Le pire risque de crédit au monde
L’Etat islamique frappe maintenant sa propre monnaie.
Selon tous les médias, les monstres que sont Daesh ou ISIS ou ISIL ou EI remettent au goût du jour les dinars en or, argent et cuivre du Califat d’Uthman d’il y a 1 381 ans.
Ces informations dans les journaux montrent deux choses. D’abord, les médias ne sont jamais en retard pour associer les métaux précieux avec les méchants.
Réfléchissez-y : les criminels nazis, les officiels chinois corrompus, les tyrans comme le Colonel Kadhafi...
Qui a besoin d’or si ce n’est les hommes les plus malfaisants de l’histoire ?
L’histoire montre en fait que l’or ne choisit pas de camp ou de moralité. Sa valeur inerte aide les braves gens à survivre ou à échapper à des régimes oppressants presqu’aussi souvent.
Mais les pièces d’or ?
Si c’est vrai, cette nouvelle montre le peu de monnaie sociale que les fanatiques de l’EI ont dans les régions qu’ils contrôlent.
Bien avant que la légende du roi Midas fut d’abord racontée, la monnaie s’est développée à partir des dettes, qui ont commencé alors que les faveurs étaient échangées et dues parmi les gens vivant au sein de petites communautés.
Ils ont eu du mal à tenir les comptes alors que la société et l’économie sont devenues plus complexes. Ils ont réglé instantanément avec de petites pépites d’une valeur communément acceptée et cela a résolu toute sorte de problèmes.
Le commerce international a offert un mythe d’origine pour de tels paiements en métaux précieux. Mais même si le négoce de commodités directement entre les uns et les autres n’est pas profitable, les pièces d’or continuent de s’avérer plus utiles quand la monnaie basée sur la confiance ne marche pas. Notamment dans les endroits envahis par les guerriers maraudeurs.
Les armées d’occupation ne peuvent pas construire de crédit social avec les gens qu’ils oppressent. Les rois conquérant ne peuvent pas payer leurs troupes avec du papier ou de la monnaie symbolique uniquement reconnue par les commerçants de retour au pays. Comme l’a indiqué David Graebers, historien de l’économie, un soldat itinérant lourdement armé est la définition même de l’insolvabilité.
Les pièces d’or offrent une réponse. Quelle que soit la valeur intrinsèque que vous pouvez ou non attachée à l’or ou l’argent physiques, toute pièce faite de métal précieux possédera sûrement de la value quel que soit l’endroit où vous vous trouvez pour faire la guerre.
Beaucoup de commentaires dans les journaux et sur internet prendront aujourd’hui par erreur les dinars de l’IE comme une forme de progrès, comme un meilleur moyen d’avancer que l’utilisation de monnaie papier et de compte numérique du monde développé sans décapitations.
Si la monnaie en or peut réduire les risques d’inflation, elle ne les élimine jamais vraiment. Les rois ont toujours diminué la quantité de métal précieux contenu dans une pièce. C’est de là que vient le mot dépréciation.
Utiliser uniquement le métal physique en tant que monnaie symbolique pourrait détruire le crédit, la liquidité et les coûts de transaction plus faibles, que la civilisation a su développer au cours des 1 500 dernières années.
Donc si l’EI veut imposer les pièces d’or aux pauvres sujets de son califat, ils ramèneront vraiment au Moyen Age ces parties de l’Iraq, de la Syrie et de la Lybie qu’ils ont conquis.
Il n’y a pas de quoi se réjouir.