au sauvetage de la Grèce qu’à exprimer une position officielle destinée à être suivie d’effets.

▪ Angela Merkel connaît une défaite cinglante
Ce discours ne passe plus, si l’on en juge par les résultats des régionales qui se tenaient ce dimanche 13. Le verdict des urnes est sans appel, avec une défaite cinglante de la CDU d’Angela Merkel (qui chute de 34% à 26% des suffrages) et un score toujours faible pour le FPD (8,5%), le parti qui soutient la coalition de la chancelière.

Le SPD (social démocrate, plus proche du PS de François Hollande) fait une percée remarquée de 34,5 à 39%. En additionnant les voix des Grünen (les Verts, 11,5% des suffrages), la coalition centre-gauche/écologistes est majoritaire avec 50,5%. Voilà une configuration qui semble très proche de celle qui se dessine juste de l’autre côté de la frontière.

Conclusion : si le flou politique le plus total régnait toujours en Grèce dimanche soir, les élections allemandes fragilisent très sérieusement la position d’Angela Merkel face au président français.

La chancelière ne représente plus l’opinion majoritaire dans son pays. Elle ne peut plus prétendre exprimer avec force la volonté allemande de poursuivre dans la voie de l’austérité.

▪ Comment les marchés vont-ils réagir à la nouvelle donne politique allemande ?
Nous verrons lundi comment les marchés interprètent ce basculement politique majeur outre-Rhin. François Hollande semble désormais en position de force à 48 heures d’un déplacement crucial à Berlin ; d’autant que les dernières déclarations de Barack Obama jeudi constituaient un désaveu implicite du manque d’audace des Européens en matière de relance de la croissance. Et n’oublions pas le ministre brésilien, Guido Mantega, qui a dressé un véritable réquisitoire contre le “tout austérité” germanique.

Les marchés avaient-ils senti que le vent risquait de tourner en Allemagne vendredi ?

La Bourse de Paris a limité son repli hebdomadaire à 1%. C’est un score honorable compte tenu des révisions en baisse du PIB européen par la Commission de Bruxelles, de la crise grecque et de la distribution de nombreux dividendes la semaine passée qui représentaient plus de 30 points d’indice.

Conclusion, hors coupons, Paris finit la semaine stable, à l’image du score final du CAC 40 vendredi (-0,01% à 3 129,8 points).

Paris aurait d’ailleurs pu terminer en hausse de 0,4% sans le plongeon de 20% de Vallourec — dans un volume de huit millions de titres soit plus de 10% des échanges vendredi à Paris.

Après avoir flirté pour la troisième fois consécutive en intraday avec les 3 075 points, l’indice parisien a réduit nettement ses pertes grâce à la publication d’un indice de confiance des ménages de très bonne facture aux Etats-Unis. Le baromètre de l’Université du Michigan rebondit vers 77,8 en mai contre 76,4 début avril.

Les désillusions conjoncturelles ont été les plus nombreuses à la veille du week-end, à commencer par le ralentissement de l’activité en Chine en avril (pire que prévu).

Les marchés ont ensuite subi la révision en baisse des prévisions de la Commission européenne. Cette dernière s’attend à ce que le PIB réel stagne dans l’Union européenne et se contracte de 0,3% dans la Zone euro cette année, avant de rebondir modestement de 1% en 2013.

Cela fait une accumulation de mauvaises nouvelles comme on n’en avait plus observées depuis le mois d’août 2011. Voilà de quoi justifier une chute hebdomadaire de 4% à 5% des indices sans que les observateurs dénoncent la moindre anomalie.

Pas de signe de renoncement devant tant d’adversité à Wall Street vendredi. Le Dow Jones s’effritait de 0,27% (soit -1,45% sur la semaine) ; le Nasdaq, parfaitement stable, ne cède que 0,8% d’un vendredi sur l’autre (et le S&P -1,25%).

La séance de vendredi s’est déroulée en deux temps : hausse rapide durant les 90 premières minutes, lente glissade — d’une surprenante régularité — au cours des cinq heures qui ont suivi. Les opérateurs invoquaient l’imbroglio grec mais de façon plus pertinente le renversement de tendance à la baisse sur les matières premières, ainsi que les pertes de trading de J.P. Morgan Chase.

▪ Encore une banque qui fait parler d’elle
Wall Street semble stupéfait de la mésaventure qui frappe la première banque du pays, JP Morgan, dont l’emblématique patron, Jamie Dimon, s’est imposé comme le pourfendeur de la “règle Volker” qui vise à interdire aux banques de faire du courtage pour compte propre puis de limiter leurs activités sur les produits dérivés.

Jamie Dimon affirmait que JP Morgan avait la meilleure compréhension des risques liés aux marchés à terme organisés mais également de gré à gré — dont tout le monde connaît l’opacité et les risques de défaut de contrepartie. Il vient de faire ce week-end un vibrant mea culpa, parlant d’erreurs de jugement terribles, de “prises de position de couverture qui ont mal tourné”.

Les marchés ne le croient qu’à moitié car une couverture, c’est fait pour limiter les risques en toute discrétion, non pas pour défrayer la chronique sous forme d’interrogations concernant les paris massifs d’un trader londonien. Il est d’ailleurs surnommé “la baleine de la Tamise” sur la dette européenne.

Nous ne savons pas si la chute de l’or sous le support décisif des 1 600 $ la semaine dernière est lié à la liquidation de positions de couverture contre le repli du dollar ou de l’euro. Mais le verdict des analystes techniques, c’est que le métal précieux semble bien parti pour un second cycle de correction moyen terme, après une première vague de repli sous 1 910 $, en direction des 1 575 $ fin décembre.

Philippe Béchade rédige depuis dix ans des chroniques macroéconomiques quotidiennes ainsi que de nombreux essais financiers. Directeur de la rédaction aux Publications Agora et intervenant quotidien sur BFM depuis mai 1995, il est aussi la 'voix' de l'actualité boursière internationale sur RFI depuis juin 2002. Analyste technique et arbitragiste de formation, il fut en France l'un des tout premiers 'traders' mais également formateur de spécialistes des marchés à terme.

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