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Le capitalisme est-il fondamentalement défectueux ? (S)

" Le capitalisme fonctionne parce qu’il permet aux gens de faire ce qu’ils veulent. "

" Le Nouvel an a trouvé votre correspondant dans un arbre. Il taillait des poiriers. Les arbres ont attrapé une sorte de maladie. Ils sont à moitié morts… et devraient probablement être abattus et brûlés ", écrit Bill Bonner pour La Chronique Agora.

Contenu re-publié.

Néanmoins, nous sommes sorti dans le froid — sécateur à la main — et nous les avons taillés. Pourquoi ? Dans quel but ? Pourquoi investir du temps dans un arbre qui ne produira rien ?

Peut-être n’était-ce qu’une habitude.

Dans quelques jours, nous nous lancerons dans une autre tâche curieuse. Nous avons acheté une maison à quelques rues de la nôtre. Elle a été construite dans les années 50. C’est une ruine. La chose la plus intelligente à faire serait de la détruire, de rebâtir ensuite une nouvelle maison à peu de frais et de la louer. Le retour sur investissement serait bas. Mais au moins, il devrait être positif.

Au lieu de ça, nous restaurons la maison juste assez pour la louer… plus ou moins en l’état. Votre correspondant démonte le porche existant pour le reconstruire… comble les fissures à l’intérieur et repeint l’extérieur. Pour quoi faire ? S’il fallait calculer la valeur du temps investi, l’entreprise dans son entier ne serait pas profitable. Mais après tout… pourquoi pas ?

La maison est-elle un investissement ? Que serait-elle d’autre ? Nous n’allons pas y vivre ; nous allons la louer. Alors pourquoi ne calculons-nous pas soigneusement notre investissement et exigeons un rendement — sur le temps et l’argent — pour que cet investissement en vaille la peine ?

▪ Vaches et capitalisme
Peut-être ne sommes-nous pas un très bon capitaliste ? Ou peut-être que le capitalisme lui-même est fondamentalement défectueux ?

Ce dernier point est la conclusion d’un article provenant du Centre for Economic Policy Research. Il s’intitule "L’existence prolongée des vaches infirme les principes essentiels du capitalisme". Les recherches ont eu lieu en Inde rurale. Les chercheurs ont étudié le rendement des buffles et des vaches. Ils ont découvert qu’il s’agissait de mauvais investissements. Si l’on inclut la main-d’oeuvre au coût actuel, les vaches ont perdu 64% et les buffles 39%. Si on met la valeur de la main-d’oeuvre à zéro, les buffles deviennent alors profitables, au taux de 13% par an. Même avec une main-d’oeuvre gratuite, les vaches restent non-profitables, perdant 6% par an.

Qu’est-ce que ça signifie ? Est-ce que ça veut dire que le capitalisme a des défauts ? Ou que les gens sont idiots ? Ou peut-être que les gens sont idiots, mais juste en Inde ?

Le problème, avec cette sorte d’analyse, c’est qu’elle est trop étroite et artificielle. Qui a dit que les gens ne se soucient que de gagner de l’argent ? Qui a dit qu’ils devaient valoriser leur temps au taux du marché ? Qui diable a pensé qu’il était possible de définir le capitalisme de manière à pouvoir le soumettre à l’analyse et au jugement ?

Les critiques partent du principe que le capitalisme suit certaines règles. On dit que les gens sont rationnels. On dit qu’ils veulent augmenter leur richesse. On dit qu’ils essaient toujours d’optimiser leur temps et leur argent.

Si c’est là la définition d’un vrai capitaliste, nous n’en avons encore jamais rencontré. Les gens que nous connaissons fonctionnent plutôt dans un monde d’ambitions fluctuantes et de décisions ambigües. Les gens ont de nombreux objectifs différents dans la vie ; gagner de l’argent n’en est qu’un parmi d’autres. En fin de compte, ils créent leur propre histoire, pour eux-mêmes. Ensuite, ils jouent leur rôle. L’un veut gagner beaucoup. Un autre s’inquiète plus de sa famille. Un troisième encore trouve les préoccupations d’argent vulgaires ; c’est autre chose qu’il recherche.

Ne sachant pas ce que les gens veulent, il est impossible de savoir s’ils poursuivent leurs buts de manière rationnelle ou non. La personne typique ne sait pas — du moins pas consciemment — ce qu’elle veut. L’être humain fait souvent des choses qui le surprennent et l’intriguent — lui mais aussi les gens qui l’entourent. Un jour il prend des décisions "rationnelles, capitalistes". Le lendemain, il "investit" du temps et de l’argent dans une chose qui ne pourrait absolument pas rapporter quoi que ce soit.

Le capitalisme fonctionne parce qu’il permet aux gens de faire ce qu’ils veulent — et peu importe combien cela semble défectueux ou irrationnel aux yeux de chercheurs naïfs. Il ne mène pas toujours les gens là où ils veulent aller, mais le capitalisme les aide généralement à terminer là où ils le devraient.

 

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Bill Bonner est le fondateur et président d'Agora Inc., une maison d'édition publiant des lettres d'information confidentielles – probablement l'une des plus brillantes au monde. Auteur de la lettre e-mail quotidienne The Daily Reckoning (450.000 lecteurs... ), il intervient également dans La Chronique Agora, directement inspirée du Daily Reckoning.

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