Le hedging de l’or et de l’argent : le dilemme des mineurs… (1/2)
Couverture de protection.
Voici la première partie de l’article sur le hedging des compagnies minières aurifères.
Il y a dix ans, les couvertures de protection ou couvertures du risque de prix (hedging) des productions futures avec les cours de l’or d’alors ont fait mal aux compagnies minières aurifères. Aujourd’hui elles influencent toujours la stratégie de ces entreprises.
« Il y a encore et toujours beaucoup de discussions concernant les mineurs d’or et d’argent et leurs politiques de hedging », écrit Miguel Perez-Santalla pour BullionVault.
[Le hedging ou couverture de protection est un procédé pour se protéger contre les mouvements des prix au moment de la production d’une commodité par exemple. Plusieurs méthodes pour ce faire peuvent être utilisées, telles que les forwards, les options ou les Futures.]
La vente des productions futures aux cours actuels lève des fonds aujourd’hui. Cela peut aussi aider les compagnies minières aurifères ou argentifères à lisser les changements sur le marché.
Pourquoi le hedging ?
En commençant à la fin des années 1990, les compagnies minières aurifères ont souffert des pertes majeures quand le cours de l’or s’est rallié. C’est parce qu’ils détenaient de larges positions couvrantes (hedge) pour des échéances lointaines dans le futur.
Il est impératif que l’action de couvrir ou hedging ne soit pas confondue avec la réalité de mauvaise gestion des politiques d’hedging.
Comme les cours de l’or ont commencé à grimper au début de la dernière décennie, les investisseurs en sont venus à haïr le grand programme de couverture de protection (ou hedge book) mis en place par les compagnies minières aurifères lors du marché baissier précédent.
En de simples termes, les compagnies minières ont besoin d’argent d’investissement pour poursuivre leurs affaires. Si les actionnaires ne sont pas contents avec la façon dont ils opèrent leurs entreprises, alors le cours des actions baisse. Et si le cours des actions baisse, alors la capitalisation des compagnies minières d’or et d’argent diminue aussi, ce qui affecte alors leur capacité d’emprunter aux banques.
Donc avec le hedging pesant sur les profits et ennuyant les actionnaires il y a dix ans, le fameux « levier » des cours de l’or offert aux investisseurs par les actions des compagnies minières de métaux précieux a disparu. Et ce, même avant que la crise financière ne frappe.
Métal jaune contre minières : L'indice minier de Phyilly Gold & Silver (XAU) contre l'or en dollars l'once (avec 100 pour le niveau de janvier 2000)
Une couverture excessivement large est en effet une spéculation. Et « je suis prêt à concéder que nous avons été imprudents », a affirmé Sam Jonah, le directeur général de la compagnie minière aurifère Ashanti alors qu’elle ne se retrouve en faillite suite à un bond des cours de l’or à la fin du long marché baissier des années 1990. « Nous avions pris un pari sur le cours de l’or. Nous pensions qu’il baisserait et nous avions pris une position. »
Pourquoi spéculer contre le même métal avec lequel vous faîtes des affaires pour creuser la terre ? A cause tout d’abord de la longueur et la misère du marché baissier de l’or. Mais malheureusement, trop souvent les entreprises se fient à des firmes extérieures pour obtenir des conseils sur leurs stratégies de hedging. C’était le cas d’Ashanti, par exemple.
Goldman Sachs avait recommandé qu’Ashanti achète d’énormes contrats de couverture de protection qui bien sûr remplissent les poches des banquiers. Les contrats de produits dérivés et autres produits structurés offrent des revenus beaucoup plus élevés pour les intermédiaires que les simples achats et ventes. Mais après avoir fait « de l’argent facile » au début alors que les cours de l’or baissaient davantage, à la fin Ashanti n’était pas couvert. Ils ont établi une position short sur l’or qui les a poussés à leur perte.
La morale ici : n’écoutez pas les conseils des outsiders (qui n’ont pas d’intérêts personnels dans votre succès) sans analyses et études internes.
Le hedging : toujours mal vu aujourd’hui
A cause des mauvaises décisions de quelques compagnies minières il y a quinze ans, le hedging est toujours mal vu aujourd’hui. La pratique est toujours peu comprise par les actionnaires, également. Le hedging spéculatif des compagnies minières aurifères a été entièrement déroulé arrivé en 2011, avant le pic des cours (jusqu’ici). Mais la vérité est que le hedging n’est pas un programme passe partout et ne devrait pas être statique. Le hedging devrait être élastique et être géré quotidiennement par la compagnie minière, et non pas par des tierces parties.
Les compagnies minières devraient se concentrer sur l’éducation de leurs actionnaires concernant les activités de hedging et leurs objectifs. En informant les actionnaires sur leur business model, l’on peut les faire participer et soutenir les stratégies choisies par l’entreprise.
Quand l’or et l’argent ont commencé à augmenter plus vite en 2005, aux niveaux des cours actuels, beaucoup d’actionnaires de beaucoup de compagnies minières étaient mécontents. Ils croyaient qu’ils auraient dû participer plus aux cours plus élevés. Mais les cours plus bas étaient déjà verrouillés, et les actionnaires ont mis en cause le hedging pour la perte de revenus. Ce n’est pas le hedging qui a limité leur potentiel de croissance, cependant. C’est la gestion ou le style de hedging.
Dans une seconde partie nous verrons entre autres la gestion des risques des cours des métaux précieux.
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